Le genre humain, menacé

Si vous n’avez pas lu cet article du monde, je vous le recommande.

LEMONDE| 02.04.11 | 15h11  •  Mis à jour le 04.04.11 | 15h39

Une information fondamentale publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est passée totalement inaperçue : le pic pétrolier s’est produit en 2006. Alors que la demande mondiale continuera à croître avec la montée en puissance des pays émergents (Chine, Inde et Brésil), la production de pétrole conventionnel va connaître un déclin inexorable après avoir plafonné. La crise économique masque pour l’heure cette réalité.

Mais elle obérera tout retour de la croissance. La remontée des coûts d’exploration-production fera naître des tensions extrêmement vives. L’exploitation du charbon et des réserves fossiles non conventionnelles exigera des investissements lourds et progressifs qui ne permettront guère de desserrer l’étau des prix à un horizon de temps proche. Les prix de l’énergie ne peuvent ainsi que s’affoler.

Le silence et l’ignorance d’une grande partie de la classe politique sur ce sujet ne sont guère plus rassurants. Et cela sans tenir compte du fait que nous aurons relâché et continuerons à dissiper dans l’atmosphère le dioxyde de carbone stocké pendant des millénaires… Chocs pétroliers à répétition jusqu’à l’effondrement et péril climatique. Voilà donc ce que nous préparent les tenants des stratégies de l’aveuglement. La catastrophe de Fukushima alourdira encore la donne énergétique.

De telles remarques génèrent souvent de grands malentendus. Les objections diagnostiquent et dénoncent aussitôt les prophètes de malheur comme le symptôme d’une société sur le déclin, qui ne croit plus au progrès. Ces stratégies de l’aveuglement sont absurdes. Affirmer que notre époque est caractérisée par une “épistémophobie” ou la recherche du risque zéro est une grave erreur d’analyse, elle éclipse derrière des réactions aux processus d’adaptation la cause du bouleversement.

Ce qui change radicalement la donne, c’est que notre vulnérabilité est désormais issue de l’incroyable étendue de notre puissance. L'”indisponible” à l’action des hommes, le tiers intouchable, est désormais modifiable, soit par l’action collective (nos consommations cumulées) soit par un individu isolé (“biohackers”). Nos démocraties se retrouvent démunies face à deux aspects de ce que nous avons rendu disponible : l’atteinte aux mécanismes régulateurs de la biosphère et aux substrats biologiques de la condition humaine.

Cette situation fait apparaître “le spectre menaçant de la tyrannie” évoqué par le philosophe allemand Hans Jonas. Parce que nos démocraties n’auront pas été capables de se prémunir de leurs propres excès, elles risquent de basculer dans l’état d’exception et de céder aux dérives totalitaristes.

Prenons l’exemple de la controverse climatique. Comme le démontre la comparaison entre les études de l’historienne des sciences Naomi Oreskes avec celles du politologue Jules Boykoff, les évolutions du système médiatique jouent dans cette affaire un rôle majeur. Alors que la première ne répertoria aucune contestation directe de l’origine anthropique du réchauffement climatique dans les revues scientifiques peer reviewed (“à comité de lecture”), le second a constaté sur la période étudiée que 53 % des articles grand public de la presse américaine mettaient en doute les conclusions scientifiques.

Ce décalage s’explique par le remplacement du souci d’une information rigoureuse par une volonté de flatter le goût du spectacle. Les sujets scientifiques complexes sont traités de façon simpliste (pour ou contre). Ceci explique en partie les résultats de l’étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pilotée par Daniel Boy sur les représentations sociales de l’effet de serre démontrant un sérieux décrochage du pourcentage de Français attribuant le dérèglement climatique aux activités humaines (65 % en 2010, contre 81 % en 2009). Ces dérives qui engendrent doute et scepticisme au sein de la population permettent aux dirigeants actuels, dont le manque de connaissance scientifique est alarmant, de justifier leur inaction.

Le sommet de Cancun a sauvé le processus de négociation en réussissant en outre à y intégrer les grands pays émergents. Mais des accords contraignants à la hauteur de l’objectif des seconds sont encore loin. S’il en est ainsi, c’est parce que les dirigeants de la planète (à l’exception notable de quelques-uns) ont décidé de nier les conclusions scientifiques pour se décharger de l’ampleur des responsabilités en jeu. Comment pourraient-ils à la fois croire en la catastrophe et ne rien faire, ou si peu, pour l’éviter ?

Enfermée dans le court terme des échéances électorales et dans le temps médiatique, la politique s’est peu à peu transformée en gestion des affaires courantes. Elle est devenue incapable de penser le temps long. Or la crise écologique renverse une perception du progrès où le temps joue en notre faveur. Parce que nous créons les moyens de l’appauvrissement de la vie sur terre et que nous nions la possibilité de la catastrophe, nous rendons celle-ci crédible.

Il est impossible de connaître le point de basculement définitif vers l’improbable ; en revanche, il est certain que le risque de le dépasser est inversement proportionnel à la rapidité de notre réaction. Nous ne pouvons attendre et tergiverser sur la controverse climatique jusqu’au point de basculement, le moment où la multiplication des désastres naturels dissipera ce qu’il reste de doute. Il sera alors trop tard. Lorsque les océans se seront réchauffés, nous n’aurons aucun moyen de les refroidir.

