Connaissez-vous Marat ?

Je n’ai pas vraiment envie de sourire aujourd’hui. Il pleut. Il fait gris. L’Espagne va mal, je ne parle plus de la Grèce, de la France, de l’Italie. Je me demande comment tout cela va finir ?  Mais au fait, connaissez-vous bien Marat ? Oui, le Marat de la baignoire, celui de Charlotte Corday, celui du tableau de David et de nos vieux livres d’Histoire. Continuer la lecture

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La Réunion a brûlé

Une deuxième billet pour le 2 novembre 2011. Avez-vous du temps pour lire ? Voulez-vous en savoir un peu plus sur l’incendie ? Je vous propose de lire un mélange d’articles : le Journal de l’Ile offre, en plus de sa version papier, une version internet résumée sous le nom de Clicanoo que je recommande à ceux qui veulent avoir des nouvelles de l’île. Continuer la lecture

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Circulez !

Je n’arrive pas vraiment à quitter les ponts, ces liens entre les rives, entre les Hommes.

Et voilà où peut vous entraîner un pont Aval.

“Il m’a fallu une heure et quart pour parcourir ces quelques 15 kilomètres!” Continuer la lecture

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Grenelle…

Avant de publier, ce billet, je dois vous avouer qu’il y a bien longtemps que je ne m’étais pas fait autant plaisir à écrire (au pied levé). C’est un peu long mais j’espère que vous lirez. Moi, ça m’a fait du bien ce moment d’écriture. Continuer la lecture

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Couleur colère : en rouge et noir !

A quoi est-ce que je pense en cette fin de journée ? Sans raison, alors que tout va bien  (vite dit) : au rouge. Pas le rouge à boire, je préfère et de loin le champagne, mais au rouge, une couleur que j’aime. Je pense à nouveau à mon court article d’hier ; je n’ai pas beaucoup écrit, j’ai laissé Bernard Lavilliers vous chanter “Les Mains d’Or”… Et de là, voir rouge, se fâcher tout rouge : être ou se mettre en colère, il n’y a qu’un pas. Le rouge de l’acier en fusion et le noir des usines fermées. Comment ne pas crier ? Continuer la lecture

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Je voudrais travailler encore

Non, pas moi, j’ai donné. Et en plus, c’est dimanche. Et fête des mères… Assez. J’ai laissé ma place aux autres, à ceux qui voulaient et qui pouvaient. Non, le cri “je voudrais travailler encore”, ce sont des chômeurs qui le poussent.

Quand nous pensons au chômage, souvent nous viennent à l’esprit des sans-emploi, sans diplôme, sans qualification et sans grande envie de travailler, mais combien sont ceux qui ont consacré une vie à “leur entreprise”, celle qui les faisait vivre et qu’ils faisaient vivre et qui se retrouvent aujourd’hui à la rue ? Mondialisation, capitalisme, organisation inhumaine, profits maxima… Merci à tous ceux qui ont tué des emplois, des régions, des familles et des hommes.

Une chanson de Bernard Lavilliers  fait un état de la situation plein d’émotions :

Les Mains D’or

Cliquez sur le titre pour voir Bernard Lavilliers en concert, en duo avec Balbino Medellin (chanteur Parisien né en 1979, influencé par les cultures catalanes, espagnoles et gitanes.)

En cliquant sur la photo de Bernard Lavilliers, une autre version enregistrée, meilleure qualité. (C’est un diaporama : des photos d’usine et de travailleurs sans doute licenciés aujourd’hui et dans le meilleur des cas retraités)

Et enfin : les paroles.

Un grand soleil noir tourne sur la vallée
Cheminée muettes – portails verrouillés
Wagons immobiles – tours abandonnées
Plus de flamme orange dans le ciel mouillé

On dirait – la nuit – de vieux châteaux forts
Bouffés par les ronces – le gel et la mort
Un grand vent glacial fait grincer les dents
Monstre de métal qui va dérivant

J’voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or

J’ai passé ma vie là – dans ce laminoir
Mes poumons – mon sang et mes colères noires
Horizons barrés là – les soleils très rares
Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l’espoir

On dirait – le soir – des navires de guerre
Battus par les vagues – rongés par la mer
Tombés sur le flan – giflés des marées
Vaincus par l’argent – les monstres d’acier

