Il y a quelques jours, j’ai eu une discussion avec une dame, sans doute trop gentille pour notre époque, donc en souffrance. Nous avons bavardé, elle se demandait et me posait la question : “Tous les Français sont-ils hypocrites ?” J’ai dit “Non, bien sûr” dans un premier temps, puis j’ai ajouté que je ne connaissais pas assez les autres citoyens du monde pour me prononcer sur leurs défauts et qualités, que je pensais que, sans doute, les hypocrites étaient répartis équitablement à travers le monde comme les personnes franches et que tout dépendant de l’époque, du pays, en résumé que je n’en savais rien, que je ne pouvais me prononcer. Continuer la lecture
Archives par mot-clé : hypocrisie
Catimini
Catimini est une marque française de prêt à porter haut de gamme pour enfants fondée en 1972 à Cholet par Monique et Paul Salmon mais pas que… Catimini est aussi un vocable faisant partie d’une locution adverbiale (suite de mots équivalente à un adverbe) : en catimini, qui signifie discrètement, secrètement, en cachette, en douce et devient en argot : en loucedé ou en lousdé. Continuer la lecture
Horreur !
Horreur ! Je pourrais commencer en chanson avec le Grand Orchestre du Splendid (images de mauvaise qualité mais il y a le tonus des années 80 et Coluche) : Continuer la lecture
Dormir en Finlande
Dans mon billet “Surprises finlandaises” j’ai écrit : “la literie finlandaise peut surprendre. Tout d’abord, il n’y a que des lits une place, au mieux sont-ils rapprochés et recouverts d’un dessus-de-lit unique mais ce sont toujours deux couettes individuelles : chacun la sienne pour mieux dormir ! Et il y a enfin le matelas : partout je les ai trouvés très fins. Ceci dit ils n’étaient pas inconfortables…” et autre surprise dont je n’ai pas parlé : il n’y a jamais de volets aux fenêtres. Continuer la lecture
Les chiens
“Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous.” Les journalistes étaient ainsi traités de chiens par “Tonton” (François Mitterrand) après la mort de Pierre Bérégovoy. Le mot chien adressé à quelqu’un est une injure. Continuer la lecture
Hypocrisie encore !
Je ne sais quand, dans la semaine qui vient de s’écouler (sans doute était-ce lundi, sur A2, dans Télé matin), j’ai entendu Madame Taubira s’exprimer. Une fois de plus, elle utilise une langue de bois qu’elle maitrise bien, fait preuve d’une hypocrisie, non pas désarmante mais horripilante, et, comme toujours, elle hausse le ton (le niveau sonore de sa voix) pour dominer son interlocuteur. Continuer la lecture
Apparences
Voilà ce que j’ai lu, il y a quelques jours, sur mon écran d’ordinateur, page 24 du nouveau catalogue IKEA (sortie papier le 6 septembre, aujourd’hui) : “quand on ne le voit pas le désordre n’existe pas”. IKEA, tu me déçois. Chez toi aussi, on sauve les apparences… Continuer la lecture
Prendre le mors aux dents
Prendre le mors aux dents, là, il est encore question de liberté : liberté de choisir sa vie.
Vous avez assimilé des tas d’idées pour être heureux, vous vous êtes enfin compris, vous avez réussi à remonter la pente quand vous aviez un coup de blues, vous arrivez à vivre un peu plus pour vous, et un peu moins pour et par les autres, vous savez dire ce que vous voulez, mais en face on ne vous entend pas, en face on ne répond pas… Que faire ?
Longtemps, vous arrivez à oublier cette incompréhension et vous avancez droit dans vos bottes, brave petit soldat. Et un jour, ça vous pèse trop, à nouveau. Un petit coup de blues, des épisodes de nostalgie et hop, on révise, on va relire l’article “estime de soi” (5 février 2011) et on continue.
Si l’autre ne répond toujours pas, ce n’est peut-être pas parce qu’il ne vous accorde aucun intérêt mais simplement qu’il a d’autres intérêts, souvent lui-même exclusivement, l’égoïsme est le problème essentiel.
On peut ajouter que certaines personnes veulent rester fidèles à leurs idées, à leur façon de vivre, à elles-mêmes et qu’elles se complaisent dans le mensonge et l’hypocrisie ; elles le nient ; c’est tellement plus facile de ne jamais se remettre en cause.
