Liberté et sécurité

“Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre, et finit par perdre les deux.”

– Benjamin Franklin (1706-1790)

Lire l’article du 9 septembre 2011 dans “Le Monde”. C’est long et ça donne à réfléchir. Certaines libertés ont aussi disparu le 11 Septembre 2001. Cliquez  à côté pour lire.

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Elle court, elle court…

Elle court, elle court… Non, je ne parlerai pas de la maladie d’amour de Michel Sardou et pourtant que de souvenirs… Tiens, cliquez LA et écoutez. Je ne parlerai pas non plus du SIDA ni des MST, mais de la rumeur. Continuer la lecture

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Les Béatitudes : relecture

Nous serons bientôt sur la paille ! Vous parlez d’une bonne nouvelle.

Merci les banquiers et les dirigeants de tous bords.

Quand on voit les dettes qui s’accumulent dans tous les pays, les bourses qui “dévissent”, on peut se demander : qui tire les ficelles ? A qui profite le crime ? Pas à nous, c’est sûr.

Le pays a des dettes. La France a des dettes, comme les autres (Italie, Grèce, Portugal, Irlande, Espagne, USA…) mais elle fait toujours sa grande dame généreuse. Faites des économies, vous les petits ! Pendant ce temps, les sénateurs s’accordent une jolie prime de 3 500€ supplémentaire ce mois-ci et vous, vous comptez pour les vacances (l’essence qui augmente et tout le reste dont on ne parle même plus).

On a vu après le krach de 1929 quel était l’état du monde et ça recommence. Les leçons ne servent à rien. On finira sur la paille. Oui, nous. Ca craint, comme on dit. Certains s’en sortiront mieux que d’autres, comme toujours.

Ce matin, j’ai une crise de foi. Je pense au petit Jésus, né dans une étable, sur la paille, tu parles d’un bon début.

La crèche est une mangeoire pour les animaux dans laquelle, selon l’Evangile de Luc, fut déposé l’enfant Jésus après sa naissance, ce qui a donné l’image bien connue de la crèche de Noël. L’Enfant-Roi, futur, roi du monde est né dans la misère. Normal pour celui qui allait prêcher plus tard, dans son Sermon de la Montagne, les « Béatitudes » :

Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux. L’âme de pauvre ? C’est une drôle d’ambition. C’est inné ? Ah bon… Je vous ai déjà dit que je suis une mécréante alors pas facile, pour moi, d’accepter ce genre de comportement. Il est vrai que si l’on arrive à se contenter de peu, on est plus heureux mais peut-on accepter de ne rien vouloir changer ? Moi, j’ai voulu évoluer, merci Mémé. Pas à n’importe quel prix. Je croyais à l’effort, ça fait quand même une différence.

Heureux les affligés, car ils seront consolés. Avec le goût de se plaindre de tout, tendance qui prédomine maintenant, le monde est destiné à être très très heureux… après. C’est peut-être ça la cause du misérabilisme.

Heureux les doux, car ils posséderont la terre. Doux comme des moutons… C’est bien. Revoir les Fables de La Fontaine (largement inspirées d’Esope) en particulier « Le Loup et l’Agneau ». La morale ? La raison du plus fort est toujours la meilleure. C’est bien la morale du despote et de l’oppresseur, celle qui fait les tyrans et les victimes. Dans la fable de La Fontaine, ce n’est pas la morale finale, mais une proposition en cours de narration, proposition ironique, il va sans dire. Sans la révolte contre cette immoralité, il n’y aurait pas eu de Révolution Française, non ? Zut, je suis révoltée, rebelle, râleuse, batailleuse… Rien que des défauts, je vous dis !

Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés. Plus… les persécutés par la justice… Bienvenue au paradis à ceux d’Outreau, aux sorcières de Salem et d’ailleurs, à tous les persécutés… Ca marche pour ceux qui rêvent de justice ou juste pour ceux qui souffrent de l’injustice ? Si les utopistes sont heureux, ouf… j’ai une chance de plus.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Et là ? Aurai-je un espoir ? C’est bien une histoire de pardon, bonté, oubli, indulgence… Alors là, ce n’est pas gagné. Dommage ! J’ai un côté “mule du pape” si vous voyez ce que je veux dire.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. N’y a-t-il pas d’autres moyens ? Blasphème, criez-vous ! Tant pis… Ca existe les cœurs purs ? Mes défauts et moi : envie, jalousie, colère… Est-ce que les fautes avouées sont pardonnées ? Mais  au fait, qui sont ces cœurs purs ? Ecoutez la chanson de Jean-Roger Caussimon « Les cœurs Purs »(cliquez), interprétée par JeHaN.

