La fin d’un secret de famille

Je vous ai promis de parler de vérité et de mensonge.

“Le mensonge et le silence arrangent bien des drames de famille. ” Tristan Bernard

Peut-être Tristan Bernard a-t-il raison, moi je ne crois pas. Le secret de famille nuit et il resurgit.

Il resurgit toujours.

Il resurgit en chair et en os trente ans après. Ou plus, ou moins.

Avant, il resurgit dans les difficultés de communication.

Il resurgit dans toutes les difficultés, sans qu’on le sache vraiment. Chez un enfant, il peut expliquer l’échec scolaire, car si on n’a pas le droit de savoir d’où on vient ou ce qui s’est passé dans l’histoire familiale, on s’interdit de savoir ce que l’école enseigne.

Chez les adultes, le secret de famille resurgit dans les  difficultés à intégrer les expériences nouvelles, c’est l’angoisse face à la nouveauté, de même il empêche de mémoriser les expériences passées et d’acquérir de la lucidité face aux nouveaux événements. Il est fréquent qu’un individu victime du secret ait tendance à fuir la réalité, dans son comportement : abus de travail ou d’activités, recours à l’imaginaire, au mensonge, à croire que l’autre ment ou dissimule l’essentiel parce que lui-même souvent tait ou déforme la vérité. L’intimité pose problème, on ne sait comment se comporter soit on devient trop curieux, soit on reste totalement indifférent, soit on est incapable de parler et/ou d’écouter l’autre.

Les secrets de famille touchent différents domaines : tout ce qui peut salir, l’origine, la sexualité, la stérilité, la maladie mentale, le suicide, ou tout ce qui peut nuire à l’image qu’une famille a  ou veut  donner d’elle-même, tout ce qui n’aurait jamais dû exister (devoir, voire !).

Le secret de famille, c’est la victoire du silence, des non-dits, du mensonge par omission. C’est le règne des petits singes :

  • Ne pas vouloir voir ce qui pourrait poser problème.
  • Ne rien vouloir dire de ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque.
  • Ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire « comme si on ne savait pas ».

Ces comportements d’autocensure traduisent à mes yeux l’irresponsabilité et la lâcheté. Quelqu’un m’a fait remarquer que c’était la politique de l’autruche : se mettre la tête dans le sable pour ne rien voir, ne rien dire et ne rien entendre en même temps. S’il me semble possible d’adopter temporairement cette attitude face à un “coup dur”, il faut toujours regarder la vérité en face, affronter la réalité.

Quand le secret de famille est-il révélé ? Lors d’un événement marquant pour la famille : mariage par exemple, et le plus souvent : décès. Un s’en va et un autre (plus ? ) arrive(nt). Pas forcément pour l’héritage mais simplement pour faire connaître leur existence. Légitime !

Mais que se passe-t-il quand le secret de famille s’étale au grand  petit jour ? Ca dépend du secret. Les abus sexuels peuvent faire éclater une famille par l’incompréhension réciproque et généralement des secrets en cascade. Une origine qui est dévoilée, c’est une famille qui s’agrandit et se disloque, ou s’agrandit et se soude.

Moi qui aime la franchise, qui suis un peu trop directe, trop brute à ce qu’il paraît, je n’aime pas les secrets de famille.

Il y a trente ans, j’ai vu, j’ai dit, on ne m’a pas entendu ; on a tu.  On m’a fait taire : j’étais dérangée, j’affabulais. Un (enfant) de plus ? Impossible. (Bien sûr… Ce sont des purs esprits dans cette famille.) Et maintenant, je dois faire comme si c’était une grande bonne surprise ? Couvrir la lâcheté  d’un ? Accepter le mensonge ? Cautionner des comportements qui me dérangent ? Oublier ? Ah, je manque de tact ?

Si le tact est une aptitude au mensonge alors, oui, j’en manque, souvent, j’aime trop la vérité.

Et vous ?