La démocratie sera la première victime de l’altération des conditions universelles d’existence que nous sommes en train de programmer. Les catastrophes écologiques qui se préparent à l’échelle mondiale dans un contexte de croissance démographique, les inégalités dues à la rareté locale de l’eau, la fin de l’énergie bon marché, la raréfaction de nombre de minéraux, la dégradation de la biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols, les événements climatiques extrêmes… produiront les pires inégalités entre ceux qui auront les moyens de s’en protéger, pour un temps, et ceux qui les subiront. Elles ébranleront les équilibres géopolitiques et seront sources de conflits.

L’ampleur des catastrophes sociales qu’elles risquent d’engendrer a, par le passé, conduit à la disparition de sociétés entières. C’est, hélas, une réalité historique objective. A cela s’ajoutera le fait que des nouvelles technologies de plus en plus facilement accessibles fourniront des armes de destruction massive à la portée de toutes les bourses et des esprits les plus tourmentés.

Lorsque l’effondrement de l’espèce apparaîtra comme une possibilité envisageable, l’urgence n’aura que faire de nos processus, lents et complexes, de délibération. Pris de panique, l’Occident transgressera ses valeurs de liberté et de justice. Pour s’être heurtées aux limites physiques, les sociétés seront livrées à la violence des hommes. Nul ne peut contester a priori le risque que les démocraties cèdent sous de telles menaces.

Le stade ultime sera l’autodestruction de l’existence humaine, soit physiquement, soit par l’altération biologique. Le processus de convergence des nouvelles technologies donnera à l’individu un pouvoir monstrueux capable de faire naître des sous-espèces. C’est l’unité du genre humain qui sera atteinte. Il ne s’agit guère de l’avenir, il s’agit du présent. Le cyborg n’est déjà plus une figure de style cinématographique, mais une réalité de laboratoire, puisqu’il est devenu possible, grâce à des fonds publics, d’associer des cellules neuronales humaines à des dispositifs artificiels.

L’idéologie du progrès a mal tourné. Les inégalités planétaires actuelles auraient fait rougir de honte les concepteurs du projet moderne, Bacon, Descartes ou Hegel. A l’époque des Lumières, il n’existait aucune région du monde, en dehors des peuples vernaculaires, où la richesse moyenne par habitant aurait été le double d’une autre. Aujourd’hui, le ratio atteint 1 à 428 (entre le Zimbabwe et le Qatar).

Les échecs répétés des conférences de l’ONU montrent bien que nous sommes loin d’unir les nations contre la menace et de dépasser les intérêts immédiats et égoïstes des Etats comme des individus. Les enjeux, tant pour la gouvernance internationale et nationale que pour l’avenir macroéconomique, sont de nous libérer du culte de la compétitivité, de la croissance qui nous ronge et de la civilisation de la pauvreté dans le gaspillage.

Le nouveau paradigme doit émerger. Les outils conceptuels sont présents, que ce soit dans les précieux travaux du Britannique Tim Jackson ou dans ceux de la Prix Nobel d’économie 2009, l’Américaine Elinor Ostrom, ainsi que dans diverses initiatives de la société civile.

Nos démocraties doivent se restructurer, démocratiser la culture scientifique et maîtriser l’immédiateté qui contredit la prise en compte du temps long. Nous pouvons encore transformer la menace en promesse désirable et crédible. Mais si nous n’agissons pas promptement, c’est à la barbarie que nous sommes certains de nous exposer.

Pour cette raison, répondre à la crise écologique est un devoir moral absolu. Les ennemis de la démocratie sont ceux qui remettent à plus tard les réponses aux enjeux et défis de l’écologie.


Michel Rocard, ancien premier ministre, coauteur avec Alain Juppé de “La politique, telle qu’elle meurt de ne pas être” (JC Lattès, 314 p., 18 €).

Dominique Bourg, professeur à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’université de Lausanne, membre du Comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot

Floran Augagneur, philosophe, enseigne la philosophie de l’écologie à l’Institut d’études politiques de Paris

 

Michel Rocard, Dominique Bourg et Floran Augagneur Article paru dans l’édition du 03.04.11

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Parler, est-ce un art ?

Parler est un art.

On peut parler de la pluie et du beau temps, parler pour meubler les vides,  pour oublier qu’on a peur, pour soutenir quelqu’un qu’on aime mais on peut aussi parler pour essayer de se faire entendre et là, ça se complique d’où l’intérêt de la rhétorique.

Comment la parole devient une force.

La rhétorique (ce nom provient du nom latin rhetorica, mot lui-même issu du  grec  rhêtorikê, qui peut se traduire par « technique, art oratoire », au sens propre « l’art de bien parler ») c’est donc l’art ou la technique de persuader au moyen du langage.

Avons-nous aujourd’hui de grands rhéteurs ? Depuis le Général De Gaulle, il me semble que les doués dans ce domaine ne sont pas légion. Pourquoi n’avons-nous plus de Bossuet (spécialiste des sermons et oraisons funèbres), de Cicéron (qui, bien qu’avocat aux plaidoiries acérées et à qui nous devons « Cui bono ? » autrement dit : « À qui profite le crime ? », n’en était pas moins philosophe), de Victor Hugo ou de Zola (J’accuse) ? La faute à l’enseignement surtout Je vais tenter de m’expliquer dans quelques lignes. Pour l’instant, j’en reste à la “théorie” de la rhétorique.