J’voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or

J’peux plus exister là
J’peux plus habiter là
Je sers plus à rien – moi
Y a plus rien à faire
Quand je fais plus rien – moi
Je coûte moins cher – moi
Que quand je travaillais – moi
D’après les experts

J’me tuais à produire
Pour gagner des clous
C’est moi qui délire
Ou qui devient fou
J’peux plus exister là
J’peux plus habiter là
Je sers plus à rien – moi
Y a plus rien à faire

Je voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or…

Un grand soleil noir tourne sur la vallée

Cheminée muettes – portails verrouillés

Wagons immobiles – tours abandonnées

Plus de flamme orange dans le ciel mouillé

On dirait – la nuit – de vieux châteaux forts
Bouffés par les ronces – le gel et la mort
Un grand vent glacial fait grincer les dents
Monstre de métal qui va dérivant

J’voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or

J’ai passé ma vie là – dans ce laminoir
Mes poumons – mon sang et mes colères noires
Horizons barrés là – les soleils très rares
Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l’espoir

On dirait – le soir – des navires de guerre
Battus par les vagues – rongés par la mer
Tombés sur le flan – giflés des marées
Vaincus par l’argent – les monstres d’acier

J’voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or

J’peux plus exister là
J’peux plus habiter là
Je sers plus à rien – moi
Y a plus rien à faire
Quand je fais plus rien – moi
Je coûte moins cher – moi
Que quand je travaillais – moi
D’après les experts

J’me tuais à produire
Pour gagner des clous
C’est moi qui délire
Ou qui devient fou
J’peux plus exister là
J’peux plus habiter là
Je sers plus à rien – moi
Y a plus rien à faire

Je voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or…

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Il est Stéphanois, je suis Grenobloise, il y a une sorte de solidarité entre ces deux villes quasi équidistantes de Lyon. Une raison de plus pour moi de l’apprécier.

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Vivre avec 800 € par mois quand les banques enfument le monde

N’est-ce pas révoltant ?

Désolée, l’information du  jour n’est plus très fraîche et pas très gaie, mais ça n’a pas changé depuis le 15 avril 2011. Je vous l’envoie.

Par Jean Matouk | Economiste | 15/04/2011 | 16H00

Lundi 11 avril, France Inter reçoit, dans sa matinale, Christine Lagarde. Il s’agit d’un entretien suivi, comme à l’accoutumée, de questions d’auditeurs. Une retraitée expose : elle essaie de vivre avec 800 euros par mois et en réalité, sans les fortes privations qu’elle s’inflige, cette somme ne lui permettrait de vivre que quinze jours. Réponse de la ministre :

« Le gouvernement a tout a fait conscience de votre problème et c’est pour cela qu’il a décidé d’augmenter de 2% les pensions de minimum vieillesse. »

En fait, le gouvernement a augmenté le minimum vieillesse de 4,7% et les pensions, effectivement, de 2%. Notre retraitée va donc percevoir 16 euros de plus par mois. De quoi se plaindrait-elle ?

Le meilleur de l’entretien est à venir. Un autre auditeur s’inquiète de la capacité de l’Europe à continuer de venir en aide aux pays débiteurs en difficulté : Grèce, Irlande, demain Portugal, et ensuite ? Réponse (résumée) de la ministre : pas d’inquiétude ! L’Union européenne dispose d’un fonds de soutien de 500 milliards d’euros. Elle a de quoi aider. On en a encore sous le pied !

La petit dame à 800 euros n’écoutait peut-être plus la radio. Si elle l’écoutait, elle a dû être sidérée.

Christine Lagarde n’est pas en cause elle-même. Elle participe simplement d’un monde séparé par un vide effectivement « sidéral » de celui, réel, de millions de Français.

Quels discours a, en effet, entendu cette brave dame à 800 euros depuis trois ans ?

En 2008 puis 2009, notre chef de l’Etat lui a exposé que, pour éviter la récession, il injectait des dizaines de milliards dans notre économie ; vers la même époque, il lui a aussi expliqué qu’il était contraint d’avancer aux banques des dizaines d’autres milliards, pour éviter leurs faillites, tout en critiquant vivement, par ailleurs, leur gestion déplorable qui avait conduit à cette situation.

Il n’y a eu, en France du moins, aucune subvention aux banques : celles-ci ont remboursé les avances et versé des intérêts ; mais entre-temps, les démagogues d’extrême droite et gauche se sont époumonés à répéter qu’il y avait « de l’argent pour les cadeaux aux banques et rien pour les pauvres ».

