Non, non, je ne me suis pas trompée, je n’ai pas voulu écrire Mélanchon même si Jean-Luc était dimanche dernier (28 août 2016) à Toulouse et même si ce matin, mardi 30 août 2016 à 9h33, sur BFM, il a dit “Si je suis président de la République, je ne serai pas chanoine” comme pour en finir avec l’hypocrisie de François Hollande qui se dit laïc et va rendre visite au pape et cautionne d’autres actes non conformes à la laïcité républicaine. J’ai écrit volontairement Mélanchthon. Continuer la lecture
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Politesse, respect, hypocrisie
« Ôte-toi de mon soleil »
L’art de dire la vérité ?
C’est Diogène de Sinope ou Diogène le cynique, ou Diogène (tout court), philosophe grec le plus célèbre représentant de l’ école cynique, qui a prononcé cette phrase.
La légende a accumulé énormément d’anecdotes et de bons mots, cette abondance rendant leur authenticité (un peu ?) douteuse. Les portraits de Diogène divergent : présenté une fois comme un philosophe, clochard, débauché, hédoniste, irréligieux, une autre fois comme un ascète sévère, voire même héroïque. Il est évident que le personnage a marqué, dans un premier temps, les Athéniens, puis, la postérité. Il vivait dehors dans le dénuement le plus total, vêtu d’un simple manteau, muni d’un bâton, d’une besace et d’une écuelle (et même sans gamelle plus tard). Dénonçant l’artifice des conventions sociales, il prêchait la nécessité d’ une vie simple, proche de la nature, et vivait lui-même dans un tonneau ou plus probablement d’une jarre (la terre cuite protège mieux des intempéries que le bois ; quand il fait chaud ? je ne sais pas. Le bois est moins “cuisant”).
Par contre, Diogène avait l’art de la parole mordante. Il ne se privait pas de critiquer ouvertement les grands hommes et les autres philosophes de son temps dont Platon faisait partie.
« Je cherche un homme » était une phrase qu’il répétait en parcourant la ville (il cherchait un homme, un vrai, un courageux). « Ôte-toi de mon soleil », fut sa réponse à Alexandre, roi de Macédoine, qui lui demandait s’il avait besoin de quelque chose. Le roi aurait répondu “N’as-tu pas peur de moi ?” Avancée de la réflexion par question (méthode philosophique) : “Qui es-tu donc ? Un bien ou un mal ?” Que pouvait répondre le roi interrogé ? Sa réponse fut bien évidemment “Un bien !”, ce qui permit à Diogène de conclure en demandant “Qui donc pourrait craindre le bien ?”
Ce n’est pas une réponse que j’ai pu donner pour le moment, mais je la garde en mémoire. On ne sait jamais. Ca peut servir.
Je ne crois pas être asociale, ni même misanthrope, non je crois que je suis lucide et quelque peu philosophe. La lucidité m’accompagne depuis si longtemps… depuis toujours, je crois (pas facile tous les matins). Quant à la philosophie, pas celle du lycée, la philosophie naturelle, celle de la sagesse, de la vie , elle me vient, comme à tout un chacun, avec l’âge. Je me dis que le soleil devrait briller réellement pour tout le monde. Pas facile non plus d’y arriver ! C’est cette part de rêve qui m’empêche sans doute de trop vieillir, au moins dans la tête et qui me pousse à continuer à me rebeller, à contester.
Je ne veux pas être hypocrite. Tant pis si ça dérange. “On” me dérange, je ne vois plus pourquoi je devrais tout accepter et ne rien demander. J’ai donné. Assez !
Comme ma grand-mère m’a plutôt bien élevée, je connais le b.a.ba de la politesse et des bonnes manières, j’essaie d’être la plus courtoise possible, au risque de passer pour une idiote, mais sans jamais être obséquieuse. Je n’oublie pas que la politesse est “la plus acceptable des hypocrisies”, selon Ambrose Bierce dans son Le Dictionnaire du Diable, 1911 mais aussi l’expression de la lâcheté ; c’est toujours ce besoin de ne pas être dérangé dans ses habitudes, son ronron quotidien qui domine : paresse et peur. Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir,1882, a écrit : « “Il est si poli !” – Oui, il a toujours dans sa poche une douceur pour le cerbère et il est si craintif qu’il prend tout le monde pour un cerbère, toi tout autant que moi, — voilà sa “politesse”. »
Je ne vous conseille pas de mordre (encore que, si c’est vraiment nécessaire), je vous dis de vous faire entendre et respecter et de ne craindre ni dieu ni diable et de vous dire peut-être comme Brassens, Ferrat, Breton, et bien d’autres “Je n’ai ni Dieu ni maître !”, en tous cas pas un Dieu codifié dans des musées dorés, mais un Dieu à moi, un “Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps” , celui proposé par Voltaire.