Elle est née il y a bien longtemps dans la Grèce antique. Elle peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à la pratique oratoire et vise à persuader un auditoire varié sur des sujets divers. Elle a laissé ensuite sa place à un art de bien dire plutôt qu’à un art de persuader ; c’est à cette nouvelle forme de rhétorique qu’on doit un nombre incalculable de figures de style servant à ornementer le discours. J’aime le nom de certaines de ces figures de style, à défaut d’utiliser régulièrement l’anaphore, l’oxymore, la métaphore (filée de préférence), l’anacoluthe, l’antiphrase, la prosopopée (mais sur ce coup-là, je peux être douée),ou le chiasme (pour celui-ci, c’est le nom qui me perturbe).

Allez voir ce site si vous voulez avoir un inventaire quasi complet :

http://www.alyon.org/litterature/regles/figures_de_rhetorique.html.

Si la rhétorique n’a plus d’adeptes c’est à cause de l’enseignement. J’ai un peu de mal à écrire cela, moi qui ai toujours pensé “hors de l’école point de salut !” Je le concède c’est peut-être une vision de vieille mais ma grand-mère m’a toujours dit que l’école était l’ascenseur social et je l’ai crû, j’en ai profité.

En qualité d’enseignante, il y a quelques années déjà, j’ai constaté que mes élèves étaient de moins en moins aptes à recevoir l’enseignement que j’étais censée leur dispenser. Problème de langage à adapter. Vocabulaire à limiter pour être compris. Je me souviens avoir posé problème à un élève après avoir écrit, dans un devoir, que je leur avais donné, “de concert”. Pour moi, il allait de soi que de concert signifiait ensemble, en harmonie, voire en même temps. L’interprétation, c’est le cas de le dire, en a fait un concert : billets gratuits à l’appui. J’en souris encore mais sur le coup j’étais restée perplexe. A ces élèves de BTS Communication publicité, je devais apprendre à maîtriser les figures de style (voir plus haut) : leurs noms et leur utilisation…

Nous sommes dans un monde qui nous donne (la liberté de) la parole mais nous l’utilisons mal. Chacun braille, rouspète. Tous, nous faisons en général au plus court, au plus simple, au plus rapide, au moins coûteux en efforts, il suffit pour s’en rendre compte de lire les sms, les forums et même certains billets de blog écrits en phonétique, façon langage courant et parlé. Je suis d’accord pour que tous nous puissions nous exprimer mais la correction envers le lecteur implique la nécessaire et indispensable courtoisie du soin apporté à l’écriture. (A l’oral, on ne voit pas les incapacités, tant mieux pour certains.)

Au moment de la Révolution Française, les orateurs étaient omniprésents, ils se faisaient voix de la Nation mais certains révolutionnaires ont eu peur que l’abus de mots enlève de l’authenticité, de la pureté au discours au profit de la vanité, de l’hypocrisie et du goût du pouvoir d’un individu. Ils n’avaient pas tort, on a vu le résultat en France très rapidement. Plus tard, le monopole de la parole  a causé des tracas (Cuba et les discours fleuves de Fidel Castro). Malgré tout en France, nous avons longtemps gardé le goût du verbe au point que de nombreux orateurs de talent sont devenus députés : Lamartine, Hugo, Tocqueville, Lacordaire… C’étaient des notables et je me demande s’il y a eu réellement des rhéteurs de talent issus du peuple. Si une idée vous vient, je veux bien la prendre. Merci pour le commentaire.

Je constate que d’ouvrir l’école et l’enseignement au plus grand nombre est une idée démocratique qui me plait et que j’approuve. Je regrette par contre la démagogie qui gouverne l’Education Nationale. Les ministres successifs et les volées d’inspecteurs n’ont pas eu de contacts réels avec les élèves depuis des lustres et ne connaissent pas la difficulté d’enseigner : programmes souvent démesurés à faire passer dans un nombre d’heures de plus en plus restreint devant un auditoire de plus en plus “large”, dans des conditions de plus en plus mauvaises. Ce ne sont ni une peinture neuve, ni un radiateur, ni une ventilateur ou un climatiseur qui vont améliorer la situation. Le problème est énorme et… ailleurs.

En ce qui concerne l’enseignement des lettres, du français simplement, c’est déjà dramatique, il me semble. Pourquoi ne fait-on plus de dictées ? Pourquoi l’enseignement littéraire a-t-il été autant dévalorisé ? Au profit du matérialisme, des sciences ? Pourquoi les rédactions, les dissertations et les devoirs de philo sont-ils devenus si rares au collège et au lycée ? Je ne reviendrai pas sur la rhétorique qui n’est plus enseignée depuis des années, privilège de Jésuites, refusé par la République, mais pourquoi la philosophie n’apparait-elle qu’en classe de Terminale alors que depuis la classe de Seconde les élèves étudient les auteurs classiques ? Y a-t-il une grande barrière que j’aurais ignorée entre lettres et philosophie ? Moi, je pense que Rabelais, Rousseau, Voltaire et beaucoup d’autres écrivains sont aussi des philosophes. Pourquoi faire une distinction aussi grande qui perturbe nos enfants ?

