Malgré tous les efforts de “Pepe”, le Président pauvre (à qui je consacrerai un article) et de bien d’autres, l’Uruguay est comme tous les autres pays avec des riches et des pauvres. Si l’Uruguay était considéré dans les années 1950 comme la « Suisse de l’Amérique », ce n’est plus pareil aujourd’hui le pays s’est appauvri et il existe des “ghettos” de déshérités, des asentamientos, dans le pays. On n’en parle guère car ce ne sont pas des attractions touristiques et les personnes victimes de la misère ne sont pas des bêtes curieuses.
J’ai demandé à plusieurs Uruguayens quel était le salaire moyen, le salaire minimum, j’ai eu des réponses variées (minimum : 400 € ; le salaire moyen moins de 1 000 € par famille, rien de vraiment clair dans les réponses) mais j’ai compris que souvent les Uruguayens cumulaient les emplois et les petits boulots en plus des allocations accordées par l’État. Pas vraiment de quoi vivre largement pour une famille moyenne.
Le long d’un parc, j’ai vu des hommes avec des breaks ou des petits camions proposer leurs services pour transporter des marchandises. (Fletes – frêt). Le système D !
Je dois avouer que je n’ai pas, vu près de Montevideo, ces bidonvilles que les bus à touristes évitent sans aucun doute mais j’en ai traversé, en voiture, par hasard (en Afrique du Sud, il y plus de vingt ans, on n’avait ni carte ni GPS) ceux de Johannesbourg (Soweto, Alexandra), de Cape Town (Mitchell’s Plain, Khayelitsha et Guguleto), par exemple. Ils se ressemblaient tous. Des constructions faites de bric et de broc avec des matériaux de récupération allant du carton à la feuille de tôle en passant par les morceaux de plastique, les sacs poubelles et les magazines, les vieux journaux en guise de papier peint.
Près du port de Montevideo, bien que plus ”discrète”, la misère est visible. Je n’ai pas osé photographier les logements délabrés (il y avait des habitants) ; les murs vous donnent une idée.
Mais d’où sortent ces pauvres ? Ils sont en partie le résultat de la crise financière de 2002 qui a aggravé la situation existante ; de nouveaux exclus ont rejoint les premiers, ce sont surtout des “migrants” de la campagne vers la ville.
La plupart des habitants des quartiers défavorisés ou misérables sont d’ex-travailleurs agricoles ou des descendants d’ouvriers agricoles. En effet, jusqu’au début des années 1950, chaque ferme comptait de nombreux ouvriers qui travaillaient la terre et leurs familles vivaient dans des maisonnettes en briques situées sur le domaine agricole, dans des conditions qui étaient sans doute rudimentaires mais meilleures que celles des asentamientos d’aujourd’hui or la mécanisation a bouleversé l’organisation sociale et entraîné le départ de la population rurale vers les villes. Il fallait trouver un emploi pour survivre. Pas facile quand on est d’origine très modeste, qui plus est illettré bien souvent.
Habitat précaire fait de tôles ondulées pour le toit (il faut se protéger des pluie fortes du printemps et de l’automne), pour les murs, c’est ce qu’on trouve. On a intérêt à être débrouillard, habile, adroit de ses mains et ingénieux quand on est pauvre.
Vous avez compris que la plupart de ces “maisons” n’ont pas de salle de bain, ni même de toilettes. Pour l’eau potable, je me demande ; je crois qu’il y a des points d’eau dans les “cités” mais elle n’arrive pas dans les maisons. Le sol est généralement en terre battue, donc aucune isolation n’existe dans ces habitations et le chauffage est sommaire lui aussi. Je ne sais pas s’il fait froid en Uruguay mais en Afrique du Sud en juin, à Johannesbourg, on se caille et j’ai vu des braseros au coin des rues.
L’hygiène ? Ma foi on se débrouille mais il y a des problèmes d’évacuation des eaux sales.