En plus, si pendant longtemps, vous n’avez pas osé vous manifester, c’est-à-dire que vous n’avez pas osé vous exprimer clairement, sans crier, sans hargne, sans colère, de peur qu’on ne vous quitte, qu’on ne vous aime plus, commencer à vous faire entendre va casser le rythme. On ne vous comprendra plus, mais on ne partira pas, on vous mettra la faute sur le dos jusqu’à vous accuser délibérément des travers que vous n’avez jamais eu. Là, je parle en connaissance de cause, je viens de m’entendre dire que j’avais oublié une information essentielle. Je n’ai pas crié, j’ai juste constaté un fait de plus de trente ans. Je ne développe pas davantage, ça n’en vaut pas la peine.
J’ai admis, enfin, que l’incompréhension ou le refus de l’autre ne m’enlève pas le droit d’avoir des désirs, de les exprimer et à terme, de les réaliser.
Personne ne peut m’empêcher de dire la vérité, même si l’autre veut la travestir, dans certains cas, c’est impossible : il y a des témoins et une seule vérité claire, nette, précise.
Je ne dois plus attendre de recevoir ce que l’autre n’est pas capable de me donner. J’ai oublié de vivre pour moi, je vais y penser et le faire ! Au plus tôt !
Pourquoi donc titrer “prendre le mors aux dents” ? Parce que j’aime les expressions et que celle-là convient dans sa deuxième acception. Je m’explique.
Prendre le mors aux dents, c’est : soit se laisser aller à la colère, soit se mettre soudainement et avec énergie à un travail, à une entreprise…
Le sens initial de cette expression vient du monde équestre. Le mors est un élément du harnais, une pièce qui traverse la bouche du cheval, qui repose sur une zone édentée à l’arrière de la mâchoire, et qui sert à le diriger. Si jamais le cheval prend le mors aux dents, c’est-à-dire si cette pièce s’avance au-dessus des dents, il devient impossible de diriger l’animal qui s’emballe. Autrement dit, ” le mors aux dents” a d’abord été le symbole de l’emballement.
Le deuxième sens de l’expression vient d’une autre manière de voir la chose : si le cheval prend le mors aux dents, il peut en faire complètement à sa tête et en quelque sorte décider de son sort. Il prend une nouvelle bonne résolution et s’y tient.
Pour moi, elle confirme l’existence de la liberté d’action. Ca me rassure. Pas vous ?
Politesse, respect, hypocrisie
« Ôte-toi de mon soleil »
L’art de dire la vérité ?
C’est Diogène de Sinope ou Diogène le cynique, ou Diogène (tout court), philosophe grec le plus célèbre représentant de l’ école cynique, qui a prononcé cette phrase.
La légende a accumulé énormément d’anecdotes et de bons mots, cette abondance rendant leur authenticité (un peu ?) douteuse. Les portraits de Diogène divergent : présenté une fois comme un philosophe, clochard, débauché, hédoniste, irréligieux, une autre fois comme un ascète sévère, voire même héroïque. Il est évident que le personnage a marqué, dans un premier temps, les Athéniens, puis, la postérité. Il vivait dehors dans le dénuement le plus total, vêtu d’un simple manteau, muni d’un bâton, d’une besace et d’une écuelle (et même sans gamelle plus tard). Dénonçant l’artifice des conventions sociales, il prêchait la nécessité d’ une vie simple, proche de la nature, et vivait lui-même dans un tonneau ou plus probablement d’une jarre (la terre cuite protège mieux des intempéries que le bois ; quand il fait chaud ? je ne sais pas. Le bois est moins “cuisant”).
Par contre, Diogène avait l’art de la parole mordante. Il ne se privait pas de critiquer ouvertement les grands hommes et les autres philosophes de son temps dont Platon faisait partie.
« Je cherche un homme » était une phrase qu’il répétait en parcourant la ville (il cherchait un homme, un vrai, un courageux). « Ôte-toi de mon soleil », fut sa réponse à Alexandre, roi de Macédoine, qui lui demandait s’il avait besoin de quelque chose. Le roi aurait répondu “N’as-tu pas peur de moi ?” Avancée de la réflexion par question (méthode philosophique) : “Qui es-tu donc ? Un bien ou un mal ?” Que pouvait répondre le roi interrogé ? Sa réponse fut bien évidemment “Un bien !”, ce qui permit à Diogène de conclure en demandant “Qui donc pourrait craindre le bien ?”