Même si vous vous sentez très civilisés, ne soyez pas hypocrites, soyez courtois mais n’oubliez pas d’être respectueux envers VOUS d’abord.
Albert Jacquard
J’adore Monsieur Albert Jacquard. Lisez et vous saurez pourquoi.
Extrait de Petite Philosophie à l’usage des non-philosophes
“Manifester son bonheur est un devoir ; être ouvertement heureux donne aux autres la preuve que le bonheur est possible.” Tiens, voilà qui confirme ce que j’ai écrit à plusieurs reprises dans mes articles, tout particulièrement dans “Dépression nerveuse“. Je n’ai fait que redécouvrir ce que d’autres savaient déjà, mais qu’y a-t-il de meilleur que l’expérience pour apprendre ?
“L’oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l’excès de travail est le père de toutes les soumissions.” Depuis longtemps, j’ai compris. Malheureusement, nombreux sont ceux qui n’ont pas encore ouvert les yeux. Le dernier billet, avec une citation d’Emil Cioran, traitait de ce problème que j’ai évoqué à plusieurs reprises. Il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler…
“Exprimer une idée est une activité difficile à laquelle il faut s’exercer ; la télé supprime cet exercice ; nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole, et qui se défouleront par la violence.” J’ai évoqué la nécessité de savoir parler, mais il faut avant tout réfléchir. L’école ne suffit plus pour apprendre la rhétorique. Qui vous empêche de parler à vos proches, de vous expliquer ? Taisez-vous et abrutissez-vous, voilà sans aucun doute les directives des gouvernants ! Vous le savez tous, plus vous courbez l’échine, plus on abusera de vous. Allez-vous vous laisser faire longtemps encore ? Réfléchissez et parlez !
Cependant ne perdez jamais de vue que “La liberté n’est pas la possibilité de réaliser tous ses caprices ; elle est la possibilité de participer à la définition des contraintes qui s’imposeront à tous.” Démocratie participative ! Vous n’avez pas la parole ? Pas grave, prenez là ! C’est comme la liberté. Prendre la liberté de parler. Beau programme, non ?
Et souvenez-vous qu’on ne peut avoir la pluie sans les orages.
Vous avez dit “cynique” ?
Désolée pour vous mais aujourd’hui je suis en verve !
Je sens que je vais faire hurler certains si j’écris que les cyniques sont des gens bien ! D’autres vont sourire et savent bien pourquoi : soit ils me connaissent, soit ils sont très cultivés (les deux propositions n’étant heureusement pas incompatibles). Commençons par la définition du cynique du Larousse Continuer la lecture
Mauvaise ou bonne conscience
Finalement, je me reprends à philosopher, un peu comme si je retournais au lycée mais il n’y a pas de note, juste le plaisir d’écrire et l’espoir d’être lue. Peut-être y a-t-il aussi l’envie de réfléchir et de faire réfléchir, un peu.
Hier je pensais aux personnes de mauvaise foi. De là, à évoquer la bonne conscience, il n’y a qu’un pas. Une personne de mauvaise foi peut-elle avoir bonne conscience ?
Avoir bonne conscience, avoir mauvaise conscience, encore faut-il avoir une conscience !
Qu’est-ce donc que la conscience ?
La conscience est la faculté mentale de sa propre existence et de l’existence du monde extérieur (avoir conscience du froid, du danger) ce qui n’exclut nullement la conscience du bien et du mal.
Avoir mauvaise conscience, c’est ne pas avoir l’esprit tranquille, avoir quelque chose à se reprocher. Combien de nous, aujourd’hui, sont-ils capables d’avoir mauvaise conscience ? Fort peu à en juger par la manière dont les politiques se défilent. Ne devraient-ils pas se montrer irréprochables dans leur vie publique ? C’est un autre sujet.