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Héros des temps nouveaux

Comment vous sentez-vous, vous, ces derniers jours ? Je ne veux pas dire que ces jours sont vos derniers jours, ni les miens, mais ces jours, cette semaine qui vient de passer, comment les avez-vous regardés ? Il y a pile poil une semaine que la terre a tremblé au Japon, qu’un tsunami a suivi et que dans cette région, la vie a pris des allures de fin du monde.

Pour un nombre incertain de victimes, le vendredi 11 mars 2011 a bel et bien été la fin du monde dans d’horribles conditions.

Pour ceux qui survivent, l’horreur continue dans le froid et la neige.

Quand les rues de Sendaï, Tokyo, Hiroshima, Osaka ou ailleurs au Japon reverront-elles kimonos, jeans, costumes occidentaux de yuppies locaux se croiser, à nouveau sereinement ?

Pays de contrastes où traditions se mêlent à modernité et où la retenue, le calme apparent cachent des peurs profondes, de la détresse sans aucun doute. Stoïcisme des Japonais ?

Nous imaginons bien comment les choses seraient différentes chez nous. Si nous ne comprenons pas toujours les façons de vivre d’autrui, au moins admirons celles qui semblent admirables. Les règles de savoir-vivre, bien intégrées, donnent des individus policés que nous pouvons plaindre par moment (dans quel carcan sont-ils enfermés ?) mais qui permettent de vivre en harmonie. Pas de cris, de hurlements, de bousculades… Respect et organisation qui permettent au plus grand nombre de survivre comme des êtres conscients et non comme des bêtes sauvages. Mais ne l’oublions pas les Japonais, femmes, hommes et enfants sont des êtres humains comme nous, ils ont peur et paniquent comme tous les humains. Sont-ils plus patriotes ? Certains disent qu’ils vivent dans un régime féodal au XXI° siècle. Ils sont donc lucides, critiques, mais ils sont “tellement bien dressés” qu’ils se conduisent en civilisés et ne montrent guère leurs émotions et leurs sentiments. Faut-il les admirer ou les plaindre ?

Que penser à la vue de cette jeune femme ou jeune fille ? “La madone des décombres”, c’est ainsi qu’elle est appelée désormais. Restera-t-elle dans ma mémoire autant que celle de la Madone de Benthala ? Je ne crois pas. L’image frappante de cet événement au Japon était, pour moi, la vague noire du tsunami.

Et elle, cette jeune femme ? Elle est sidérée. Pas de cellule de crise pour elle ni pour les autres Japonais ? Peut-être que cela n’existe pas. On pourrait leur livrer quelques spécialistes qui semblent s’ennuyer chez nous où l’on crée des cellules de crise pour tout et surtout pour rien ou du moins pas grand chose… Je ne donnerai qu’un exemple : cellule de crise en décembre 2010 à Paris. 5 cms de neige et hop : bouchons, plus de trains, plus de bus… Ile de France bloquée. En cas de tremblement de terre, on fait quoi ? Et en cas de  nuage radioactif ? Ah, j’oublie, ils font demi-tour aux frontières françaises les nuages “atomiques”. Je devrais me taire mais je n’y arrive pas. En 1986, ça m’a pourtant causé quelques soucis de traiter un certain nombre de personnes de grands benêts naïfs. L’avenir m’a pourtant donné raison.

Revenons au Japonais. Pris individuellement, sans doute faut-il le plaindre, mais reconnaissons que, la plupart du temps, le groupe est à envier. A Sendai, les plus jeunes et les plus valides ont laissé les moins bien lotis pour fuir. Je ne peux les critiquer, c’est humain, et c’est une loi de la nature que les plus forts et les plus résistants s’en sortent. Ne criez pas ! L’instinct de survie, ça existe. Et le sens de la réalité aussi ! Tout le monde ne peut pas être un héros.

Je vais prendre un raccourci qui risque de déplaire mais les kamikazes (étymologiquement : vent divin) avaient la même foi que Jésus : le sacrifice d’un seul homme pour la salut du plus grand nombre. De là à mettre des stèles à ces héros des temps nouveaux… Reconnaissez qu’ils le mériteraient ces inconnus qui se dévouent et offrent leur vie pour maîtriser les radiations et autres émanations qui s’échappent de la centrale de Fukushima. Il en faut. Il y en a de partout, au Japon et ailleurs. On le voit à chaque fois qu’un cataclysme se produit. Moi, je pense aux pompiers du 11 septembre.

Notre épouvante devant les images horribles qu’on nous envoie ne doit pas rester peur stérile. Il faudrait arriver à faire changer les choses, changer le monde, mais comment ?

La nature nous a montré une fois de plus qu’elle est bien plus forte que nous. Nous sommes démunis devant les cataclysmes. Que pouvons nous faire en cas de tremblement de terre, d’éruption volcanique, de tsunami, de cyclone, de météorite gigantesque ?

Je crois que la réponse est malheureusement : rien.

Malgré toutes les lois, les mesures de protection, les plans A, B ou ORSEC, malgré tous les moyens dont nous pouvons disposer, il ne nous reste que nos yeux pour pleurer et notre conscience, bonne ou mauvaise, pour constater les faits, tenter de sauver ce qui peut l’être et préparer notre avenir ou du moins l’avenir de ceux qui vont rester. Ce n’est pas gai. Peut-être est-ce cependant porteur d’espoir ?

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Elections démocratiques

Est-il encore légitime de désigner les hommes d’Etat par le suffrage universel ?

