Mais qui donc a dit “il ne faut jamais dire jamais” ? Un(e) plus âgé(e) ? Ah les donneurs de leçons ! Ils nous fatiguent surtout quand on est jeune. Avec le temps, on les écoute davantage mais aussi avec plus de recul. D’où vient cette expression rabâchée tant de fois ?
Cette expression daterait du Moyen Âge mais personne ne peut affirmer mordicus que c’est vrai.
Il semble que c’est à cause de ce qui est arrivé à un ivrogne dont l’histoire est racontée dans une fable de cette époque. Le soulard avait juré ses grands dieux que jamais, au grand jamais, il ne boirait une goutte d’eau pourtant, un soir de beuverie alors qu’il avait forcé encore plus que d’habitude sur la bouteille, donc plus que gris, bien noir, rond en un mot (comme une queue de pelle, saoul comme un Polonais), il tenta de rentrer chez lui, très difficilement compte tenu de son état ; il chuta dans la fontaine du village et s’y noya, buvant la tasse comme on dit. Ses compagnons, en apprenant le drame, se dirent que ce pauvre bougre n’aurait jamais dû jurer qu’il n’ingurgiterait jamais la moindre goutte d’eau. L’expression “il ne faut jamais dire jamais” équivaut à dire “fontaine, je ne boirai jamais de ton eau” et vient de cette triste histoire. Elle signifie que l’on ne peut affirmer ne pas faire un jour quelque chose qui semble totalement impossible à un moment donné. Tout change. Plus incisif encore : “il ne faut jurer de rien”.
Une autre explication existe, plus récente (XIXeme siècle) : en 1867, l’unité italienne était encore inachevée et Victor-Emmanuel II régnait sur l’Italie grâce à l’appui de Napoléon III mais Rome et la région du Latium restaient aux mains du pape. La France se posait donc en arbitre de la querelle transalpine, «Fille aînée de l’Église», elle était garante du pouvoir terrestre exercé par le souverain pontife sur la Ville éternelle. Après avoir fait échouer un coup de main du nationaliste Giuseppe Garibaldi sur l’État pontifical, le Premier ministre français, Eugène Rouher, s’exprima énergiquement le 5 décembre à la Chambre : « Nous déclarons que l’Italie ne s’emparera pas de Rome. Jamais, jamais la France ne supportera une telle violence faite à son honneur, faite à la catholicité ! » Le chef du gouvernement était en effet contesté par les députés de gauche, favorables à l’unité italienne mais Napoléon III le désavoua peu après : « Il ne faut jamais dire jamais », déclara-t-il prudemment, usant de la sagesse populaire. Il avait pressenti que la situation ne dépendait que de son propre sort. Le 2 septembre 1870, l’Empereur des Français abdiquait, vaincu par l’armée prussienne. Le 20 septembre, l’armée italienne investissait Rome quasiment sans combattre. Privée de son protecteur, la cité devint enfin la capitale du royaume d’Italie, et le pape se réfugia dans ses palais du Vatican, proclamant à son tour que jamais l’Église ne reconnaîtrait ce coup de force sacrilège. La reconnaissance de cet état de fait intervint finalement en 1929, avec les accords du Latran signés entre Mussolini et Pie XI.
Mais quelles sont les “bonnes raisons” de ne pas dire jamais :
- parce qu’avec le temps on peut changer d’avis, de goûts et de caractère. Le pire : «Jamais je ne serai comme ma mère ». Aïe, aïe, aïe… Et pourtant, on se rend compte que quelquefois, on lui ressemble (heureusement pas dans ce qu’elle avait de pire),
- parce qu’on ne maîtrise pas tout et que le hasard fait quelquefois bien
malles choses, - parce que dire « jamais » c’est se priver de tas de possibilités, de se fermer des portes,
- parce que c’est aussi pouvoir se dépasser : «Jamais je n’y arriverai » ; bien sûr que oui, on peut quand on veut vraiment et, en plus, des surprises arrivent souvent, aussi.
La locution “si jamais“ donne à cet adverbe un sens un peu différent, celui de “au cas où” mais jamais-dit (jamais-vu, jamais-entendu, etc.), est un nom masculin singulier qui signifie bien ce qui n’a jamais été dit (vu, entendu, etc.) et le jamais-vu, c’est la situation, la pratique, les agissements tout à fait exceptionnels et qui font sensation : “un président comme le nôtre, ça, c‘est du jamais-vu.”
Pour finir avec l’espoir de jours enfin meilleurs, je vous rappelle ce verbe qui donne tant de possibilités qu’avec lui pas de jamais, le plus joli palindrome de la langue française : REVER, dans un sens comme dans l’autre.
et bien, cela a permis de rappeler un peu d’ histoire franco-italienne face à la papauté !
Il n’ y a qu’avec la mort qu’on peut dire jamais, pour le reste, rien n’ est jamais sur, et le verbe rêver a son opportunité !
Passe une bonne journée Françoise
Bisous
merci pour cette article chere Françoise, jamais, tout à fait il ne faut jamais juger de rien ! tout est possible , je ne connaissais pas l’histoire de Rome ! on peut toujours rêver! tout est possible !amities et bises