Ils ne sont pas encore amis,
Des notaires et des notables
Ils ne sont pas encor salis
Par les combines au jour le jour.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Bravo à Nelson Mandela, Mère Teresa, Desmond Tutu, Henri Dunant… et quelques autres. Quel sort est réservé aux marchands d’armes ?

Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi.

Juste si c’est à cause de Jésus ?

Pauvre DSK !

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Les premiers congés payés en France : été 1936

Il y a un peu plus de soixante-dix ans, dans la nuit du 7 au 8 juillet 1936, étaient signés les accords de Matignon entre le président du Conseil Léon Blum, la CGT et la Confédération générale du patronat français (ancêtre du MEDEF). Deux mesures allaient changer la vie des salariés et rester emblématiques du gouvernement du Front Populaire, gouvernement certes très éphémère (juin 1936 – avril 1938), mais constructif et innovant : la semaine de quarante heures et les congés payés.

Avant 1936, seuls quelques fonctionnaires bénéficiaient de congés payés et ce, depuis le début du XIXe siècle. Beaucoup d’usines fermaient une ou deux semaines en été, mais les ouvriers n’étaient pas payés pendant cette période. (Ils n’avaient qu’à prévoir. Comme pour leur retraite.)

Avec ces premiers congés payés, une ère nouvelle commence pour les Français qui peuvent goûter enfin aux plaisirs des vacances et accéder aux loisirs. Une sorte de révolution !  Vive la liberté ! Même si les premiers congés payés marquent bien un tournant dans la vie des Français, le tourisme de masse ne débute pas l’été 1936, il ne s’est développé  qu’après la Seconde Guerre mondiale, au cours des années cinquante et soixante.

1936 fut un été pas comme les autres. Ce fut un été magique où soudain “les Français crurent vraiment qu’ils allaient s’aimer les uns les autres“. Un peu de bonheur, de liberté avant les horreurs de 1939 à 1945.

Pour la première fois, des ouvriers et des employés prennent la route des vacances. Léon Blum, tout juste élu, vient de leur offrir deux semaines de congés payés. Une mesure qui n’était pourtant pas inscrite dans son programme de campagne (ce qui change aujourd’hui avec toutes les promesses non tenues depuis trente ans).

«Etre payé à ne rien faire», ce n’était pas vraiment la revendication principale des ouvriers ; cette idée était neuve ; la revendication principale était le pouvoir d’achat.

Par contre, dès que la loi est votée, le 20 juin 1936, des grèves, pour la plupart spontanées, éclatent dans des usines calmes jusqu’alors. La dimension festive est incontestable (comme en mai 1968). Ces grèves ne dureront toutefois pas très longtemps car, assez rapidement, le patronat cède et accorde les vacances demandées.

C’était la première fois qu’un gouvernement s’occupait d’améliorer la vie des Français.

Il faut noter, qu’une fois de plus, la France est en retard par rapport à beaucoup d’autres pays Européens comme l’Allemagne, la Pologne, la Norvège, le Danemark, et même la Grèce, le Portugal, l’Italie … qui avaient déjà des congés payés depuis 1900-1930 (rappel, c’est comme pour le droit de vote des femmes ; nous sommes des lanternes rouges !).

Léon Blum avait nommé Léo Lagrange au poste de sous-secrétaire d’Etat aux Sports et aux Loisirs, créé pour l’occasion. Le jeune député du Nord, visionnaire, va s’employer, avec peu de moyens, à démocratiser loisirs et sports tout en s’opposant à la participation des athlètes français aux JO controversés de Berlin, cet été-là.

Léo Lagrange lance la construction de 200 stades et gymnases, de 40 piscines, de dizaines d’aéroclubs et de nouvelles stations de ski. Les auberges de jeunesse fleurissent par centaines ; les colonies, les centres de vacances voient le jour.