Je ne me mêlerai ni des élections en Algérie, ni en Tunisie, ni au Maroc, ni en Lybie, ni en Côte d’Ivoire, ni à Madagascar… Chacun devrait essayer  de faire tourner correctement le système démocratique de son pays  avant d’aller voir chez le voisin. Je vais parler de ce qui se passe chez moi, en France.

Lors des élections, les citoyens sont de moins en moins nombreux à venir aux urnes. Qui se déplace ? Pourquoi certains seulement ? Pourquoi pas tous ? Pourquoi les Français râlent-ils pendant cinq ans et ne se rendent-ils pas aux urnes ?

Le système démocratique français actuel consiste à demander à la population en âge de voter (les plus de 18 ans), toute entière, de choisir. Est ensuite prise en compte la majorité des suffrages exprimés comme étant représentative des voeux de la population. Or, cette majorité ne représente plus rien.  Pour exemple, le référendum sur le quinquennat du 24 septembre 2000 a vu le plus fort taux d’abstention (69%) jamais enregistré. En chiffres,  population française totale : 58 796 000 ; inscrits sur les listes électorales  : 39 941 192 ; votants : 12 058 688 ; suffrages exprimés : 10 118 348 ;  ont répondu OUI : 7 4704 697 votants soit en pourcentage  : 18,54% des inscrits et  (le chiffre est bon, mais le calcul un peu tendancieux) : 12,59% de la population française. Que faire si un tout petit nombre de citoyens s’exprime ? Est-ce légitime de prendre une décision dans ces conditions ?

Une autre question se pose, celle des votes blancs. Ils ne sont jamais comptabilisés mais ils devraient l’être. Ils sont l’expression d’un désaccord fondamental. Lors de ce referendum qui avait drainé si peu de monde, 1 940 340 votes blancs soit le quart des OUI…

Où en est donc la démocratie en France aujourd’hui  ? N’est-elle plus que le moins mauvais système ? Juste le dernier rempart contre la dictature, la tyrannie ? Comment faire pour que la démocratie soit représentative, satisfaisante ? Que penser d’une décision prise avec l’accord de moins de 20%  et même moins de 15% de la population ?

Comment faire ensuite pour qu’un élu ne monopolise pas les pouvoirs  ? Comment faire pour qu’il ne décide pas  sans écouter les citoyens ?

Faudra-t-il rendre les votes obligatoires ? Un jour de semaine ? Pendant les heures de travail ?

Peut-être faudrait-il simplement commencer par trouver des candidats dans lesquels les Français pourraient se reconnaître et en qui ils pourraient avoir véritablement confiance. La difficulté commence là.

Plus la société est “évoluée”, plus la parole est monopolisée par des petits groupes au profit de quelques-uns. Les partis et les hommes politiques sont suspendus aux sondages et, pendant les campagnes électorales, ils font des promesses  qu’ils ne tiendront jamais, simplement par pure démagogie. Flatter les uns et les autres, pauvres gogos qui n’auront rien en fin de course si ce n’est de belles paroles, des promesses, voire une photo dédicacée de leur champion. Ceci est très loin de la volonté générale du contrat social rêvé par Rousseau.  Le peuple est ridiculisé, on se moque de lui : l’intérêt particulier prend le pas sur l’intérêt général ; attention ! Si l’on reprend les mots de Robespierre “Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs .”

Attention, donc la révolte grommelle. Elle pourrait gronder. Il suffirait qu’une loi liberticide  supplémentaire  vienne bâillonner le peuple un peu plus (la goutte qui fait déborder le vase) et  que des démonstrations de force de la police interviennent dans un quartier calme habituellement, pour que les rues se transforment en terrains d’émeutes pour des bandes et des groupuscules extrémistes dont le seul but est de mettre en péril la démocratie elle-même.

Attention : la démocratie est fragile. Bon nombre de citoyens étrangers peuvent en témoigner aujourd’hui. Souvenez-vous aussi que les périodes d’insurrection sont souvent suivies de périodes de répression. Ainsi, en France, en mai 1795 (Prairial an III), un mouvement d’insurrection populaire se produisit : échec et répressions sanglantes, (Terreur blanche) puis le 5 octobre 1795, une rébellion royaliste fut matée par Bonaparte à coups de canon. A partir de cette date, le peuple n’aura plus la rue comme droit d’expression : muselé pour trente cinq ans jusqu’aux « Trois Glorieuses » en juillet 1830 ! Attention ! A qui laisse-t-on les rênes du pouvoir ? Les Français ont la mémoire courte.

Si donc, aujourd’hui, la majorité des votants n’est plus représentative  de l’ensemble des citoyens (qui ont le tort de ne pas voter et de ne pas s’impliquer davantage dans la vie de la “cité”), si notre système démocratique soumet le gouvernement  à l’opinion publique (un ensemble de plus en plus petit), si  ceux qui briguent le pouvoir sont, comme c’est le cas la plupart du temps, des gens incompétents dans les affaires de l’Etat, fils de ou parent de ou… Népotisme ! Quant aux énarques… fonctionnaires technocrates, mandarins de la bourgeoisie, citoyens déconnectés des réalités quotidiennes… Où allons-nous ? La démocratie est-elle en passe de devenir la dictature de l’incompétence ?