Moi, j’ai une règle de conduite qui doit être, heureusement, commune à un grand nombre de personnes : Pour avoir bonne conscience, il est un principe à respecter, il faut toujours se poser la même question «Et si tout le monde en faisait autant ?»
Il arrive malheureusement que des individus n’aient plus conscience de ce qu’ils font, je ne parle pas des fous mais de gens normaux, c’est ce qui arrive aux militaires qui sont entraînés à tuer sans vergogne, à appuyer sur la gâchette sans réfléchir, à obéir aux ordres (on peut le leur reprocher après, cf le procès de Nuremberg : nécessité, devoir de désobéissance) ou encore aux golden boys et à tous ceux qui veulent « faire du fric à tout prix » (indécence des primes versées, immoralité de certaines expropriations). D’autres aussi se croient tellement supérieurs par leur science qu’ils jouent aux apprentis sorciers (le bébé «médicament », actualité du moment par exemple) n’ont pas suffisamment envisagé les conséquences morales pour ce bébé qui grandira. “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme”, disait Rabelais.
Des questions me taraudent. En France, dans une république laïque, pourquoi demande-t-on aux jurés de rendre leur verdict en « leur âme et conscience » ? « Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les hommes », je crois que telle est la phrase prononcée par le Président du jury d’Assises au moment de rendre le verdict. S’il faut jurer sur quelque chose, mieux vaut encore la conscience que le Coran qui risque de remplacer bientôt la Bible.
J’aime bien l’idée de jurer sur son honneur, mais là aussi… qui en a encore ? C’est la faute de Marcel Pagnol qui a écrit « L’honneur, c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois ». Bon d’accord, je sais qu’il parlait d’une autre forme d’honneur, mais quand même, j’ai le droit de penser comme je veux et même d’être de mauvaise foi si j’ai envie, na ! On pardonnerait presque les crimes d’honneur par les temps qui courent. Alors…
Pour moi, le plus beau, c’est de savoir que certains fonctionnaires prêtent encore serment avec leur conscience (pas les fonctionnaires de police, eux, ils promettent juste d’obéir aux ordres. Et bien, ça, ça craint ! enfin ça craint pour nous les citoyens lambda. Voir plus haut le procès de Nuremberg.) Donc, les facteurs disent : « Je fais le serment de remplir avec conscience les fonctions qui me seront confiées. Je m’engage à respecter scrupuleusement l’intégrité des objets déposés par les usagers et le secret dû aux correspondances » et les agents de France Telecom annoncent “Je fais le serment de remplir avec conscience et probité les fonctions qui me seront confiées ». Soit certains ont oublié de prêter serment, le travail urgeait, soit ils ont des problèmes de mémoire à en juger par le nombre de courriers qui disparaissent. Mais ça aussi, c’est encore une autre histoire.
J’ai relevé un certain nombre d’expressions comportant le mot conscience :
– avoir sur la conscience : c’est avoir quelque chose à se reprocher
– avoir sa conscience pour soi (avoir la conscience claire ?)
– prendre conscience (prise de conscience)
– perdre conscience (perte de conscience). Ce n’est pas l’inverse de l’expression précédente ; c’est quelquefois impressionnant mais pas forcément grave… La prise de conscience, elle, peut poser des problèmes.
– se donner bonne conscience : faire comme si l’on n’avait rien à se reprocher. Vous en connaissez-vous des qui font ça ?
– donner mauvaise conscience à quelqu’un (est-ce le faire réfléchir, prendre conscience de ?)
– la clause de conscience qui doit conduire un journaliste à démissionner quand il n’est plus en accord avec les orientations de son journal (aujourd’hui, les journalistes ne sont-ils pas plus en accord avec leur porte-monnaie, les avantages et la notoriété qu’ils peuvent retirer de leur emploi ?)
Avoir de la conscience professionnelle ; indispensable dans tous les métiers et de plus en plus rare malheureusement.
Par acquit de conscience (pour s’éviter des remords), on pouvait autrefois en conscience (sincèrement), devenir objecteur de conscience (celui qui refusait de faire son service militaire en temps de paix ; pendant la guerre, tu fermais ta gueule et tu partais la fleur au fusil pour devenir de la chair à canon). Que d’images dans notre belle langue !
Pour en revenir à la conscience, en faire mention aussi souvent, est-ce la preuve qu’elle existe bel et bien ?
De là à parler de l’âme et des 21 grammes…