Idées en vrac du dimanche soir, jour 48 du confinement.
Le temps en philosophie est l’un des sujets majeurs. Alors que dans l’Antiquité, Platon accorde peu de place au temps dans sa pensée, Kant, au XVIIIe siècle voit dans le temps un milieu homogène et indéfini dans lequel se déroulent les événements qui donnent à réfléchir. Le temps est un instant perçu comme un changement continuel et irréversible ; le présent devient immédiatement le passé.
Qu’est-ce que le temps pour les philosophes sinon une donnée à laquelle on ne peut se soustraire ?
Le temps renvoie à l’éphémère, à la “finitude” de l’homme, c’est le cadre indépassable de son existence. Pour Pascal, le temps provoque un effroi, lié au sentiment de l’infini (et du fini) :
“L’homme est un point perdu entre deux infinis“
Pourquoi la perception du temps varie-t-elle d’un individu à l’autre et même pour un même individu ? Pourquoi le temps passe-t-il plus vite ou plus lentement ? Il tient compte des situations dans lesquelles se trouve un individu.
L’épidémie de Covid-19 devrait nous amener, tous, à réfléchir sur notre existence et sur le monde qui nous entoure, ainsi nous philosopherions tous sans le savoir comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir lui aussi.
En cette période de confinement, nous ne pouvons plus vivre comme nous en avions l’habitude, il faut réorganiser complètement notre emploi du temps. Avant, il fallait se dépêcher pour s’habiller, aller travailler, faire ses courses ou ses devoirs, cuisiner, se laver, se brosser les dents, se coucher… Avant nous avions un emploi du temps plus ou moins régulier, varié et (trop) bien rempli en général. Nous avions même l’impression de ne pas avoir assez de temps pour tout faire et encore moins du temps «pour soi». Aujourd’hui on ne peut plus sortir et si certains peuvent trouver le temps (très) long, pour d’autres, les journées continuent à passer trop vite et pourtant une journée est toujours constituée de vingt-quatre heures comptant chacune les mêmes soixante minutes pour tout le monde, les horloges le prouvent, c’est le temps «physique». C’est notre impression sur sa durée qui varie : vingt minutes de détente passent en général plus vite que vingt minutes au travail, en classe ou chez le dentiste.
Pendant le confinement, certains font l’expérience de l’ennui (quelques-uns ont même l’habitude de sentiment), le temps passe lentement, les minutes semblent durer des heures. C’est cette sensation de vide, d’inutile qui déprime et désespère. Nous avons pourtant tous une capacité qui devrait éviter l’ennui (malheureusement pas la déprime, au contraire) : l’imagination. On peut alors voir le monde qui nous entoure différemment ; on peut regarder les nuages, écouter le silence ou les oiseaux, faire la liste de ses plus beaux souvenirs et pourquoi pas celle de ses plus beaux projets (mais là ce peut être plus difficile) ; “se souvenir des belles choses” est un bon début pour se sentir mieux.
Profitons de ce temps libéré même s’il n’est pas «libre» pour penser à ce que l’on veut pour demain. Et si ce confinement devenait une chance ? Pouvoir changer son comportement, changer la société en refusant les manipulations, les directives autoritaires, les suppressions de liberté, les contraintes financières multiples, si nous mettions ces moments à profit pour faire des listes de ce que nous ne voulons plus et des listes de ce que nous désirons vraiment. Si nous cessions de penser en valeur marchande mais plutôt en qualité de vie. Il y en a des “choses” à revoir. Apprenons à réfléchir et à réveiller notre esprit critique et notre créativité.