Je constate avec tristesse que les plus faibles sont toujours exploités par les plus forts : concurrence économique oblige. C’est sans compter aussi sur le machisme, favoritisme, racisme, sexisme,  dogmatisme, capitalisme, féodalisme, élitisme, esclavagisme, autoritarisme, égoïsme et crétinisme . “Isme” : suffixe pour un concept idéologique : vous pouvez donc fabriquer d’autres mots qui vous conviendront !

Qu’avons-nous en face ? Idéalisme ? Féminisme ? Héroïsme ? Fatalisme ? Des valeurs peu sûres ?

Notre problème essentiel, à nous, le peuple, c’est que nous avons perdu confiance  dans les hommes politiques, perdu confiance en la démocratie, et même en la justice. Nous voyons de plus en plus souvent que la loi est injuste et protège les plus forts. Attention une fois encore, les plus forts ne sont pas forcément les plus nantis. Les riches tirent bien leur épingle du jeu, c’est certain (cf Jean de Lafontaine : “Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir”.), mais il y a des défavorisés dont la violence est une bonne arme de “persuasion”. Donc, si vous n’êtes ni un nanti, ni un violent, ni fils, frère, cousin de … vous êtes encouragés à vous taire.

Quand il n’y a plus véritablement de démocratie, quand nos  représentants élus se prennent pour des stars, deviennent des “Intouchables” (pas des parias mais des demi-dieux), il devient véritablement absurde de voter pour qui que ce soit. Il faut aller voter, voter blanc et se battre pour que le vote blanc soit comptabilisé.

La résistance aux dérives politiques pour arriver à la construction d’une véritable démocratie passe par la prise en compte des votes blancs (plus citoyens que l’abstention), la désobéissance civile, la résistance fiscale, la mise en place de groupes de citoyens motivés par le changement dans une révolution non-violente… moins d’élus, moins de structures coûteuses…

Vive la démocratie directe, participative et à taille humaine !

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Histoire(s) et tradition

Au XVI° siècle, les plus fortunés s’offraient des assiettes en étain pour manger,  beaucoup plus jolies, plus solides, plus durables et plus « m’as-tu-vu » que les écuelle en bois, en faïence ou que la tranche de pain qui a longtemps fait fonction d’assiette (non, non, ce n’est pas nous qui avons inventé récemment le sandwich). Continuer la lecture

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We want sex equality

Je vous assure que j’attends avec une énorme impatience ce film qui devrait non seulement nous faire rire, mais en plus, nous les femmes, nous faire réfléchir sur notre condition : nos deux journées en une, nos désavantages permanents pour les emplois,  les succès, les promotions, les salaires, et nos acquis, chèrement payés pour la plupart et qui ne semblent pas éternels. Attention à la régression, les filles !

Nous, les vieilles, nous savons.  Nous savons que pour avoir le droit de faire des études, il a fallu se battre, pour avoir le droit de voter, il a fallu se battre, pour bénéficier de la contraception, il a fallu se battre, pour avoir le droit d’avorter sans risquer sa vie, il a fallu se battre, pour pouvoir porter un pantalon, il a fallu se battre… Vous croyez que c’était il y a un siècle ? Oui, c’était le siècle dernier : 1965, 1968, 1975… il y a moins de cinquante ans !   Renseignez-vous et ne vous laissez pas endormir par les machos, les politiques, les démagogues qui vous promettent quelquefois des avantages, juste pour vous faire taire et vous voir rentrer à la maison.

Il y en a long à dire sur la condition féminine. Nous ne sommes guère solidaires les unes des autres, nous sommes souvent trop gentilles et trop soumises. Nous n’osons pas parler et pire que tout, nous avons honte de la bêtise et de la violence des hommes. S’il en allait autrement, il n’y aurait pas tant de femmes battues et tuées chaque année en France (167 mortes en 2007 et ça augmente chaque année).

Revenons à des événements plus gais, à l’espoir des années 60.

Allez voir ce film “We want sex equality” dès que possible. En attendant, regardez la bande-annonce. Le film est sorti le 9 mars à Paris et j’espère que nous n’allons pas attendre trop longtemps à la Réunion. J’espère surtout que les censeurs ne nous priveront pas de ce brulot et qu’il restera au moins deux semaines à l’affiche.

Bande annonce du film


Ce film raconte l’histoire véridique de la révolte de 187 ouvrières des usines Ford de Dagenham, banlieue Est de Londres. Moins payées que des ouvriers non qualifiés alors que leur travail exige de réelles compétences, ces femmes ont décidé de faire grève. Nous sommes en juin 1968. C’est une époque agitée en France aussi. En Angleterre,  cette grève est une première.

Les années 1960 sont une décennie marquée par l’émancipation de la femme en Europe : révolution ? Pas vraiment. Juste un peu plus d’indépendance : vélo, solex, travail…

J’éprouve de la nostalgie à me remémorer cette époque : la première voiture des parents, les Beatles et leurs cheveux longs, les mini-jupes, les collants “chair”, la machine à laver et le réfrigérateur dans presque tous les appartements et la  télévision noir et blanc, puis la couleur qui arrive vite… Le progrès devenait réalité à toute allure.

Aujourd’hui, c’est beaucoup moins gai.

Les filles, ohé, accrochons-nous à ce que nous avons gagné, ne lâchons rien et au contraire essayons de faire progresser ce monde qui vraiment ne tourne pas très bien entre les mains des hommes.

