Nous sommes en plein dedans. Quoi ? Le 11, 12 et 13 mai, nous sommes en plein dans les Saints de glace : Mamert, Pancrace, Servais ; sur mon calendrier, il n’y en a pas trace. Qui porte encore pareil prénom ? La plupart des calendriers mentionnent actuellement d’autres saints à fêter ces jours-là : Estelle, Achille et Rolande (les deux derniers prénoms n’étant pas particulièrement prisés non plus en cette période).
Le changement des noms de saints date de 1960 quand l’Église catholique romaine a décidé de « remplacer » ces fameux trois saints associés aux inquiétudes des jardiniers, ce qui paraissait un peu trop païen sans doute. Moi j’aime bien les saints pas catholiques (clic).
Les saints de glace : Mamert, Pancrace et Servais ont la réputation d’amener la froidure, en plein milieu du joli mois de mai d’où ce surnom qui leur fut infligé. Voilà quelques dictons à leur propos :
« Saint Servais, Saint Pancrace et Saint Mamert font à trois un petit hiver ».
« Saints Pancrace, Servais et Boniface apportent souvent la glace »,
«Attention, le premier saint de glace, souvent tu en gardes la trace.» (Saint Mamert)
«Saint Pancrace souvent apporte la glace»
«Avant saint Servais point d’été, après saint Servais plus de gelée».« Quand il pleut à la Saint Servais, pour le blé, signe mauvais. »
“Mamert, Pancrace, Boniface sont les trois saints de glaces, mais saint Urbain les tient tous dans sa main.”
« Quand la Saint Urbain est passée, le vigneron est enfin rassuré »
La saint-Urbain, c’est le 25 mai ! Ah les dictons ! C’est la mémoire, l’histoire d’un pays.
Mais au fait connaissez-vous bien ces saints-là ?
Saint Mamert fut archevêque de Vienne (sous-préfecture de l’Isère) à la fin du cinquième siècle, c’était un homme de caractère, énergique, volontaire (il ne se laissait pas faire, le Mamert). Il eut quelques graves difficultés avec Gondioc, roi des Burgondes. à propos de la consécration d’un évêque ; il entra en conflit avec l’archevêque d’Arles dont il contestait la suprématie, mais il dut pourtant se soumettre. On dit aussi que saint Mamert institua les rogations, des prières publiques pour supprimer ou au moins limiter les malheurs de la Gaule.
Saint Pancrace, à dire vrai, il y a deux saints de ce nom, assez dissemblables pour que la tradition confonde pas. L’un fut envoyé par saint Pierre en Sicile comme évêque de Taormina, où il mourut martyr. Il est honoré le 3 avril et l’autre (celui du 12 mai) était un jeune homme ayant la foi et plein de vaillance. Il avait tout juste quatorze ans lorsque l’empereur Dioclétien organisa la Persécution des chrétiens. La famille de Pancrace était chrétienne et son aïeul, Denis, fut mis aux fers. Pancrace, que Denis “coachait”, affirma sa foi et fut martyrisé ;i l subit le supplice de la décollation (ou décapitation). Triste fin pour un gamin !
Saint Servais, lui, était évêque de Tongres, après avoir été évêque de Troyes. Son histoire n’est pas bien connue ou pas d’une manière certaine. Les hagiographes racontent que Servais eut, à plusieurs reprises, besoin de quitter son diocèse pour assister à des conciles. Par exemple, il prit part au concile de Rimini où il défendit avec une vive éloquence la doctrine nicéenne. mais quand il revint à Tongres, les Tongriens se révoltèrent contre lui. Pourquoi ? On ne sait pas trop, faut-il chercher dans les doctrines ou ailleurs, toujours est-il que Servais dut s’en aller et se retira d’abord à Utrecht, puis à Rome, enfin à Metz pour finalement retourner sans hâte à Tongres où il ne fut pas mal accueilli. Ainsi, Servais nous apparaît comme un sage qui met à profit la durée et qui n’essaye pas de lutter contre la vindicte populaire.
Une bonne chose que de rappeler l’ historique de ces trois saints !
Pour le jardinier que je suis, je me suis rendu compte que les saisons sont décalées, et les 3 semaines de gelée que nous avons eu sur mars et avril m’ ont fait comprendre que les saints de glace étaient tout bonnement en avance.
C’ est surement saint Servais qui m’ a conseillé !
Passe une bonne fin de semaine Françoise
Bisous