Au milieu de la saleté, des enfants, des bébés, des chiens, des poules… Heureusement je crois que l’Uruguay a un bon système de santé qui prend en charge les plus démunis. Le passage de “Pepe” au poste de chef de l’état a permis d’améliorer les conditions de vie. Il existe des cartes d’alimentation qui permettent ainsi aux familles de subvenir à leurs besoins.
On peut espérer pour le peuple uruguayen que tout ira mieux bientôt mais j’ai des craintes, l’état du monde ne s’améliore guère. Cependant le gouvernement a imposé l’école obligatoire pour les enfants à partir de cinq ans ; je crois aux bienfaits de l’éducation alors… Les petits apprennent à lire et écrire et les allocations sont liées à la présence scolaire c’est-à-dire que si un enfant ne se présente pas à l’école, sauf s’il est malade ou victime d’un accident, avec des certificats adéquats, les allocations versées aux parents sont diminuées voire supprimées. De temps en temps, il faut savoir utiliser la règle du donnant-donnant, j’ai envie de dire plutôt du gagnant-gagnant (mais en France, on n’ose pas).
Difficile par contre de garder les enfants à l’école passés l’âge de quinze ans voire même de douze. Les parents encouragent parfois leurs enfants à chercher du travail sans compter que la délinquance fait les yeux doux aux garçons comme aux filles qui elles, en plus, risquent d’être enceintes et se retrouvent avec des enfants avant même d’avoir vingt ans. Je ne m’attarde pas sur la comparaison avec notre pays, il y a tant à dire, en particulier sur l’Éducation Nationale qui ressemble de plus en plus à de la garderie.
Depuis plusieurs années, le gouvernement uruguayen aide la population des asentamientos à avoir des maisons correctes en bois ou en briques, et ce avec la participation active de tous. Des personnes forment une coopérative avec l’argent donné par le gouvernement, achètent les matériaux nécessaires à la construction de maisons en brique, avec des fondations, des fenêtres, l’eau et l’électricité. Des bénévoles dessinent les plans des maisons (on sollicite des étudiants en architecture) puis, ceux qui se sont impliqués dans le projet vont construire les maisons prévues avec l’aide de professionnels du bâtiment. Quelquefois, des lotissements sont totalement réalisés par le gouvernement et d’heureuses familles, par tirage au sort, reçoivent une maisonnette clé en main. Petit à petit l’habitat insalubre se résorbera.
Pour ce qui est de faire progresser le niveau de vie… il va falloir attendre encore, je le crains. La situation mondiale n’est pas au beau fixe.
La volonté de gagner toujours plus, fait qu’ on modernise, qu’ on robotise ce qui de facto entraîne du chômage qui a en France inspiré hamon avec le revenu universel.
Ce que j’ ai plus de mal à comprendre, c’ est que les pauvres se concentrent aux abords des villes.
il fut un temps où le paysan s’ en sortait mieux, en cultivant la terre, à moins que là aussi les grandes exploitations tuent les petites.
Je lisais hier, état de famine déclaré au Soudan du sud.
Il y a trop de monde sur terre pour l’ emploi offert, et la robotisation va amplifier le problème d’ année en année !
ça ne pourra pas durer indéfiniment !
Bonne journée Françoise
Bisous
Je crois que toutes les misères du monde se ressemblent et les bidonvilles aussi …
C’est triste mais la dure réalité.
S’ils peuvent se soigner, c’est déjà ça : ce n’est pas le cas partout.
Bonne fin de semaine … repos … ou pas.
Et des bisoux !
Bonjour, un petit passage pour te souhaiter une bonne fin de semaine
Bisous Françoise
Bon week end, avec un ciel tout gris, gris …
Et des bisoux
PS : beaucoup de mal à laisser un commentaire …
Avec mon web trotteur pour naviguer sur le Net, j’ai l’impression de faire de la rando avec un déambulateur !!!
Bonjour Françoise. Je ne connais pas l’Uruguay mais j’ai vu les bidonvilles en Afrique du Sud… Les points positifs comme tu le soulignes : la scolarisation des enfants et l’amélioration de l’habitat…