Après un bras de fer avec les compagnies de chemins de fer alors privées, il réussit à proposer un billet populaire de congés annuels avec 40 % de réduction pour les voyages individuels et 50 % pour les collectifs, appelé le billet Lagrange.

Le 1er août, 560 000 personnes se ruent dans les gares, notamment pour partir à la découverte de… la mer ? “La première fois, quand on voit la mer, subitement, le monde est beaucoup plus grand, plus large...” Contrairement à ce qui est souvent dit, il n’y a pas eu un déferlement de masse vers le littoral. On estime que cette année-là, 600.000 ouvriers sont partis de chez eux, la plupart pour aller dans leur famille en Bretagne, en Savoie ou ailleurs. L’année suivante, ils seront encore plus nombreux à prendre le train : 1,8 million, soit 3 fois plus.

Face à eux,  la classe bourgeoise affiche son mépris pour ces “congés payés” (ces nouveaux vacanciers découvrent la joie du camping) qui les obligent à fuir les stations balnéaires jusqu’à présent uniquement fréquentées par leurs familles. Elle se ligue contre le Front populaire et son “ministère de la Paresse”.

En avril 1938, Blum perdra les élections. L’ombre de la guerre se profilera.

Il faudra attendre quelques années de plus avant que les Français gagnent une semaine de congés supplémentaire : une troisième en 1955, puis une quatrième en 1962 et une cinquième en 1982.

Si je vous racontais les aventures de ma grand-mère en 1936… Je me suis promis de le mettre par écrit pour mes enfants. Ils ne furent pas  très gais ses premiers congés payés.

Malgré l’institution du “billet populaire de congés payés” et le fait que mon grand-père travaillait au PLM (Paris-Lyon-Marseille, qui devint une partie de la SNCF) ce qui lui permettait de ne pas payer le train, les vacances de mes grands-parents durèrent … une journée !

Ma grand-mère pouvait une fois de plus remercier sa belle-mère.

Pour toi, Mémé, qui n’est plus là : une photo des Saintes… Heureusement, tu as vu la Réunion et l’île Maurice avec moi. Grâce à toi, je connaissais l’île Bourbon et l’île de France, Paul et Virginie, et tant d’autres choses… les congés payés, le Front Populaire et Léo Lagrange…

Je voudrais tant être une grand-mère exemplaire. Est-ce possible ? Comment ?

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Pâques : le profane et le sacré

Que signifie Pâques pour vous ?

Quand on pose la question, les réponses sont variées selon l’âge de la personne  interrogée. Les oeufs, les lapins, les cloches en chocolat, celles de l’église, le repas en famille avec l’agneau pascal, les derniers jours de ski, les chassés-croisés sur les routes… Apparemment, les oeufs sont la première réponse fournie. Oeufs en chocolat, il va sans dire. Mais d’où vient cette tradition ? Voilà une explication que je vous propose mais j’accepte tous les compléments d’informations.

La tradition d’offrir des œufs remonte à l’Antiquité. Je crois me souvenir qu’Egyptiens et Romains offraient des œufs peints au printemps car ils étaient le symbole de la vie et de la renaissance. C’est au même moment qu’est apparu le paradoxe de l’oeuf et de la poule :

« Qu’est-ce qui est apparu en premier : l’œuf ou la poule ? »

Si l’on vous répond “c’est l’oeuf”, vous demandez alors “mais qui a pondu cet oeuf ? “C’est la poule”,  vous répond-on. “D’où sort donc la première poule ?” Le paradoxe vient du fait qu’aucune réponse ne parait satisfaisante. Alors l’oeuf ou la poule ?

Mais l’explication qui correspond le mieux à notre éducation chrétienne, c’est celle qui fait référence à l’église.

L’Eglise ayant instauré très tôt l’interdiction de manger des œufs pendant le Carême, les poules continuaient malgré tout à pondre ; les œufs pondus  pendant ces quarante jours étaient conservés, mais sans réfrigérateur, plus question de les manger après pareil délai. Ils étaient alors décorés et offerts.

De nos jours, le jeûne n’est plus observé de manière aussi stricte, au mieux évite-t-on la viande mais la tradition d’offrir des œufs est restée. Les oeufs sont en chocolat, en sucre, en plastique et garnis de friandises diverses. Il est loin le temps où Clément Marot, poète et  même versificateur de psaumes, fut emprisonné au Châtelet pour avoir mangé du lard en Carême ; c’était en l’an de grâce 1526.