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Choc des photos

C’est un piège ! Pas de photos. Juste des mots.

Des photos, il y en a plus qu’il n’en faut à la télévision, partout…

Le nombre de morts au Japon ne cesse de croître après le tsunami. Quel est ce monde où l’on additionne les morts, les millions de dollars, d’euros ? Il faut montrer, raconter, chiffrer, vite, vite… Monde de l’immédiateté. Qui se pose, regarde, réfléchit, pleure, plus de… une journée ? Nous regardons le sang, la souffrance, nous sommes au spectacle ; c’est tout ! Je ne peux plus accepter cela.

Je vous ai montré, dans mon article “le poids des mots, le choc des photos”, les images qui m’avaient marquée à jamais : il y en a quatre. Vous les avez vues.

En réfléchissant, d’autres événements m’ont bouleversée. En 1991 : la première guerre du Golfe et son côté jeu vidéo puis l’horreur absolue, en 1985, le Nevado del Ruiz, ses 27 000 morts et Omeyra Sanchez.

Qui s’en souvient ? Qui se souvient de cette gamine dont l’agonie a duré 72 heures sous la boue, devant les caméras ? Je ne comprends pas ce besoin de voir à tout prix. Je ne veux plus de ça. Des informations, oui mais plus d’horreurs comme celle-là, sur toutes les chaines, à la même heure, à la une sur tous les journaux, tous les magazines. STOP ! Je n’achèterai plus jamais un magazine avec des photos de ce genre. Je ne veux pas être un charognard !

Je vous rappelle ce qui m’a choquée : en 1985, le volcan Nevado del Ruiz, en Colombie est entré en éruption, en pleine nuit, créant dans les vallées avoisinantes des fleuves de boues et de cendres dévastateurs. La nuit de l’éruption, la grand-mère d’Omeyra tombe dans une cavité et la jeune fille tente de la sauver ; malheureusement Omeyra est emportée par la coulée et se retrouve, à son tour, plus loin, coincée, les jambes bloquées par un enchevêtrement de matériaux. Des volontaires essaient de la dégager mais n’y parviennent pas.

L’agonie d’Omeyra dura soixante heures et fut filmée par un caméraman de la télévision espagnole. Les images furent diffusées quelques heures plus tard sur les chaînes de télévision du monde entier alors que la petite fille était encore en vie.

Un photographe prit des clichés du drame, ils seront récompensés par le prix World Press Photo en 1986.

La focalisation sur la mort de la jeune fille a fait oublier  l’ampleur de la catastrophe : 27 000 morts, des centaines de milliers de sans-abris et 8 000 autres enfants morts dans cette tragédie.

Reportage ou voyeurisme. Comment définir les limites ?

Il faut informer mais la pudeur, l’intimité doivent être respectées. Stop au spectaculaire  !

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Michel Audiard, sa révolte et la mienne

“On est gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser des radis.”

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Deux milliards d’impôts ! J’appelle plus ça du budget, j’appelle ça de l’attaque à main armée !

Michel Audiard (1920 – 1985)

Et les politiques ne connaissent pas les prix des produits de la vie quotidienne… Je n’ai pas trouvé de vidéo pour le prix de la baguette mais juste pour le “plaisir”, regardez les vidéos suivantes. Vous comprendrez pourquoi ils ne peuvent pas comprendre nos problèmes.

Un député  (J.P. Huchon) de l’ile de France ne connait pas le prix d’un ticket de métro

Le ministre ne connait pas le prix d’un timbre et ne veut pas répondre…

Zero pour le Ministre de l’Agriculture

Et toujours du même Audiard, pour finir et rigoler, parce qu’il faut garder le moral avant la prochaine révolution..

Si t’as pas de grand-père banquier, veux-tu me dire à quoi ça sert d’être juif  ?

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Désobéissance civile, résistance fiscale

“La parole n’a pas été donnée à l’homme, il l’a prise. ” Louis Aragon

Une fois de plus, je prends la parole, je m’exprime. Tant que je peux le faire.

S’insurger ne signifie pas casser ou détruire mais manifester sa désapprobation, son indignation par le moyen que l’on juge bon. La désobéissance civile en est un.

La désobéissance civile est le refus de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation, un pouvoir jugé inique. Ce terme de désobéissance civile fut créé vers 1850 par un Américain, Henry David Thoreau dans son essai « Résistance au gouvernement civil », à la suite de son refus de payer un impôt destiné à financer la guerre contre le Mexique.

En Europe, même si le recours au concept de désobéissance civile a tardé à être formulé, l’idée de la résistance à une loi inique existe depuis longtemps, il suffit de penser à la Révolution Française, à Robespierre (qui a une mauvaise réputation, injustifiée à mon sens ; pour moi, il est « l’Incorruptible » de l’époque), et  plus près de nous, au Général De Gaulle. Quand il lança son appel, le 18 juin 1940, il ne faisait rien d’autre que s’insurger contre une décision du gouvernement, décision qu’il jugeait infâme, déshonorante.

