La Fournaise est entrée en éruption ce matin du lundi 18 février 2019, sans doute pour fêter l’arrivée de mon mari mais le jaillissement a fait long feu, c’est bien cela, elle n’a pas duré longtemps : spectaculaire mais brève. C’était la première manifestation du volcan pour l’année 2019, il y en aura certainement d’autres.

Il ne faut pas oublier que le Piton de la Fournaise compte parmi les volcans les plus actifs de la planète ; par la fréquence des nouvelles éruptions, il tient probablement le premier rang mondial, par le volume moyen émis de lave, il est environ dix fois moins productif que le Kīlauea mais comparable à l’Etna.

Depuis l’installation en 1979 de l’observatoire volcanologique, le piton de la Fournaise est l’un des volcans les plus surveillés. Son accès est relativement aisé ce qui permet au public de voir des projections et des coulées de lave, malheureusement les Réunionnais, infantilisés ces dernières années, sont de plus en plus souvent privés de ce spectacle par les “autorités”. Jadis, nous montions pique-niquer sur les flancs du volcan sans qu’il arrive le moindre accident mais depuis, c’est interdit : principe de précaution. Pourquoi ce principe n’est-il pas utilisé pour la consommation d’alcool, de drogue, la conduite des voitures, l’utilisation des armes (que ce soit celles des chasseurs ou celles des policiers), etc ?

Je reviens au volcan, un gentil volcan de La Réunion qui ne tue pas (sauf deux ou trois imprudents) et qui cause rarement des dégâts.

Il est constitué d’un large dôme, au milieu d’une grande zone d’affaissement appelée l’enclos et il coule presque toujours dans cette zone sauf en 1977 (Sainte Rose) et en 1986 (Le Tremblet).

L’enclos forme un grand « U », d’environ treize kilomètres de longueur sur neuf kilomètres de largeur, ouvert à l’est sur l’océan Indien. Il est entièrement ceinturé de falaises, appelées remparts qui le surplombent d’une hauteur de 100 à 400 mètres. La partie haute, dite « l’enclos Fouqué » est une zone assez plate à  2 000 mètres d’altitude. La partie basse, appelée Grand Brûlé, s’étale jusqu’au rivage. Le cône du piton de la Fournaise, d’un diamètre d’environ trois (3) kilomètres surmonte l’enclos Fouqué jusqu’à l’altitude actuelle de 2 632 mètres et présente deux cratères :

• le cratère Bory, à l’ouest, le plus petit : 350 mètres de longueur et 200 mètres de largeur, était déjà présent au début de la colonisation de l’île et a été nommé lors même de l’expédition menée en 1801 par Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, naturaliste et géographe français qui réalisa la première carte des coulées de ce volcan en 1802 ;
• le cratère Dolomieu, à l’est, est le plus grand cratère avec 1 000 mètres de longueur et 700 mètres de largeur, apparu en 1791 et ainsi nommé par Bory en hommage à Déodat Gratet de Dolomieu (1750-1801), géologue et minéralogiste français spécialiste du basalte.  Notez bien qu’à la suite de la vidange de la chambre magmatique à la fin de l’éruption de début avril 2007, la quasi-totalité du fond du cratère s’est effondré le 7 avril 2007 pour atteindre une profondeur de 300 mètres par rapport aux bords du cratère. Du changement au sommet !

Je vous offre en supplément un calendrier des  éruptions récentes de 2018 et un récapitulatif des dix dernières années :

• du 15 septembre 2018 à 4h25 du matin au 1er novembre 2018.
• du 13 juillet 2018 à 4h30 du matin et fin le jour même à 22 heures
• du 27 avril 2018 au 1er juin 2018.
• du 3 avril 2018 au 4 avril 2018.

Après une période d’inactivité de plus de cinq ans entre 1992 et 1998, le piton de la Fournaise est redevenu très actif avec l’éruption grandiose de mars 1998 qui  dura cent-quatre-vingt-seize (196) jours.

Depuis la grande éruption de 2007 d’une rare intensité, les éruptions se sont déroulées assez régulièrement à l’intérieur du cratère Dolomieu effondré :

• du 21 septembre au 2 octobre 2008,
• du 27 au 28 novembre 2008 ,
• du 15 décembre 2008 au 4 février 2009,
• deux éruptions « éclair » de quelques heures sont survenues fin 2009, le 5 novembre 2009 et le 14 décembre 2009,
• du 2 au 12 janvier 2010,
• du 14 octobre au 31 octobre 2010,
• du 9 au 10 décembre 2010,
• suivent trois années et demie de repos puis une brève éruption se déclenche le 21 juin 2014 pour s’achever le jour-même,
• du 4 février au 15 février 2015,
• du 17 mai au 31 mai 2015,
• du 31 juillet au 2 août 2015.
• du 24 août au 31 octobre 2015 plus de deux mois de surprises, arrêts et reprises,
• le 26 mai 2016, nouvelle éruption de quelques heures,
• du 11 septembre au 18 septembre 2016,
• le 31 janvier 2017, une éruption se déclenche et dure vingt-sept (27) jours
• le 17 mai au 30 mai 2017 
• le 14 juillet au 28 août 2017

Pour avoir vécu à La Réunion, durant de nombreuses années, ce n’est pas le volcan qui est le plus dangereux là-bas et d’une manière générale, on n’a pas grand chose à craindre de lui.

Cette éruption, la première de 2019 a été brève. À quand la prochaine ?