Aujourd’hui, en France le Ramadan est bien plus respecté que le Carême. Que dire ? Je constate, c’est tout.

Pâques est pourtant la plus importante fête religieuse chrétienne.  Elle commémore la  résurrection de Jésus-Christ, le troisième jour après sa mort (Passion pour les Chrétiens).

La Semaine Sainte est la dernière semaine du Carême : ses trois derniers jours (jeudi, vendredi et samedi Saints) composent le triduum pascal. Elle commence avec la célébration du dimanche des Rameaux et se termine le Samedi Saint par la célébration de la veillée pascale et de la messe de la Résurrection. Le dimanche de Pâques marque la fin du jeûne du carême. C’est alors pour huit jours la semaine de Pâques ou “semaine radieuse” appelée quelquefois la “semaine des huit dimanches”.

En Europe, c’est l’Espagne, terre de grande ferveur catholique, qui n’a pas son pareil pour célébrer Pâques. Les processions de pénitents encagoulés et de personnages bibliques commencent dès le Dimanche des Rameaux. Elles sont suivies de processions nocturnes appelées “los pasos”. Ces fêtes de la Semaine Sainte enflamment toute la péninsule Ibérique, mais les processions les plus impressionnantes ont lieu à Séville, Cuenca, Grenade, Malaga, Valladolid, Jerez… Depuis des lustres, je rêve d’y assister au moins une fois. Ce sont peut-être mes ascendances qui m’y poussent. Incha Allah !

Pâque ou Pâques ? La langue française distingue « la » Pâque originelle juive et la fête chrétienne de Pâques. La première commémore la sortie d’Égypte par un repas rituel qui s’appelle aussi « la Pâque ». La fête chrétienne est multiple et  des rituels païens se sont greffés. Pour les Chrétiens, c’est à la fois la sortie d’Égypte de Moïse (l’Exode), l’institution eucharistique du repas de la Pâque, la crucifixion du Christ et son repos au tombeau durant trois jours, sa résurrection, passage de la mort à la vie le troisième jour.

De nombreuses coutumes païennes destinées à accueillir le retour du printemps se rattachent à la fête de Pâques. L’œuf est le symbole de la germination qui se produit au début du printemps et le lapin est un symbole païen qui a toujours représenté la fécondité.

En Belgique et en France, on raconte aux enfants que depuis le Jeudi Saint, les cloches sont silencieuses en signe de deuil, qu’elles sont parties pour Rome, et qu’elles reviennent le jour de Pâques en ramenant des œufs qu’elles sèment à leur passage. A charge pour les enfants de retrouver les oeufs éparpillés.

Le repas de Pâques est souvent l’occasion de partager un gigot d’agneau rôti accompagné selon les régions de flageolets ou de fèves voire de petits pois. C’est gigot flageolets chez moi.

En Alsace et dans certaines régions d’Allemagne, on confectionne un biscuit en forme d’agneau appelé Osterlammele et les œufs de Pâques sont apportés par le lapin de Pâques (Osterhase). 

Les Allemands, les Alsaciens, les Américains et quelques autres décorent des œufs cuits durs avec de la peinture ou des feutres. Les Américains espèrent que l’Easter Bunny leur apportera des lapins en chocolat et des sucreries dans un panier tressé.

Dans les pays à majorité chrétienne orthodoxe, il y a beaucoup de coutumes qui plaisent particulièrement aux enfants. Des œufs sont peints pour cette journée, essentiellement en rouge, mais on utilise aussi d’autres couleurs. On s’échange ces œufs colorés, pendant toutes les fêtes de pâques et la semaine qui suit.

Plus religieux : en Grèce, et en Russie, il est d’usage de ramener chez soi la « lumière sainte », le jeudi saint après la lecture des douze évangiles, et de faire un signe de croix au-dessus de sa porte avec la flamme. Conserver la lumière sainte quarante jours, sans qu’elle ne s’éteigne, porterait bonheur.

