Le Président, quel titre ! Croyez-vous que je veuille vous parler d’Emmanuel Macron ? Que nenni ! J’ai envie de vous présenter un film oublié et surtout j’ai besoin de vous en montrer un extrait dans lequel nous nous trouvons à l’Assemblée Nationale du temps de la IV° République. Les députés, élus du peuple, siègent (nombreux, ce qui est rare de nos jours). Je vous conseille de regarder cet extrait instructif ; certes c’était il y a un peu plus de cinquante ans mais le sujet débattu est resté d’actualité.
Ce film dont je n’avais gardé aucun souvenir est intitulé Le Président ; c’est un film français réalisé par Henri Verneuil, sorti en 1961, adapté du roman éponyme de Georges Simenon. Les dialogues sont de Michel Audiard, celui qui a dit :« On est gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser des radis. » Pour en savoir davantage sur cette œuvre cinématographique, vous pouvez aller lire l’article wikipedia, LÀ mais que le spectacle commence !
Le Président est un film sur la morale en politique ; il dénonce en particulier la “financiarisation” de la politique, évoque la question européenne, celle défendue par Chalamont, inféodé au pouvoir financier, qui favorise la mainmise des grands groupes industriels nationaux et internationaux sur la destinée du pays, et celle représentée par Beaufort, fervent européen attaché à une certaine forme de protectionnisme, à une économie de marché régulée visant à protéger les moins fortunés.
Dans cette scène à l’Assemblée Nationale, Jean Gabin fustige l’hypocrisie et la corruption des hommes politiques soumis aux intérêts privés (les leurs) plutôt que ceux du pays.
J’ai relevé des phrases-choc :
En écoutant M. Chalamont, je viens de m’apercevoir que le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs, on lui fait dire ce que l’on veut.
Ce projet je peux déjà par avance vous en dénoncer le principe. La constitution de trusts horizontaux et verticaux et de groupes de pression qui maintiendront sous leur contrôle non seulement les produits du travail mais les travailleurs eux-mêmes.
La Politique, messieurs, devrait être une vocation. Je suis sûr qu’elle l’est pour certains d’entre vous. Mais pour le plus grand nombre, elle est un métier. Un métier qui ne rapporte pas aussi vite que beaucoup le souhaiteraient et qui nécessite de grosses mises de fonds. Une campagne électorale coûte cher. Mais pour certaines grosses sociétés, c’est un placement amortissable en quatre ans. Et pour peu que le protégé se hisse à la présidence du conseil, alors là, le placement devient inespéré. Les financiers d’autrefois achetaient des mines à Djelizer ou à Bazoa. Eh bien ceux d’aujourd’hui ont compris qu’il valait mieux régner à Matignon que dans l’Oubangui, et que de fabriquer un député coûtait moins cher que de dédommager un roi nègre.
Le président Beaufort : Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l’Assemblée que des projets d’inspiration patronale.
Le député Jussieu : Il y a des patrons de gauche ! Je tiens à vous l’apprendre.
Le président Beaufort : Oui, et y’a aussi des poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre.
Ce dernier échange est bien signé Audiard, j’aime !
En 2017, que valent nos élus ? Comment seront les futurs ?
À nous de bien les choisir et surtout de mieux les surveiller.
c’ est incroyable, hier je visionnais cette vidéo d’ un Gabin au sommet de son art !
On se dit qu’ au final, rien n’ a vraiment changé si ce n’ est que le fossé entre le peuple et les politiques s’ est un peu plus creusé, et que malgré cela, le peuple a remis au pouvoir l’ archétype du nervi du monde financier.
Quel formidable discours signé Audiard !
Et que j’ aimerais qu’ un député tienne ce discours à l’ assemblée lorsque les caméras sont branchées !
Passe un bon dimanche
Bisous