Ce n’est pas une réponse que j’ai pu donner pour le moment, mais je la garde en mémoire. On ne sait jamais. Ca peut servir.
Je ne crois pas être asociale, ni même misanthrope, non je crois que je suis lucide et quelque peu philosophe. La lucidité m’accompagne depuis si longtemps… depuis toujours, je crois (pas facile tous les matins). Quant à la philosophie, pas celle du lycée, la philosophie naturelle, celle de la sagesse, de la vie , elle me vient, comme à tout un chacun, avec l’âge. Je me dis que le soleil devrait briller réellement pour tout le monde. Pas facile non plus d’y arriver ! C’est cette part de rêve qui m’empêche sans doute de trop vieillir, au moins dans la tête et qui me pousse à continuer à me rebeller, à contester.
Je ne veux pas être hypocrite. Tant pis si ça dérange. “On” me dérange, je ne vois plus pourquoi je devrais tout accepter et ne rien demander. J’ai donné. Assez !
Comme ma grand-mère m’a plutôt bien élevée, je connais le b.a.ba de la politesse et des bonnes manières, j’essaie d’être la plus courtoise possible, au risque de passer pour une idiote, mais sans jamais être obséquieuse. Je n’oublie pas que la politesse est “la plus acceptable des hypocrisies”, selon Ambrose Bierce dans son Le Dictionnaire du Diable, 1911 mais aussi l’expression de la lâcheté ; c’est toujours ce besoin de ne pas être dérangé dans ses habitudes, son ronron quotidien qui domine : paresse et peur. Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir,1882, a écrit : « “Il est si poli !” – Oui, il a toujours dans sa poche une douceur pour le cerbère et il est si craintif qu’il prend tout le monde pour un cerbère, toi tout autant que moi, — voilà sa “politesse”. »
Je ne vous conseille pas de mordre (encore que, si c’est vraiment nécessaire), je vous dis de vous faire entendre et respecter et de ne craindre ni dieu ni diable et de vous dire peut-être comme Brassens, Ferrat, Breton, et bien d’autres “Je n’ai ni Dieu ni maître !”, en tous cas pas un Dieu codifié dans des musées dorés, mais un Dieu à moi, un “Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps” , celui proposé par Voltaire.
Même si vous vous sentez très civilisés, ne soyez pas hypocrites, soyez courtois mais n’oubliez pas d’être respectueux envers VOUS d’abord.
Parler, est-ce un art ?
Parler est un art.
On peut parler de la pluie et du beau temps, parler pour meubler les vides, pour oublier qu’on a peur, pour soutenir quelqu’un qu’on aime mais on peut aussi parler pour essayer de se faire entendre et là, ça se complique d’où l’intérêt de la rhétorique.
Comment la parole devient une force.
La rhétorique (ce nom provient du nom latin rhetorica, mot lui-même issu du grec rhêtorikê, qui peut se traduire par « technique, art oratoire », au sens propre « l’art de bien parler ») c’est donc l’art ou la technique de persuader au moyen du langage.
Avons-nous aujourd’hui de grands rhéteurs ? Depuis le Général De Gaulle, il me semble que les doués dans ce domaine ne sont pas légion. Pourquoi n’avons-nous plus de Bossuet (spécialiste des sermons et oraisons funèbres), de Cicéron (qui, bien qu’avocat aux plaidoiries acérées et à qui nous devons « Cui bono ? » autrement dit : « À qui profite le crime ? », n’en était pas moins philosophe), de Victor Hugo ou de Zola (J’accuse) ? La faute à l’enseignement surtout Je vais tenter de m’expliquer dans quelques lignes. Pour l’instant, j’en reste à la “théorie” de la rhétorique.
Elle est née il y a bien longtemps dans la Grèce antique. Elle peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à la pratique oratoire et vise à persuader un auditoire varié sur des sujets divers. Elle a laissé ensuite sa place à un art de bien dire plutôt qu’à un art de persuader ; c’est à cette nouvelle forme de rhétorique qu’on doit un nombre incalculable de figures de style servant à ornementer le discours. J’aime le nom de certaines de ces figures de style, à défaut d’utiliser régulièrement l’anaphore, l’oxymore, la métaphore (filée de préférence), l’anacoluthe, l’antiphrase, la prosopopée (mais sur ce coup-là, je peux être douée),ou le chiasme (pour celui-ci, c’est le nom qui me perturbe).