Quand arrivent les résultats 2010, la même dame, puisqu’elle écoute France Inter, entend énumérer les résultats faramineux des banques, dont certaines étaient proches de l’agonie deux ans plus tôt :

  • 7,8 milliards pour BNP-Paribas ;
  • 3,6 milliards pour le Crédit Agricole ;
  • 3,2 milliards d’euros pour la Société Générale presque « ruinée » deux ans plus tôt par l’horrible Kerviel..

Elle entend aussi annoncer que les revenus des dirigeants des banques ont retrouvé à peu près leur niveau antérieur : 1,5 million pour l’un, 2,5 millions pour l’autre… Et aux Etats-Unis, de 10 ou 15 millions par an !

Mais ces malheureux dirigeants de banques ont un petit problème en Europe compte tenu des dispositions sataniques prises par les Etats qui les ont sauvés, deux ans plus tôt : elles leur interdisent de verser les mêmes boni qu’autrefois à leurs traders, ce qui fait fuir ceux-ci en Asie…

Il n’y a d’ailleurs pas que les banquiers. Les chefs des grandes entreprises aussi participent à la fiesta 2010 des millions :

  • Franck Riboud (Danone) : 4,4 millions ;
  • Bernard Arnault (LVMH) : 3,8 millions ;
  • Jean-Paul Agon (L’Oréal) 3,3 millions ;
  • Henri de Castries (Axa) : 3,2 millions ;
  • Larf Olofsson (Carrefour) : 3,1 millions, comme Gérard Mestrallet (GDF-Suez) ;
  • Martin Bouygues : 2,5 millions, à peu près comme Christophe de Margerie (Total) ;
  • Denis Kessler (Scor) : 2,3 millions, comme Henri Proglio, à l’époque à Veolia…

Comment ces gens, ou leurs délégués rémunérés à due proportion, peuvent-ils regarder en face et discuter le bout de gras, voire négocier, dans les comités d’entreprise avec les représentants de leurs salariés ? De telles différences de salaires créent des différences de nature. Ces interlocuteurs ne sont plus du même monde. Entre eux s’est créée une sorte de barrière des espèces

Par parenthèse, même lorsqu’on a, comme c’est mon cas, dirigé des banques, accueilli et fréquenté des clients très aisés, ayant de hauts patrimoines en gestion, on a quand même du mal à imaginer ce que ces hommes font de telles sommes une fois achetés l’appartement de 300 m2 au centre de Paris ou Bruxelles, la villa à Capri et le chalet à Davos, et consommées les vacances les plus luxueuses.

Ils font gérer les énormes surplus dans des fonds, ce qui accroît un peu plus la sphère financière en même temps que leurs revenus futurs. Rêvons ! S’ils avaient, depuis dix ans, investi chacun, chaque année, la somme – ridicule pour eux – de 300 000/400 000 euros par an, dans une ou deux petites entreprises technologiques en création, la France disposerait largement de sa Silicon Valley…

Les inventions attendent dans les labos, comme les docteurs ès sciences.

Et voici que notre même petite dame à 800 euros apprend, en mai 2010, que la Grèce est étranglée par sa dette, et que l’Europe et le FMI doivent voler à son secours, pour 45 milliards d’euros. Elle apprend, il y a un mois, qu’il faut d’urgence 24 milliards d’euros à l’Irlande pour racheter – devinez quoi – ses banques, et qu’aujourd’hui c’est le Portugal qui tend la sébile pour 75 milliards.

Comme le dit si prosaïquement madame Lagarde, heureusement que l’Europe « en a encore sous le pied ». Ce que la dame à 800 euros euros ne saura probablement jamais, c’est que ces Etats sont étranglés… par l’action des banques américaines et européennes. Celles-ci vendent à terme les dettes de ces Etats, provoquant la baisse effective du titre au comptant, engrangeant donc les bénéfices de leurs ventes à terme tout en faisant augmenter le taux que demandent les prêteurs pour renouveler le prêt.

Pire ! Dans le cas de la banque américaine Goldman Sachs, on découvre que c’est une de ses employées, particulièrement talentueuse, qui a aidé le gouvernement grec a maquiller les comptes de la Grèce avant l’entrée dans l’euro ! Compliqué ? Un peu ! Mais là est le secret de l’« enfumage » du monde entier par ces banques avec la complicité des Etats.

