De l’école, je suis passée à Sardou et j’y suis restée. Critiqué, apprécié, détesté ou aimé, Michel Sardou ne laisse pas insensible. Je dois dire que même si j’aime beaucoup ce chanteur je ne fais pas partie des fans fous (fan, ça me fait penser à fanatique et la passion qui anime quelques fans est folie sans doute.) J’aime ses chansons et apprécie souvent ses choix.
J’ai découvert Sardou avec sa chanson “Et mourir de plaisir”. Vous en souvenez-vous ?
C’était début 1970.
En 1971, Michel Sardou est taxé d’homophobie à cause du Rire du Sergent : « le rire du sergent, la folle du régiment, la préférée du capitaine des Dragons »
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plus tard il s’expliquera en évoquant son service militaire : « Au moment de déclarer ma profession, j’annonçai “artiste” et, comme partout, lorsqu’on est artiste et un artiste inconnu, on fait forcément un métier de pédé. […] Vous savez maintenant que Le Rire du sergent n’était ni une attaque, ni une revanche. Le “pédé”, c’était moi. ».
1973, année faste en polémiques dans la vie du chanteur, ça commence fort avec Les Villes de Solitude, ce texte sombre, violent sur un homme frustré, malheureux, plein de violence contenue par la morale :
Moi le passant bien protégé
Par deux mille ans de servitude
Et quelques clous sur la chaussée
“je” rêve « éclater une banque, de me crucifier le caissier» et étouffe ses pulsions sexuelles mais tout reste de l’ordre du fantasme, l’homme dessoûlé se résigne :
Quand l’alcool s’est évaporé
Je replonge dans la multitude
Qui défile au pas cadencéJ’ai peur d’avoir brisé des vitres
D’avoir réveillé les voisins
Mais je suis rassuré très vite
C’est vrai que je ne casse rien
Or c’était dans les années 70 et le M.L.F. s’est indigné de ces mots-là : “J’ai envie de violer des femmes” et manifeste son mécontentement lors des concerts. Toujours ce problème d’incompréhension des mots et des idées.
Sardou prône l’évolution de la société et la même année, il chante Le curé et cette fois c’est du célibat des prêtres qu’il est question. Sardou fait mouche avec la description du quotidien d’un jeune curé qui s’ennuie, seul et délaissé par ses paroissiens « qui se damnent » et qui, le soir, se met à prier «Ah mon Dieu, si on était deux, pour t’aimer pour te servir on ne serait pas trop de deux» faisant un constat amer «Accorde-moi cette faveur. Si tu ne m’entends pas, Seigneur, demain on fermera ton église». Aussitôt l’Église manifeste son mécontentement et menace Sardou d’excommunication.
En 1975, Michel Sardou chante Le France et alors qu’il était taxé depuis ses débuts d’être à droite, voilà Sardou salué par le PCF et la CGT ! Retour sur l’histoire : en 1960, la marine française met à l’eau ce qui deviendra sa fierté : le paquebot transatlantique le France. Mais en 1974, Valéry Giscard d’Estaing décide de le désarmer, le jugeant trop peu rentable et malgré la résistance de l’équipage, en septembre 1974, le bateau est amarré au quai de l’oubli, au Havre. Si Sardou est salué par la CGT et même le PCF, il faut reconnaître que les mots ne peuvent laisser indifférent :«J’étais un bateau gigantesque capable de croiser mille ans. J’étais un géant, j’étais presque, presqu’aussi fort que l’océan.» , Sardou visionnaire met en parallèle le devenir du paquebot et celui du pays :
J’étais la France, Qu’est-ce qu’il en reste ? Un corps-mort pour des cormorans.
En 1976, c’est J’accuse, texte en référence directe à l’article de Zola dans l’Aurore pour défendre le capitaine Dreyfus, Michel Sardou accuse les hommes «un par un et en groupe», il les attaque en écologiste : «J’accuse les hommes de salir les torrents, d’empoisonner le sable des enfants […] De pétroler l’aile des goélands, d’atomiser le peu d’air qu’ils respirent» ; il dénonce la course inutile pour la domination spatiale : «J’accuse les hommes de violer les étoiles pour faire bander le cap Canaveral» (devenu cap Kennedy), le goût de la violence : «J’accuse les hommes de crimes sans pardon au nom d’un homme ou d’une religion» et de bêtise ce qui les mène aux pires excès : «J’accuse les hommes de se croire des surhommes alors qu’ils sont bêtes à croquer la pomme! […] De s’enfumer pour moins se voir mourir.[…] J’accuse les hommes en un mot comme en somme, j’accuse les hommes d’être bêtes et méchants».
Bêtes à marcher au pas des régiments, De n’être pas des hommes tout simplement.
En 1990, le temps a passé, Sardou a vieilli, s’est adouci, il chante Le Privilège. Texte sensible et touchant, Sardou évoque les doutes et les peurs d’une jeune homme qui veut avouer son homosexualité. Est-ce la fin des malentendus entre Sardou et certains Français ?
Pour tout vous dire, j’aime bien les textes qui dérangent. J’avais écrit il y a quelques années un billet sur la chanson engagée.
J’aime sardou et… paul et mike sont pas mals non plus ! 🙄
Comme je l’ai dit, j’aime toutes ces chansons car elles ont toutes un sujet, qu’il dérange ou pas, ce ne sont pas des mots de nunuche !
Bon mardi, avec des résultats positifs ! 😉
Mais, comme toujours, en continuant les soins.
Bisoux, ma françoise ♥
Quand j’ écoute les chanteurs actuellement en vogue, je me dis qu’ ils correspondent à cette époque vide de tout !
Pas de voix, des textes de cours préparatoire.
Sardou, c’ est quand même autre chose, avec des textes qui se tiennent et la délivrance de messages !
Toutefois, de tout son répertoire, c’ est la neige que je préfère, sans que je puisse te donner la moindre explication !
https://youtu.be/iqMaQju4TAE
Passe un bonne journée Françoise, merci pour toutes ces chansons
Bisous