Allez voir ce site si vous voulez avoir un inventaire quasi complet :
http://www.alyon.org/litterature/regles/figures_de_rhetorique.html.
Si la rhétorique n’a plus d’adeptes c’est à cause de l’enseignement. J’ai un peu de mal à écrire cela, moi qui ai toujours pensé “hors de l’école point de salut !” Je le concède c’est peut-être une vision de vieille mais ma grand-mère m’a toujours dit que l’école était l’ascenseur social et je l’ai crû, j’en ai profité.
En qualité d’enseignante, il y a quelques années déjà, j’ai constaté que mes élèves étaient de moins en moins aptes à recevoir l’enseignement que j’étais censée leur dispenser. Problème de langage à adapter. Vocabulaire à limiter pour être compris. Je me souviens avoir posé problème à un élève après avoir écrit, dans un devoir, que je leur avais donné, “de concert”. Pour moi, il allait de soi que de concert signifiait ensemble, en harmonie, voire en même temps. L’interprétation, c’est le cas de le dire, en a fait un concert : billets gratuits à l’appui. J’en souris encore mais sur le coup j’étais restée perplexe. A ces élèves de BTS Communication publicité, je devais apprendre à maîtriser les figures de style (voir plus haut) : leurs noms et leur utilisation…
Nous sommes dans un monde qui nous donne (la liberté de) la parole mais nous l’utilisons mal. Chacun braille, rouspète. Tous, nous faisons en général au plus court, au plus simple, au plus rapide, au moins coûteux en efforts, il suffit pour s’en rendre compte de lire les sms, les forums et même certains billets de blog écrits en phonétique, façon langage courant et parlé. Je suis d’accord pour que tous nous puissions nous exprimer mais la correction envers le lecteur implique la nécessaire et indispensable courtoisie du soin apporté à l’écriture. (A l’oral, on ne voit pas les incapacités, tant mieux pour certains.)
Au moment de la Révolution Française, les orateurs étaient omniprésents, ils se faisaient voix de la Nation mais certains révolutionnaires ont eu peur que l’abus de mots enlève de l’authenticité, de la pureté au discours au profit de la vanité, de l’hypocrisie et du goût du pouvoir d’un individu. Ils n’avaient pas tort, on a vu le résultat en France très rapidement. Plus tard, le monopole de la parole a causé des tracas (Cuba et les discours fleuves de Fidel Castro). Malgré tout en France, nous avons longtemps gardé le goût du verbe au point que de nombreux orateurs de talent sont devenus députés : Lamartine, Hugo, Tocqueville, Lacordaire… C’étaient des notables et je me demande s’il y a eu réellement des rhéteurs de talent issus du peuple. Si une idée vous vient, je veux bien la prendre. Merci pour le commentaire.
Je constate que d’ouvrir l’école et l’enseignement au plus grand nombre est une idée démocratique qui me plait et que j’approuve. Je regrette par contre la démagogie qui gouverne l’Education Nationale. Les ministres successifs et les volées d’inspecteurs n’ont pas eu de contacts réels avec les élèves depuis des lustres et ne connaissent pas la difficulté d’enseigner : programmes souvent démesurés à faire passer dans un nombre d’heures de plus en plus restreint devant un auditoire de plus en plus “large”, dans des conditions de plus en plus mauvaises. Ce ne sont ni une peinture neuve, ni un radiateur, ni une ventilateur ou un climatiseur qui vont améliorer la situation. Le problème est énorme et… ailleurs.
En ce qui concerne l’enseignement des lettres, du français simplement, c’est déjà dramatique, il me semble. Pourquoi ne fait-on plus de dictées ? Pourquoi l’enseignement littéraire a-t-il été autant dévalorisé ? Au profit du matérialisme, des sciences ? Pourquoi les rédactions, les dissertations et les devoirs de philo sont-ils devenus si rares au collège et au lycée ? Je ne reviendrai pas sur la rhétorique qui n’est plus enseignée depuis des années, privilège de Jésuites, refusé par la République, mais pourquoi la philosophie n’apparait-elle qu’en classe de Terminale alors que depuis la classe de Seconde les élèves étudient les auteurs classiques ? Y a-t-il une grande barrière que j’aurais ignorée entre lettres et philosophie ? Moi, je pense que Rabelais, Rousseau, Voltaire et beaucoup d’autres écrivains sont aussi des philosophes. Pourquoi faire une distinction aussi grande qui perturbe nos enfants ?