Mytho… J’entends souvent ce mot dans la bouche de bien plus jeunes que moi. Mytho avec des variantes : le mot “mytho” tout simple qui signifie menteur utilisé comme nom commun classique ou comme interjection ” Mytho !” quelquefois renforcé par l’adjectif gros : “gros mytho !” et le mytho devient verbe qui signifie mentir : “tu mythos, il mytho”… Surprenant ! C’est l’évolution d’une langue vivante. Par contre quand je dis qu’une personne est mythomane, cela va bien au delà du mensonge. Le mythomane est souvent un malade mental.

Le mythomane recourt de manière  permanente au mensonge ce qui est pour lui une façon de fuir la réalité qu’il altère pour la rendre conforme à ses attentes et à sa vision des choses. Il est persuadé que les autres croient à ses fabulations malgré ses incohérences. J’avance en âge et je me rends compte que j’en ai croisé déjà quelques-uns, c’est surprenant, angoissant aussi..

Le mythomane se rend-il compte qu’il ment ? Je ne sais pas. Je pense que, s’il est malade comme je le crois, il est incapable de faire la distinction entre la réalité et ce qui est le fruit de son imagination. Ses mensonges ne seraient pas vraiment intentionnels mais lui permettraient de faire accepter sa réalité et son imaginaire aux autres. Il nécessite sans doute des soins psychiatriques.

Si le mythomane ne supporte pas la réalité, c’est peut-être parce qu’il ne se supporte pas lui-même, il s’agit d’une pathologie du narcissisme qu’il faut traiter  : le mythomane se dépeint sous les traits d’un autre pour se sentir exister, pour être un individu plus brillant qu’il ne l’est.

Il existe différentes formes de mythomanie : la personne qui en est atteinte se vante, elle sait tout et réussit dans tous les domaines mais si le vantard transforme une réalité, le mythomane invente une autre réalité ; le mythomane souffre en général d’un complexe d’infériorité, il invente tout et n’importe quoi, une autre vie, avant et ailleurs. (“À beau mentir qui vient de loin” dit un proverbe ; on peut facilement raconter des mensonges quand ce qu’on dit n’est pas vérifiable et si personne ne peut contredire le discours mais internet permet des vérifications, les menteurs peuvent se faire prendre plus facilement : fichiers d’anciens élèves, listes des diplômés et des résultats de concours…).

Malheureusement, un mythomane sent rarement le besoin de se faire suivre par un psy(quelque chose) puisqu’il n’a pas conscience lui-même de son déni de la réalité. Ce sont ses proches qui, la plupart du temps, demanderont conseil auprès de leur médecin-traitant lorsqu’ils seront las d’endurer les mensonges et leurs conséquences, car il y a de graves répercussions quelquefois..

Contrairement au monde idéal dont nous avons tous plus ou moins rêvé, la réalité offre des côtés bien sombres. Les mythomanes ne sont pas de simples menteurs, ils croient réellement à leurs histoires, ils s’inventent une vie pour combler leur propre vide existentiel. Si leurs mensonges sont démasqués ou q’ils sentent qu’ils vont être découverts, ils se sentent  en danger et ont des réactions pouvant être extrêmement violentes comme Jean-Claude Romand, qui après s’être fait passer durant des années pour un médecin de l’OMS alors qu’il restait des journées entières dans sa voiture, a fini par tuer femme et enfants, avant d’essayer d’attenter à ses jours. Qu’en est-il de Xavier Dupont de Ligonnès qui a assassiné sa famille puis a disparu ?

Comment comprendre, comment démasquer ceux qui nous entourent avant qu’il ne soit beaucoup trop tard ?