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15 réflexions sur « La fin d’un secret de famille »

  1. J’ai appris à 46 ans que mon oncle était mon frère, sur le coup je n’ai pas aimé puis je fus heureuse d’avoir un frère et je n’en ai plus voulu à ma mère. Je n’en suis pas traumatisée ! Bonne journée, bise

  2. L’actualité de ces deniers jours nous prouvent que l’on tait beaucoup de choses , mais qu’elles ne sont pas secrètes pour tout le monde .
    Dans une famille c’est plus compliqué et tout de dépend de l’importance de ce dernier
    Mais on dit souvent , que la vérité n’est pas bonne à entendre , alors beaucoup se taisent.
    Douce journée
    Bisous
    timilo

  3. Moi aussi je suis une “amoureuse” de la vérité…J’ai horreur du mensonge. Mais je pense que parfois, quand ils sont dévoilés au bout de très longtemps, les “secrets de famille” peuvent faire beaucoup de mal….?

  4. la façon d’ y réagir, dépend beaucoup du tempérament de celui qui sait, mais ne peut dire.
    il faut aussi penser à la méchanceté des autres, et se demander si la révélation ne rendra pas la situation pire qu’ avant !
    autrement dit, je crois qu’ il faut étudier au cas par cas
    bonne journée
    amitiés

  5. Chère Françoise,
    Les secrets de ma famille, c’est la pire des choses !
    Il vaut mieux affronter la réalité afin d’en guérir, ou du moins essayer, afin de passer à autre chose.
    Les cas d’incestes par exemple qui ont été tus dans les familles, pour moi, c’est un crime.
    Je suis comme toi, je préfère passer pour brutale que de me taire.
    Je t’embrasse et te souhaite une bonne journée.

  6. chère Françoise, bonjour !
    Être ou ne pas être, dire ou ne pas dire , directe ou hypocrite sont soit des vertus ou des défauts pour les humains. A trop parler , on dérange , à ne rien dire , on offense mais quelle est la limite ? Être surfait et aux aguets ou dire tout le temps ce que l’on pense ou ressent ? Le Secret de famille ou bouche cousue-rien vu est une censure plus odieuse à mes yeux que l’acte lui même = être contraint (e ) d’oublier ou d’effacer un drame si horrible car soit imposé par la Tribu par peur de l’isolement ou soit par peur du scandale , du paraître, de l’inconcevable, de la culpabilité ( Sentiment plus ou moins diffus de commettre une faute ) ou tout simplement du Bien pensant …!
    Celui qui assume et s’assume tel qu’il est , ne fera jamais de la trahison , du mensonge , un emblème . On peut et on se doit de se montrer à soi et aux autres = la réalité de notre personnalité, qu’importe que cela blesse parfois l’autre ou les autres car à trop vouloir penser que cela soit égoïste , on laisse la porte ouverte à des propos insultants , à des actes individualistes ou bien des fantômes d’humains ! Je ne serais jamais celle qui se taira face à un secret immonde sur un être humain ….Maintenant , on nous demande un minimum de respect face au cercle , face au monde , face aux amis , face à la famille car exposer sa nature ” brut de pomme” peut être mal interprété si pas de communication ou savoir utile à mon encontre…Parfois j’explique ou réponds à une demande d’informations mais je ne me justifie jamais sur ce que je suis ou ce que je fais ! je suis en accord avec moi même mais viendra un jour ou je ne le serais pas alors là = aurais je la capacité de l’analyser , de le comprendre ou voir simplement de le percevoir ?

  7. Je pense qu’il faut toujours dire la vérité, même si sur le coup elle peut blesser. Ne rien dévoiler peut faire croire que tout va bien en apparence mais je suis d’accord avec toi pour dire que tout resurgit toujours, que tout finit par se savoir, même au bout de nombreuses années.

  8. Bonjour Françoise, autrefois, il y avait beaucoup de secrets de faille, maintenant tout se dit, tout se sait, cela a beaucoup changé.
    Je dirais comme Trublion, tout dépend du secret !

  9. Je ne sais pas si j’ai ou je manque de tact , mais quand je mens cela se sent et se voit
    Aussi j’essaye de ne pas mentir
    Douce journée, Françoise
    Bisous
    timilo

  10. Tout comme toi je prône la vérité à tout prix ! Il n’y a rien de pire et de plus destructeur qu’un secret de famille !

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