Tous les peuples orthodoxes, respectent à Pâques la coutume suivante. Pendant toute la semaine les chrétiens orthodoxes se saluent par l’exclamation « Christ est ressuscité ! »  à laquelle on répond « Il est vraiment ressuscité ! »

Le Christ est pour le christianisme le Rédempteur divin, le Messie envoyé par Dieu dont la mort sacrificielle doit racheter les péchés des hommes.

Quand je regarde le monde actuel et l’ensemble du XX° siècle, je me demande comment les Hommes peuvent être rachetés des ignominies, crimes et autres cruautés dont ils se sont rendus coupables.

Les tours du 11 septembre sont dans vos mémoires, mais vous souvenez-vous du régime nazi (au moins 6 millions de morts), du régime de Pol-Pot (1,5 million de morts), Rwanda (1 million de morts, 260 000 morts à Hiroshima et Nagasaki, 13 millions de civils  et 8 millions de soldats russes pendant la Seconde Guerre Mondiale… ? Je ne mentionne ni les Aborigènes d’Australie, ni les Amérindiens, c’est plus ancien. Je passe sous silence d’autres atrocités. Que peut-il advenir de la race humaine qui se massacre ainsi ? Je sais que Pâques est un jour de joie pour la Chrétienté ; j’ai du mal à être dans l’allégresse.

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Femmes instruites : danger !

 

Vous devez avoir horreur de l’instruction chez les femmes, par cette raison qu’il est plus facile de gouverner un peuple d’idiots qu’un peuple de savants. Honoré de Balzac

Doit-on autoriser les filles à apprendre à lire ? Grande question en France jusqu’au XIX° siècle ; aujourd’hui, alors qu’elles fréquentent les mêmes écoles que les garçons et ont, de façon générale, de meilleurs résultats scolaires, la question ne fait pas sourire. Vous étonne-t-elle ?

En 1801, Sylvain Maréchal rédige sa brochure “Projet de loi portant défense aux femmes d’apprendre à lire”. Il y a pourtant eu la Révolution douze ans avant, mais la Déclaration des Droits de l’Homme exclut les femmes (?) et la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges a été mise aux oubliettes. Maréchal est-il un réactionnaire ? Non, non, à la même époque, on retrouve partout la même volonté de limiter l’accès des filles au savoir à tel point que leur éducation n’est pas une affaire d’État et qu’elle est abandonnée à la famille et à l’Église.  Guidés par la crainte des conséquences de l’oisiveté sur l’esprit des filles, familles et clergé cherchent à les occuper, à leur interdire de penser, à former de bonnes épouses et de bonnes mères (chrétiennes, catholiques de préférence), des femmes dociles, vertueuses, agiles aux travaux d’aiguille, aptes à la cuisine, voire capables de compter pour équilibrer le budget familial, soumises à leur père puis à leur mari. Il y avait bien quelques fortes têtes, mais la majorité se laissait faire : difficile de se révolter quand on est peu instruit(e) et isolé(e). Je parle des femmes mais manque d’instruction et isolement font souffrir des hommes aussi.

Aujourd’hui, en France, les femmes essaient toujours d’avoir les mêmes droits que les hommes : diplômes, salaires, emplois. Rien n’est gagné. Au contraire, tout risque de se perdre. Il ne ne faut surtout pas lâcher prise. Se battre contre le voile, c’est indispensable. Voile dans la vie privée mais pas dans la vie publique. Si la loi n’est pas respectée : visage découvert, je ne cache pas que j’ai peur, peur pour mes filles surtout et mes petites filles (dont la première est en fabrication), peur de me voir ou de les voir un jour obligées de se voiler la face au propre et au figuré  : se dérober par honte au regard d’autrui ; se refuser à voir ce qui indigne ou horrifie. Je ne me voilerai pas la face, ni aujourd’hui, ni demain.  Je ne veux pas refuser, aujourd’hui ni demain, de voir ce qui m’indigne.

