J’ai terminé mon précédent billet en me demandant qui hérite des casseroles ? La règle veut que la succession consiste au partage des biens et des dettes du défunt entre ses héritiers. Dettes à payer, c’est clair mais les biens acquis de manière plus ou moins morale, on oubliera l’immoralité ou on héritera des casseroles ? C’est un peu dur mais c’est un problème moral réel qui se pose.
Celui qui part laisse tout, il ne faudrait pas oublier qu’« un linceul n’a pas de poche » moi je dis plutôt : “aucun camion de déménagement ne suit le corbillard”. Karl Marx et d’autres après lui ont dénoncé le fait que l’héritage est l’un des moyens par lesquels la classe dominante se maintient au pouvoir, argent et pouvoir étant intimement liés. Hériter, c’est presque toujours recevoir ce qu’on n’a aucunement mérité dont les casseroles aussi.
Mais pourquoi parle-t-on de casseroles ?
Tout vient de l’expression “traîner une casserole” qui signifie avoir été compromis dans une affaire douteuse et traîner, dans sa réputation, les conséquences négatives d’un acte passé.
Comment cette expression est-elle née ? Les enfants ne manquent jamais d’imagination pour s’amuser et quelques méchants garnements sont capables de vilaines actions comme attacher des récipients métalliques (dont des casseroles) à la queue d’un chien qui va s’empresser de fuir ses “tourmenteurs” et affolé par le bruit qu’il fera, se mettra à courir de manière désordonnée, peu discrète, bruyante. Ces casseroles sont embarrassantes tout comme le fait une sale affaire dans laquelle on a trempé et qui n’a pas été oubliée par ceux qui se chargent de la rappeler pour jeter le discrédit sur le coupable.
Cette expression est surtout utilisée dans le milieu politique où il y aura toujours quelqu’un qui se chargera de rappeler aux électeurs, de la manière la plus efficace, les turpitudes d’un candidat. La métaphore est très “parlante”.
Au départ, c’était l’expression complète “traîner une casserole” qui était utilisée puis, petit à petit, on a gardé la casserole seule. Aujourd’hui, quand on dit d’un politicien qu’il a des casseroles, on sait tout de suite qu’il s’agit d’une affaire gênante (et Dieu sait qu’il y en a beaucoup de ces casseroles qui traînent).
“Traîner une casserole” (ou plusieurs) est une expression idiomatique proprement française, intraduisible mot à mot dans une autre langue mais je constate que, dans le pays de la gastronomie, plusieurs expressions font référence à la cuisine.
La première qui me vient à l’esprit “les carottes sont cuites” a fait partie des nombreuses phrases qui ont servi de code à radio de Londres pour déclencher des opérations contre les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale mais qui annonce aussi un échec imminent, je pense à un ancien collègue, professeur d’espagnol, désespéré par le devoir d’un de ses élèves qui croyait qu’en ajoutant des A ou des O, on parlait espagnol, avait noté sur la copie, à côté d’un 4/20, une semaine avant le bac “Las carottas son cuitas“. ( J’avoue avoir ri car j’aimais les commentaires clairs ; carotte = zanahoria en espagnol).
Nouvelle question : lorsque les carottes sont cuites, est-ce “la fin des haricots” ?
D’autres expressions côté cuisine :
- “défendre son beefsteak” : défendre ses intérêts ou simplement gagner sa vie,
- “faire chou blanc” : ne pas réussir son coup, ne rien gagner,
- “être le dindon de la farce (clic)“,
- “mettre de l’eau dans son vin” : calmer un emportement ou bien réduire les projets ambitieux à une mesure sage et dont l’exécution sera possible,
- “se faire rouler dans la farine” : être dupé par quelqu’un,
- “avoir mangé son pain blanc“, voir dans cet autre ancien billet des expressions sur le pain (clic),
- “raconter des salades” : raconter des mensonges, des histoires, faire des promesses électorales,
- “ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé“:ne pas savoir quel sort nous attend, ne pas savoir ce qui sera décidé à notre sujet ,
- “pédaler dans la semoule” ou “pédaler dans la choucroute” : faire des efforts en vain, avoir du mal à avancer,
- “cracher dans la soupe“: celle-là, c’est celle qui convient le mieux aux Hommes politiques, c’est afficher du mépris pour ce dont on tire avantage, critiquer ce qui permet d’assurer sa subsistance.
Moi je pense qu’il faudrait “faire table rase du passé“. Une “bonne révolution” dirait trublion. Oh, j’arrête “ça me gave” cette histoire.
Bon appétit ! lolll
Merci pour toutes ces explications : je ne m’étais jamais rendu compte de toutes ces expressions liées à la cuisine …
Pour nous, c’est vrai, les carottes sont cuites et il serait temps de faire table rase car l’indigestion est là !
Bonne fin de semaine et bon premier jour du mois.
Après une journée pluvieuse … espérons le soleil !
Bisoux, ma françoise
Il fut un temps où seul l’ ainé héritait, le but de la manoeuvre étant d’ éviter la dispersion du patrimoine.
Le monarchique Léon Daudet en avait expliqué le principe !
Il est difficile de faire de la politique sans compromission , ce qu fait qu’ ils traînent tous des casseroles !
Nous ne manquons pas d’ expressions imagées que tout le monde peut comprendre.
Et je confirme, il nous faudrait une bonne révolution !
Passe une bonne journée Françoise
Bisous
…ah les casseroles, elles vont être vite enterrées ! mais pour le Paradis, c’est mal parti pour Serge Dassault, je ne suis pas croyant, mais j’aimerais assez qu’un “tri selectif” existe là-haut !! je m’incline devant ton érudition, magnifique collection d’expressions imagées ! ah la Révolution ! on peut rêver, mais vu les foules qui descendent dans la rue, c’est pas gagné ! surtout avec les “blacks blocks ” au service de Mr Collomb !! bon weekend chere amie, bisous