“Les voyages forment la jeunesse” proclame un proverbe français. Je préfère l’espagnol pour ce coup-là : “Viajar es abrir la mente“ (voyager, c’est ouvrir l’esprit). Dommage que maintenant, avec le grand nombre de voyageurs en groupes, ce ne soit plus tout à fait vrai : certains voyagent, traversent à toute vitesse les pays et comparent toujours ce qu’ils découvrent à leur pays d’origine (en critiquant le plus souvent). Voilà qui me rapproche de l’esprit anglais, les Britanniques disent “Les voyages améliorent les sages et empirent les sots. ” J’espère devenir de plus en plus sage ; l’âge m’aide.
Tous les proverbes ont leur contraire :
- Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
- On ne gagne pas beaucoup à courir le monde.
- Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même.
Pour les plus peureux ou les plus casaniers, j’ai trouvé : “Il y a de grands profits à faire dans les voyages de mer mais pour éviter le danger, le plus sûr est de ne pas s’embarquer et de demeurer sur le rivage. “.
Voilà le principe de précaution poussé à l’extrême. Prudence, prévention et précaution, tous ces mots ont un sens différent. Je suis prudente, j’anticipe (prévention) mais je veux vivre et je préfère me dire : “qui ne tente rien n’a rien“. Dieu m’est témoin que pourtant je n’ai pas osé bien des fois : la peur, l’éducation, les habitudes nous retiennent. Aujourd’hui, l’âge aidant, j’essaie encore de changer ; tant qu’on est vivant, c’est possible : il fut oser, s’indigner aussi. Souvenez-vous de Stéphane Hessel.
Et dire que lorsque j’ai commencé ce billet, je voulais parler de tout autre chose : le pompon des marins. J’ai eu droit à une question réponse durant mon dernier long voyage :
Pourquoi des pompons ornent-ils les bérets des marins ?
Voilà la réponse qui m’a été donnée (comme vous vous en doutez, j’ai cherché plus dès que j’ai pu) : le pompon date du XIX° siècle. À l’époque, le béret des marins, appelé “bachi”, était tricoté d’une seule pièce. Lors de la confection, il restait un fil de laine sur le sommet du chapeau et créer un pompon était une manière de terminer l’ouvrage. Cette houppette était aussi un moyen de protéger le crâne des marins qui se cognaient la tête dans les coursives étroites et basses de plafond.
En complément de lecture, j’ai trouvé une “légende” qui prétend que dans la marine à voile, les occasions ne manquaient pas de recevoir des coups sur la tête à cause des mouvements imprévisibles des bômes, des espars, des chutes et des balancements de réas (les poulies des mots croisés), de la brusque fermeture de capots ou sabords, une épaisse touffe de laine, recouvrant parfois un disque de bois était fixée sur le bonnet et destinée à amortir les impacts.
Mais tout ça ne me disait pas pourquoi le pompon était rouge. Alors j’ai cherché encore.
En 1804, un uniforme a été institué par arrêté, précisant que les matelots et les mousses porteraient désormais tous un uniforme : la veste et le pantalon bleus avec des boutons de corne marqués d’une ancre croisée de deux sabres, un gilet rouge, un chapeau rond et une cravate noire mais à Toulon, Louis-René-Madeleine Le Vassor de La Touche, comte de Tréville dit « Latouche-Tréville », voulut distinguer les différents équipages par des pompons de couleurs différentes, réservant la couleur rouge au vaisseau amiral.
Un décret officiel du 27 mars 1858 de la marine française a ordonné que tous les pompons soient désormais rouge garance exactement. La discipline avant tout pour tous les marins.
Une anecdote au passage : le 9 août 1858, l’impératrice Eugénie inaugura le Pont Impérial de Brest. Lors de la visite d’un navire, un marin, se mettant au garde à vous, se blessa à la tête en se cognant au plafond du bateau. L’impératrice lui offrit son mouchoir blanc qui se teinta aussitôt de rouge au contact de la plaie.
Le pompon rouge est actuellement confectionné à la main par des ouvrières d’une manufacture de la Sarthe ; ses dimensions sont réglementées : un diamètre de 8 centimètres, un poids d’environ 14 grammes et une hauteur de 2,5 centimètres, ainsi que sa couleur : rouge garance.
Connaissez-vous les quelques superstitions concernant le fameux pompon rouge des bonnets des marins de la Marine Nationale Française ?
- Toucher le pompon rouge permet de gagner 24 heures de chance, à condition de le toucher avec l’index gauche et que le marin ne s’en aperçoive pas.
- Si le marin se rend compte qu’une fille a réussi à toucher son pompon, il lui réclame un baiser en gage. (J’ai eu droit comme ça au baiser d’un marin. Je l’avais choisi joli, le marin bien sûr.)
- Si dans une même journée, vous arrivez à toucher trois (3) pompons, vous gagnez 3 semaines de chance. Si ça marche vraiment, ça peut valoir le coup, mesdames. (Je n’ai jamais essayé. Tiens, voilà une idée à creuser.)
Et le col bleu, pourquoi ? Je vous réponds.
Autrefois, au temps où les hommes portaient les cheveux longs, bien avant mai 1968, à l’âge d’or des pirates et des corsaires ou presque, les cheveux masculins étaient longs et sales. Comme la lessive, sur les bateaux, n’était pas facile (manque d’eau douce, de temps et de femmes), on ne pouvait pas laver souvent l’uniforme blanc qui se retrouvait très vite sale dans le haut du dos. On eut alors l’idée de rajouter un grand col bleu, indépendant du costume, amovible grâce à un système rudimentaire de pressions : on lavait seulement le col quand il était sale. Un costume avec plusieurs cols. Simple, il fallait y penser..
Des pompons des marins au capitaine Haddock, il n’y a qu’un mot “bachi” et un juron “bachi-bouzouk“, le plus souvent, voire plus rarement “bachi-bouzouk de tonnerre de Brest“. Qu’est-ce qu’un “bachi-bouzouk” ? Vous le savez ?
Voilà ce que j’ai trouvé sur Wikipedia :
Un bachi-bouzouk ou bachibouzouk (du turc başıbozuk, littéralement « tête non standardisée » signifiant « irrégulier ») est un cavalier mercenaire, souvent d’origine albanaise, de l’armée de l’Empire ottoman, avec un armement non standardisé et en pratique très léger, et une discipline faible.
Utilisés surtout pour terroriser les peuples conquis, les bashi-bouzouk albanais sont surtout connus pour avoir terrorisé les peuples des Balkans pour le compte des Ottomans. Ils participèrent notamment au siège de Vienne et à la chute de Constantinople.
Ces cavaliers n’ayant aucune formation militaire, ne portaient pas tous le même chapeau, c’est pour cela que les Turcs les surnommèrent başıbozuklar, « les têtes non standardisées ».
Nota bene : Les bachi-bouzouks furent utilisés par les Jeunes-Turcs pour massacrer près de 30 000 chrétiens Arméniens à Adana en avril 1909.
C’était il y a à peine plus d’un siècle. La mémoire collective s’efface bien vite.
c’ était il y a à peine plus d’ un siècle, et on voit aujourd’ hui frémir des envies d’ empire Ottoman !
On se rend compte que tout a une explication, le plus souvent voulue pour un côté pratique !
On voyage avec toi du pompon des marins au capitaine Haddock, et on s’ instruit !
à propos de proverbes, certains se complètent,
Ne remets pas au lendemain ce que tu peux faire le jour même, et si le temps perdu ne se rattrape jamais, il n’ est jamais trop tard pour bien faire !
Passe une bonne journée Françoise
Bisous