Les images répétées de ces femmes  sans visage, ensevelies sous la burqa, frappent ma conscience d’occidentale. Ces déprimantes silhouettes anonymes, monochromes, de préférence noires, quelquefois bleues, me rappellent le sort de milliers de femmes et de fillettes dans d’autres parties du monde. Femmes isolées, bâillonnées, emprisonnées, quelquefois excisées, mutilées… Femmes interdites de vie : pas d’instruction, pas de soins, pas de travail, pas d’autonomie ! Y a-t-il un choix véritablement libre de ces femmes ? Quel est le niveau d’endoctrinement de celles qui militent pour la burqah ? Libres ?  Le sont -elles vraiment ? Libres chez  elles de porter le voile si elles le veulent, mais nous avons choisi une loi en France, il faut la respecter. Pas  besoin de la nouvelle création, celle qui date de plus d’un siècle est valable : “pas de signe distinctif d’appartenance religieuse ou politique”. Revoir mon article Laïcité et voile islamique et l’inspection du lundi matin à l’école. Ma maitresse d’école était-elle une laïque intégriste ? J’ai survécu à ses “mauvais traitements” ; je n’ai pas oublié ; c’était comme ça.

La liberté de culte existe mais ne doit pas gêner le fonctionnement de la société. Il y a aujourd’hui un large fossé entre l’idéal républicain et l’idéal religieux, quelle que soit la religion ou la secte envisagée. C’est le problème des clans, tribus, régions, des indépendantismes divers. Nous sommes la race humaine et nous devons essayer de nous entendre pour que la Terre et nous, nous survivions en paix ; c’est mal parti.

En ce qui concerne l’Islam, je ne suis pas une spécialiste, j’ai des voisins et des amis musulmans, j’habite la Réunion. Ici, le dialogue est vraiment plus facile, donc en ce qui concerne l’Islam et le peu que je sais,  la loi islamique me paraît bonne, juste, claire, comme celle des chrétiens. C’est la réalité des pratiques culturelles et religieuses qui gâche tout.

Il y a trente ans ou même vingt ans, ici à la Réunion, pas de burqah et pas de voiles envahissants : la mosquée, le muezzin, la prière, le Ramadam, l’Aid-el-Kebir, etc, ne gênaient personne (enfin le muezzin le matin… limite, mais les cloches à Pâques et à chaque heure, ce n’est pas terrible non plus). Qu’est-ce qui a changé ? L’intégrisme ? L’extrémisme ? Il me semble que l’extrémisme est étranger à l’esprit de la loi islamique, comme il l’est dans la religion chrétienne, ce qui n’a empêché ni les guerres de religions, ni  l’Inquisition, ni, ni… L’intégrisme islamique reflète aujourd’hui des pratiques culturelles dérangeantes car non conformes à la tradition laïque française.

Il me semble que l’Islam, le vrai, le charitable, n’interdit ni la mixité , ni la liberté. Il y met quelques conditions de réserve, comme les catholiques et sans doute les protestants : la pudeur, la modestie.

Nous avons un peu oublié que les écoles, le catéchisme n’étaient pas mixtes, qu’on se couvrait ou se découvrait la tête à l’Eglise (les Hommes se découvrent toujours mais les femmes ne se couvrent plus). Les règles de base sont les mêmes dans toutes les religions, ce n’est que la pratique qui change : nous avons évolué, libéré les femmes, ne faisons pas marche arrière sous prétexte que ça dérange quelques hommes à l’esprit limité, obscurci non par l’alcool (interdit) mais par une drogue quelconque et que ça contrarie peut-être quelques femmes… inqualifiables.

Je refais ma déclaration de foi laïque :

“Je crois en la liberté de conscience, je ne place aucune opinion au-dessus des autres, que ce soit la religion : catholique, musulmane, protestante, l’agnosticisme, l’athéisme, je crois en l’égalité républicaine ainsi construite même si certains veulent me faire changer d’avis.. Je crois en la liberté de chacun qui est respectueuse de celle de l’autre. Je veux continuer à croire, même si c’est très difficile, en la bonté et en l’intelligence humaine.”

La seule idée qui me motive est celle de la liberté  individuelle, revendiquée et respectée, celle des autres et la mienne (oserai-je dire, surtout la mienne ?).

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Mai 68 : troisième et dernier épisode de cette série

Souvenirs, souvenirs. Scott Mac Kenzie, ça vous dit quelque chose ? Continuer la lecture

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Mai 1968 : les causes, l’esprit…

Les années 60, quelle époque !

J’oublie les yéyés, les Beatles et autres amusements. Je pense à mai 68. Ca  fait un peu “souvenir d’ancien combattant”, même si j’étais trop jeune et surtout trop provinciale pour  être sur les barricades parisiennes, les images et les idées sont bel et bien  toujours dans ma mémoire.

