Camille Claudel

Pourquoi parler de Camille Claudel aujourd’hui ? parce qu’il y a soixante-dix ans, elle est morte, seule, dans un asile psychiatrique, une maison de santé, appelez ça comme vous voulez  mais c’était un lieu pour se débarrasser d’elle, elle, la folle de la famille.(Sa mère n’est jamais venue la voir.) Continuer la lecture

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Comment peut naître une tradition

Le billet du jour arrive un peu plus tard que d’habitude. J’ai des excuses, hier j’étais patraque après une anesthésie générale. Dodo tôt ; écriture au réveil et non avant d’aller dormir. Que vous raconter ce matin ?

Je n’ai pas envie de parler de tout ce qui va mal : du nouveau tremblement de terre au Japon, de Laurent Bagbo qui s’accroche à son fauteuil de président, de la Libye et de son dictateur inamovible ou presque, des USA qui sont au bord de la faillite, de Borloo qui se voit président : seul intérêt s’il est candidat, la marionnette est prête et les rimes sont faciles. Ah les rimes en  en O ! On a sans chercher : poivrot, clodo… château, gâteau, métro, boulot, dodo…

Parlons d’autre chose. Samedi et dimanche dernier, au village de l’Eperon dans les hauts de Saint Gilles à la Réunion, une animation (peu fréquentée, dommage !) sur les énergies renouvelables, l’environnement. Il y avait, comme toujours, les « marchands du temple» et des possibilités de rencontres intéressantes. Je reviendrai une fois prochaine sur ceux qui gèrent au mieux les déchets de nos villes ; certains sont motivés, lucides, ce qui diffère de tous ceux qui sont sclérosés, ne veulent rien entendre et surtout rien changer (on se demande bien ce qu’ils font aux postes qu’ils occupent).

Un jeune homme, de l’âge de ma fille aînée, me montra la photo d’une de ses sculptures : “la Fanny”, me dit-il. C’était une  statue stylisée qui me faisait penser à une sirène. J’aurais dû lui demander de m’envoyer cette photo pour vous la montrer, je n’y ai pas pensé. Les réflexes chez les « vieux » se ralentissent. Et me voilà de retour en arrière, loin dans le temps et dans l’espace… la Fanny, les terrains de boules, les vacances dans le Midi… Pagnol, le pastis, l’anisette, le thym, la lavande, quel bouillonnement dans la tête !

Fanny, ah Fanny ! Dans tous les championnats, les gagnants sont récompensés mais le perdant peut connaître aussi les honneurs. Le Tournoi des Cinq Nations (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles, Irlande et France) rapporte à l’équipe qui a perdu tous ses matchs la Cuillère de Bois. La cuillère en bois, c’est l’inverse du grand Chelem. Et bien la Fanny, c’est la cuillère de bois des boulistes.

Embrasser Fanny n’est pas vraiment une récompense, enfin, ça dépend de la Fanny  (si elle est « gironde », ça console bien !) et de l’époque.

« Baiser Fanny » (baiser ou embrasser, c’est pareil ; ne déformez pas mes propos, vous aux esprits licencieux), baiser Fanny c’est perdre une partie sans avoir marqué un seul point. Cette tradition serait originaire du Dauphiné ! Voilà qui est surprenant, non ? Les Dauphinois (j’en suis une) ne sont pas des gens foncièrement rigolards. Il seraient plutôt coincés, renfrognés. La Fanny originelle aurait été serveuse au café du Grand-Lemps (commune située dans le département de l’Isère dans la région Rhône-Alpes et dont les habitants sont appelés LEMPSIQUOIS), juste avant la Première Guerre Mondiale. La légende raconte que, par gentillesse, Fanny (qui était peut-être une émigrée, du Sud : Manosque, Marseille, … allez savoir) se laissait embrasser par les clients qui venaient de perdre aux boules sans marquer le moindre petit point. La bise se faisait alors sur la joue jusqu’au jour où, toujours selon la légende, le maire du village perdit à son tour et vint quémander sa récompense. Fanny avait-elle un grief contre lui  ? Voulait-elle l’humilier en public pour assouvir une vengeance ? Nul ne le sait mais ce qui est sûr, c’est qu’elle grimpa sur une chaise, releva ses jupes et lui tendit au lieu de ses joues… ses fesses! Le maire ne se démonta pas et deux baisers sonores retentirent dans le café. C’était le début d’une tradition.

Malheureusement les joueurs n’ont pas toujours une Fanny (ou  même une portant un autre prénom) sous la main (qui accepte de dévoiler ses fesses en public et/ou  dont les fesses sont plaisantes à regarder), c’est pourquoi, dans tous les lieux où l’on joue aux boules, une place d’honneur est réservée à un ersatz de Fanny : tableau, photo, poterie ou sculpture. Les perdants sont donc contraints de venir embrasser en public des fesses moins réconfortantes que celles de la Fanny dauphinoise des origines. La récompense des débuts est devenue l’humiliation suprême du joueur de boules. Comme tout perdant doit y aller de sa tournée, ça se termine au bar. A la belote, c’est la même chose, l’expression ” être capot ” signifie ne pas avoir marqué un seul point, alors on paie un coup. Les boules et la belote se rejoignent au bistrot. C’est ça la France !

A Marseille, j’ai entendu « Qui d’un capot commence vers le comptoir s’élance. » Je me demandais pourquoi. Un constat amiable d’accident rédigé au bistrot ? Mais non, voilà une véritable explication : la belote !

Mars 2012 : j’ajoute un lien vers ce site http://www.museedelaboule.com/fanny.htm.

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