Les moments difficiles que nous traversons ont prouvé que certains étaient capables de dévouement, d’abnégation, d’imagination, de gentillesse, bien sûr il y a les autres trop bien conditionnés par le système, bêtes et méchants, menteurs, profiteurs, lâches et même délateurs. J’avoue que j’ai eu des moments de désespoir quand j’ai entendu dire que les policiers étaient débordés par les appels de dénonciation de voisins et quand j’ai pensé que ceux qui applaudissaient le soir à 20 heures les soignants, étaient capables de demander (anonymement, bien sûr) à ces mêmes soignants, leurs voisins de quitter le quartier, l’immeuble… Pas très joli. Et puis il y a eu les autres, ceux qui ont continué leurs méfaits (vols et viols par exemple) sans que personne ne voit et des égoïstes inconscients qui se sont baladés à travers la France ne pensant qu’à eux-mêmes soit pour se mettre à l’abri (on peut comprendre) soit pour ne pas perdre leurs jours de vacances (égoïstes) soit encore pour se faire admirer (promenades présidentielles inutiles ; il occupe déjà beaucoup (et surtout trop longuement chaque fois) les écrans de télévision, Manu. Et jamais clairs ses discours ! Le président s’essaie aux exercices de rhétorique mais il y a des efforts à faire pour devenir bon rhéteur.
Bon, j’arrête, je vais me changer les idées avec quelques chansons sur le thème du temps. Mon tiercé du jour :
- Vita et Slimane : “Le temps”
On aimerait tous avoir le temps
Mais qu’est-ce que le temps quand on en a pas
On donnerait tout mais pour autant
Ce n’est que du vent si l’on ne sait pas
- Charles Aznavour : “Le temps”
Le temps de la vie
Le temps qui vient
Jamais ne s’arrête
Et je sais bien
Que la vie est faite
Du temps des uns
Et du temps des autres
- Léo Ferré “Avec le temps”… Mon titre préféré sur ce thème.
La chanson « Avec le temps », sortie en 1970, est une chanson tragique inspirée des désillusions amoureuses de Léo Ferré et qui devient l’un de ses plus grand succès. Le chanteur évoque la fuite du temps et ses effets sur l’amour. Révolte ou résignation ?
Ferré chante la condamnation implicite du couple, c’est une vision pessimiste de l’amour exprimée par la récurrence du verbe « oublier ». Il est désespéré, pas vraiment résigné.
Il est révolté car en amour il y a bien des mensonges : «un serment maquillé qui s’en va faire sa nuit» (comme les P…« regard/ fard », « bijoux/ sous », « fourbu/ perdues »…). «Les mots des pauvres gens», amoureux qui sont «glacés», «floués», trompés. Il ne faut pas oublier que Ferré était un.«anarchiste» et qu’il pensait que le couple comme institution est voué à l’échec plus encore dans une société marchande : «l’autre à qui l’on donnait du vent et des bijoux», «l’autre à qui l’on eût vendu son âme pour quelques sous».
Et l’on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment… avec le temps… on n’aime plus.
Le temps tue l’amour. Pessimisme. Sans doute.
Et l’on se sent tout seul peut-être mais peinard…
Comme quoi l’ esprit détermine la durée du temps !
Tout dépend des circonstances, de l’époque, de l’état d’ esprit !
En fait n’existent que le passé et le futur !
Cela dit, j’ai beaucoup de mal à comprendre que l’étoile que j’aperçois dans le ciel est éteinte depuis des millions d’années !
Joli choix de chansons, et Vitaa et Slimane m’ a plu aussi
Bonne journée Françoise
Bisous
bonjour chere Françoise , oui curieuse epoque que nous vivons , je la passe surtout sur internet et lecture, un peu au jardin, j’ai l’habitude vivre seul, ça ne me derange pas trop, mes seules sorties etaient le club canin, et les courses au supermarché, le club est fermé, ça ne semble pas trop preoccuper mon chien, et mes courses sont faites par ma fille qui dejeune de plus avec moi, le soir c’est le fils voisin proche qui vient diner avec moi , il y a pire comme situation ! j’ai meme l’impression que les jours et les semaines passent plus vite ! merci pour tes chansons, j’adore Leo Ferré , tres interessant cet interview du scientifique genevois que je t’ai envoyé, ça donne à reflechir ! porte toi bien, amities et bises
Pessimisme ? Non, réaliste je dirais !