En 1968, les choses doivent changer. Et ça change ! Les jeunes et moins jeunes bouillonnent tous d’idées. Sur les murs apparaissent des graffitis et des affiches contestataires : merci les étudiants des Beaux-Arts !

“Mur blanc = Peuple muet”.  Les murs parlaient. Ils s’exprimaient. Le peuple était en vie, plein d’esprit.

On peut actualiser ce genre d’affiches. Voir la dame rose et si vous cliquez sur elle, vous pourrez voir d’autres affiches, de même que si vous cliquez sur les mots “affiches contestataires, un autre site apparaîtra.

La population s’approprie la rue pour s’exprimer, dire son mal-être. Les rues n’avaient plus vraiment été animées depuis 1936 sauf les jours de Libération à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. En 1968, des cris, des chansons et  des écrits (pour que ça reste et que ça fasse plus sérieux) et des slogans en pagaille, oserai-je dire. J’en ai mémorisé quelques-uns de cette époque, mais il y en a eu  beaucoup plus.

J’entends aussi une chanson qui me revient en mémoire : sur l’air de “Il était un petit navire”, nous chantions ou entendions chanter “Ohé, ohé, Pompidou, Pompidou navigue sur nos sous”… On pourrait chanter avec le nom de qui maintenant ?

Nous avons de moins en moins d’argent disponible ; même quand on travaille, après les impôts locaux  (mairie, département, région), l’impôt sur le revenu, les taxes diverses  (TVA, octroi de mer dans les DOM…), les augmentations des cotisations sociales, de l’eau, du gaz, de l’électricité, de l’essence, et j’en passe,  il en reste de moins en moins. Nous ne sommes plus ponctionnés, nous serons bientôt purement et simplement saignés à blanc, enfin pas tous puisque l’égalité devant la loi, ou devant l’impôt n’est qu’une vaste fumisterie. Il devient indispensable de tout remettre à plat, d’en finir avec les exonérations et les régimes spéciaux.

En 1968, le retard social accumulé par la société, qui à cette époque était en pleine croissance (merci le baby-boom, la reconstruction… la guerre ?), une société, dis-je, qui maintenait les salariés dans la sujétion, la pauvreté (très bas salaires), ce retard est devenu insupportable pour un grand nombre de citoyens au point de déclencher la plus grande grève de l’histoire de France.

Après mai 1968, les rapports de pouvoir ont changé  (participation des ouvriers, des lycéens…), les libertés individuelles se  sont développées, les conventions sociales se sont transformées. L’allégresse de ce printemps est assez vite retombée et aujourd’hui que constate-t-on ? Retour de la sujétion des salariés (merci les 35 heures et les emplois précaires et/ou à temps partiel), de la pauvreté (qui s’accroit, chaque jour), d’une société à deux voire trois vitesses, accablement et silence des “masses laborieuses” tellement contentes d’avoir encore un emploi. Serait-on capable de faire un mai 2011 ?

Les slogans de mai 68 : j’en ai retenu quelques-uns (pour le prochain article) mais il y existe un site qui regroupe graffiti et slogans de cette année là. J’avoue que je ne les connaissais pas tous et que j’en avais oublié beaucoup. Cliquez là pour en savoir plus.

Ce n’est qu’un début, continuons le combat !”

“Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi.”

“Elections, piège à cons !

“Etes-vous des consommateurs ou des participants ?”

“Faites l’amour pas la guerre !”

“Fermons la télé, Ouvrons les yeux.”

“Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner.” Finalement mon article du même titre était une réminiscence. Cliquez  sur les mots en bleu si vous voulez relire ou lire ce billet ancien.

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Mai 68 : “On ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux.”

 

“On ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux.”

Pourquoi fermez-vous les yeux et surtout la bouche ? Jusqu’où allez-vous vous laisser emmener par des gouvernements plus ou moins mafieux ?

Je ne critique pas plus Sarkozy que Chirac ou Mitterand, je rappelle simplement que les Français ont la mémoire courte. Vous souvenez-vous de la république exemplaire promise par Nicolas ?  Et des écoutes téléphoniques de François ? Et des dépenses de son fils Jean-Christophe à Bujumbura : 20 463 268,89 francs – a estimé la Cour des Comptes – ont disparu ? Je laisse Chirac tranquille, mais, n’est-ce pas lui que les Guignols appelaient Super Menteur et qui a un procès en suspens ?

