La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, était invitée au débat qui suivait l’émission «Enfants placés : les sacrifiés de la République», ce mercredi 16 janvier 2019 aux côtés d’invités dont certains étaient d’anciens enfants placés comme Lyes Louffock, auteur du livre Dans l’enfer des foyers (2014). Elle n’est pas venue. La question est : pourquoi ? Mépris, je m’ne-foutisme, honte, peur ? Peu importe, elle n’est pas venue. C’est tout. Elle avait à faire ailleurs. Pourquoi se préoccuperait-elle de ces riens, hein ?

Le journaliste d’investigation Sylvain Louvet a enquêté pendant huit mois dans des foyers (en caméra cachée au début), dans des familles d’accueil (rares sont celles qui ont accepté de répondre) et auprès d’anciens enfants placés ; il a réalisé ce documentaire qui décrit en une heure et demie un “dysfonctionnement institutionnel” dans lequel les structures censées protéger les enfants de la violence développent leur propre violence. On en arrive à se demander si certains enfants ne seraient pas mieux dans leurs familles.

330 000 enfants sont placés chaque année en France. Détruits par leur errance de foyer en foyer, la négligence, l’abandon, la violence et les abus sexuels. Beaucoup de ces enfants échoueront à s’insérer une fois adulte. “Un quart des SDF sont d’anciens enfants placés“. Une “bombe à retardement“, c’est la question finale de ce reportage dans lequel on apprend que 8 milliards d’euros sont dépensés chaque année.

8 milliards de nos impôts dont une grande partie est gaspillée car le système ne fonctionne pas correctement. Ce qui revient si vous faites le calcul en moyenne 24 242 euros par enfant par an soit 2 020 euros par mois.

“Educateurs” embauchés immédiatement après un rapide entretien sans diplôme ni expérience et sans même fournir d’extrait de casier judiciaire. C’est fort pour travailler avec des enfants. (L’affaire Emile Louis, lui aussi ex-enfant de l’Assistance Publique, n’a pas donné à réfléchir aux responsables de structures d’accueil de jeunes.)

Des enfants victimes d’abus sexuels de la part de leurs pairs continuent à vivre au côté de ces derniers. Une responsable se déclare impuissante. “On les met où ces enfants ?” Elle s’inquiète du sort des “enfants” violeurs. Le pire est atteint quand on apprend que des mineurs de quinze ans sont abandonnés par l’aide sociale à l’enfance dans des hôtels pourris de la banlieue parisienne pour 80 euros ou plus par nuit. Belle rente de situation pour ces infâmes logements.

Que penser du fait que des jeunes adultes sont mis impérativement à la rue le jour de leur dix-huitième anniversaire ?

Il faut véritablement prendre conscience de ce que vivent ces enfants qui ont mal commencé dans la vie à cause de parents violents, absents ou incapables de s’occuper d’eux. La suite n’est pas mieux. Côté foyers et familles d’accueil, les contrôles sont rares. Certaines assistantes familiales condamnées pour maltraitance continuent à accueillir des enfants tout comme des employés de foyers conservent leur emploi malgré leurs “fautes”, leurs “erreurs”.

J’arrête. Si vous n’avez pas vu, allez voir, sur youtube on trouve déjà la vidéo (elle est juste au dessous). Courage ! Moi j’ai eu du mal à regarder ça.

Et pendant ce temps-là, en haut lieu, on continue à gaspiller et à laisser faire. Ça doit arranger bien du monde de ne rien voir.