Conclusion : les Français sont vraiment très raisonnables. S’il ne l’étaient pas, aux élections régionales de 2010, comme aux dernières cantonales, le Front national et l’extrême gauche auraient dû à eux deux faire 80% des suffrages exprimés ! Avec la même abstention de 50% !

Mais notre petite dame à 800 euros, qui fait partie de ces Français bien sages, doit attendre bien tranquillement les 16 euros que lui a annoncés Christine Lagarde.

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La fin d’un secret de famille

Je vous ai promis de parler de vérité et de mensonge.

“Le mensonge et le silence arrangent bien des drames de famille. ” Tristan Bernard

Peut-être Tristan Bernard a-t-il raison, moi je ne crois pas. Le secret de famille nuit et il resurgit.

Il resurgit toujours.

Il resurgit en chair et en os trente ans après. Ou plus, ou moins.

Avant, il resurgit dans les difficultés de communication.

Il resurgit dans toutes les difficultés, sans qu’on le sache vraiment. Chez un enfant, il peut expliquer l’échec scolaire, car si on n’a pas le droit de savoir d’où on vient ou ce qui s’est passé dans l’histoire familiale, on s’interdit de savoir ce que l’école enseigne.

Chez les adultes, le secret de famille resurgit dans les  difficultés à intégrer les expériences nouvelles, c’est l’angoisse face à la nouveauté, de même il empêche de mémoriser les expériences passées et d’acquérir de la lucidité face aux nouveaux événements. Il est fréquent qu’un individu victime du secret ait tendance à fuir la réalité, dans son comportement : abus de travail ou d’activités, recours à l’imaginaire, au mensonge, à croire que l’autre ment ou dissimule l’essentiel parce que lui-même souvent tait ou déforme la vérité. L’intimité pose problème, on ne sait comment se comporter soit on devient trop curieux, soit on reste totalement indifférent, soit on est incapable de parler et/ou d’écouter l’autre.

Les secrets de famille touchent différents domaines : tout ce qui peut salir, l’origine, la sexualité, la stérilité, la maladie mentale, le suicide, ou tout ce qui peut nuire à l’image qu’une famille a  ou veut  donner d’elle-même, tout ce qui n’aurait jamais dû exister (devoir, voire !).

Le secret de famille, c’est la victoire du silence, des non-dits, du mensonge par omission. C’est le règne des petits singes :

  • Ne pas vouloir voir ce qui pourrait poser problème.
  • Ne rien vouloir dire de ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque.
  • Ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire « comme si on ne savait pas ».

Ces comportements d’autocensure traduisent à mes yeux l’irresponsabilité et la lâcheté. Quelqu’un m’a fait remarquer que c’était la politique de l’autruche : se mettre la tête dans le sable pour ne rien voir, ne rien dire et ne rien entendre en même temps. S’il me semble possible d’adopter temporairement cette attitude face à un “coup dur”, il faut toujours regarder la vérité en face, affronter la réalité.

Quand le secret de famille est-il révélé ? Lors d’un événement marquant pour la famille : mariage par exemple, et le plus souvent : décès. Un s’en va et un autre (plus ? ) arrive(nt). Pas forcément pour l’héritage mais simplement pour faire connaître leur existence. Légitime !

Mais que se passe-t-il quand le secret de famille s’étale au grand  petit jour ? Ca dépend du secret. Les abus sexuels peuvent faire éclater une famille par l’incompréhension réciproque et généralement des secrets en cascade. Une origine qui est dévoilée, c’est une famille qui s’agrandit et se disloque, ou s’agrandit et se soude.

Moi qui aime la franchise, qui suis un peu trop directe, trop brute à ce qu’il paraît, je n’aime pas les secrets de famille.

Il y a trente ans, j’ai vu, j’ai dit, on ne m’a pas entendu ; on a tu.  On m’a fait taire : j’étais dérangée, j’affabulais. Un (enfant) de plus ? Impossible. (Bien sûr… Ce sont des purs esprits dans cette famille.) Et maintenant, je dois faire comme si c’était une grande bonne surprise ? Couvrir la lâcheté  d’un ? Accepter le mensonge ? Cautionner des comportements qui me dérangent ? Oublier ? Ah, je manque de tact ?

Si le tact est une aptitude au mensonge alors, oui, j’en manque, souvent, j’aime trop la vérité.

Et vous ?

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