La rigueur, l’honnêteté, en France, aujourd’hui où en est-on ?

Revenons à mai 68. Le slogan qui a sans doute le plus marqué les esprits est le fameux “Il est interdit d’interdire.”

C’était au départ une simple boutade lancée par Jean Yanne (c’est lui aussi “Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil”). Ce slogan contestait la discipline autoritairement imposée, ce qui est une absurdité : il faut  expliquer, discuter et avoir foi en l’homme qui raisonne et se raisonne, comme je l’ai écrit dans l’article “Réussite, argent, bonheur”.

Et c’était là le sens de cette maxime : il est désormais interdit de nous interdire de vivre. Tout simplement. Nous voulions vivre libres en respectant cependant les autres. Mais ça a déraillé. Aujourd’hui où en est-on ?

Le mouvement étudiant, qui a stupéfié par son ampleur et sa durée, a réussi à entraîner les ouvriers, les travailleurs d’une manière générale. Et comme il faisait beau cette année-là…  Je vous laisse imaginer, il n’y avait pas que des émeutes, des barricades et des cocktails Molotov, des voitures en feu et des pavés qui volaient. Il y avait le soleil, le ciel bleu, la liberté, les rêves, les pelouses et les petits oiseaux qui volaient eux aussi. Au fond, les plus vieux ou les plus bourgeois enviaient ces jeunes enragés et leurs conneries, peut-être même qu’ils les admiraient un peu et qu’ils les enviaient beaucoup, ces jeunes  qui vivaient, contestaient, manifestaient dehors, alors qu’eux, jour après jour, à l’usine ou au bureau,  voyaient leur propre vie se consumer lentement, inexorablement, à des tâches répétitives, stupides, éreintantes et à mourir de désespoir quelquefois, devant des chefaillons plus ou moins bornés, en échange  de quoi ? Des bas salaires et de peu de considération. Et aujourd’hui, où en est-on ?Nous voulions abolir bien des interdits : plus de gardiens en uniforme, plus de chiens, plus de chaînes, plus de pointeuses, plus de chefs inquisiteurs, plus de soldats, plus de flics cogneurs… Plus, ce n’était pas davantage, c’était aucun ! Vive l’autodiscipline ! L’autogestion, voilà ce qui était dans l’air du temps. Nous ne voulions plus de l’attirail disciplinaire puisque nous avions atteint, croyait-on, un niveau de conscience qui nous en libérait. Moi, en septembre 1968, j’ai connu ma première désillusion. J’ai compris que nous n’avons pas tous les mêmes valeurs. Et aujourd’hui, où en est-on ?

Cette aspiration à une vie libérée de ses entraves gagna tous les domaines : l’Eglise qui reçut là un mauvais coup, l’institution éducative dans un premier temps,  puis les entreprises par la suite : souvenez-vous de l’utopie des LIP en 1973.  Dans les années 70, les écoles parallèles et les crèches “sauvages” fleurirent, organisées par les parents eux-mêmes sur le modèle autogestionnaire inspiré de Freinet, car au fond la recherche était la même : élever enfants et adultes à la conscience de soi, sans recourir, autant que faire se peut, à la discipline autoritaire.

Ne devrait-il pas en être ainsi de la démocratie ? Au cours des siècles, on a vu que c’est la loi  qui pallie le peu de sagesse, de conscience ou de vertu des citoyens et que pour faire respecter la loi un pouvoir de coercition (gendarmerie, police) est indispensable. Aujourd’hui les forces de l’ordre ne sont même plus respectées, c’est donc la loi de la jungle. L’autodiscipline, le respect, la conscience… Où en est-on aujourd’hui ?

Cette maxime est décriée aujourd’hui, même par ceux qui la braillaient alors. Trahison ? Perte de conscience, de lucidité, de pureté ? Où sont passés les incorruptibles (pas Eliot Ness mais Robespierre) ? A bien y regarder, “il est interdit d’interdire” n’est ni plus ni moins qu’un appel à la sagesse et à la vertu. Pas de quoi avoir honte. Au contraire.

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