« L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! …. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. » Extraits du discours du général, consultable dans son intégralité, sur internet à l’adresse suivante http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/l-appel-du-18-juin/documents/l-appel-du-18-juin-1940.php

Aujourd’hui, nous devons nous révolter contre un ennemi plus insidieux puisqu’il est partout et que nous l’avons accepté sans rien dire, ni rien faire, que nous l’avons même aidé et encouragé, espérant ainsi gagner une place au soleil un peu plus confortable. Nous avons pensé «c’est le Progrès », mais cet ennemi que nous avons fini par repérer, c’est le capitalisme sauvage : faire du fric sur tout, pas n’importe comment, mais de manière radicale sur les opérations bancaires, boursières et commerciales. En fin de course, les très riches sont encore plus riches, les pauvres plus pauvres et les classes moyennes en voie de paupérisation. Devons-nous nous laisser faire ?

NON. Il faut nous révolter. « Indignez-vous ! a écrit Stéphane Hessel. (Il va falloir que je lise dès que possible cette brochure.) Indignons-nous, manifestons-nous, soyons des désobéissants.  Le concept de désobéissance civile s’est étendu notamment par les actions très médiatiques des « altermondialistes » ou par celles des mouvements écologistes ou anti-publicité. Certains ne voient dans ces actions que la dégradation de biens, d’autres un acte salutaire, visant à faire modifier la politique des autorités. Et nous qui ne sommes pas inscrits dans un parti, dans une association, que pouvons-nous faire pour être entendus ?

Je pense que, puisque le vote n’a que peu d’effet, il faut en arriver à la résistance fiscale. C’est un acte politique consistant à refuser de participer à la fiscalité de son pays au nom de valeurs morales.

Mon argent étant gaspillé par une bande d’irresponsables qui sont accrochés à leurs sièges comme des sangsues (je me retiens car d’autres images moins élégantes me viennent à l’esprit), je refuse de donner davantage d’euros à des élus qui vont les dépenser pour de la frime, de la poudre aux yeux (cocktails, voyages en première classe…).

Je suis à la fois gênée, car cette idée n’est pas neuve, et contente parce que, finalement, mon raisonnement n’est pas si tordu. Bien sûr, vous pouvez dire aussi qu’entre tordus, on se comprend. D’accord et vous, vous proposez quoi de constructif ?

Voilà un précédent dans cette idée de résistance fiscale : dans les années 1960, un groupe d’Américains (USA) a élaboré un prototype de loi qui permettrait aux objecteurs de conscience de payer leurs impôts à l’UNICEF au lieu du Trésor américain. Proposé depuis 1972 sous le nom de Peace Tax Fund, elle se nomme aujourd’hui Religious Freedom Peace Tax Fund Act .

Je crois que ce n’est pas le seul. Il me semble que Ghandi avait proposé la même chose pour lutter contre l’oppression britannique.

Et nous, aujourd’hui que pouvons-nous faire pour être entendus et comment ? Comment être des résistants fiscaux ?

1 – Nous pourrions verser notre argent (nos impôts) à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui est un “établissement financier public créé en 1816 pour gérer en toute sécurité des dépôts d’origine privée réclamant une protection particulière et les employer à des finalités sociales ou économiques d’intérêt public.”  Je m’explique, en cas de désaccord avec son propriétaire, le locataire n’a pas le droit de ne plus payer son loyer, mais il peut le verser à la CDC pour faire entendre ses doléances. Nous pourrions agir de la même façon. Notre argent n’étant pas utilisé comme nous le voulons, nous le “consignons” à la CDC . C’est toujours l’Etat qui encaisse mais ça met un peu la pagaille : transfert entre deux organismes publics. Tiens, ça pourrait être créateur d’emplois…

2 – Nous pourrions refuser de payer certains impôts (comme les impôts locaux, le pourcentage correspondant à la partie de l’impôt qui ne nous plait pas : défense par exemple, ou la journée de travail « gratuit » pour les personnes âgées) car l’utilisation de notre argent ne correspond pas à ce que nous sommes en droit d’attendre.

3 – Nous pourrions faire comme les plus nantis, de l’évasion fiscale en mettant de côté notre argent ailleurs que dans des banques françaises (encore faut-il pouvoir épargner !).

4 – Nous pourrions écrire des lettres de protestation avec notre déclaration de revenus, notre chèque de paiement. Personne ne lit les lettres et personne ne répond. Alors, bof…

La solution 1 me paraît la meilleure, mais qui serait d’accord avec moi pour entamer cette procédure ? Et comment s’y prendre ? J’attends des idées.

Je bous toute seule dans mon coin en regardant ce monde qui va de plus en plus mal. Que vais-je laisser à mes enfants et petits-enfants sinon le poids d’un endettement monstrueux de mon pays qu’il leur faudra rembourser ?

Comme je ne suis pas encore morte, je peux peut-être faire encore quelque chose.

Et comme disait Charles F. Kettering « Je m’intéresse à l’avenir parce que c’est là que je vais passer le reste de ma vie. »

 

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Humour du lundi

Bon courage à tous ceux qui travaillent. Le lundi matin, c’est toujours plus dur.

Retournez lire l’article du 10 février “Perdre sa vie à la gagner” si vous avez oublié. Pensez un peu à vous. Les employeurs font rarement de l’humanitaire.

 

Même si vous ne travaillez pas chez France Telecom, ce n’est peut-être pas facile pour vous non plus. Il n’y a pas que le travail et le fric qui comptent. Réfléchissez, détendez-vous, exprimez-vous et surtout ne vous tuez pas au travail, ni ailleurs !

Bonne journée !

Et pour sourire encore un peu.

Bonne journée encore et bon courage !

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