Carlos Gardel (1)

Si vous êtes Français et qu’un Argentin vous demande d’où vous venez, si vous répondez « Toulouse » alors, tout de suite, il vous dira comme « Comme Carlos Gardel, c’est ça ? »  Toulouse est donc une ville connue en Argentine, autant sinon plus que Paris.

Savez-vous que la voix de Carlos Gardel a été déclarée patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO ?

L’UNESCO présente officiellement l’artiste comme un « chanteur argentin né en France » mais si Carlos Gardel est né, selon certaines sources, à Toulouse, en France, le 11 décembre 1890 sous le nom de Charles Gardès, selon d’autres, il serait né en 1887 en Uruguay. Alors ? Moi, je préfère croire et dire qu’il était français ce qui n’embellit pas forcément le tableau (mais ça, ce sera une histoire pour demain).

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ll serait né donc né à Toulouse et s’appelait à l’époque Charles Romuald Gardès, fils de Marie-Berthe Gardès et de père inconnu.

Il arriva à Buenos Aires, en Argentine, à l’âge de deux ans avec sa mère, célibataire de vingt-sept ans, repasseuse de profession, partie du port de Bordeaux pour tenter sa chance dans le Nouveau Monde comme de nombreux immigrés à l’époque. Il grandit dans le quartier de l’Abasto où se concentraient les immigrants, les maisons closes, les conventillos (anciens couvents transformés en immeubles de rapport par les marchands de sommeil, accueillant les célibataires puis les familles), les cantinas (bistrots), les théâtres, un quartier considéré mal famé mais l’un des plus « tangueros » de la ville.

Quelles ont été les véritables raisons du départ de Berthe pour l’Argentine ? Personne n’est vraiment en mesure de répondre à cette question. Certains avancent que le petit Charles serait le fruit d’une liaison entre Berthe et un de ses cousins séminariste, d’autres prétendent qu’elle a dû quitter la France sous la pression de la morale de l’époque qui voyait d’un mauvais oeil les mères célibataires (le père de Charles serait un certain Paul Lasserre, marié avec des enfants qui se serait arrangé pour faire disparaître les traces de cette liaison illégitime.)

Il passe donc son enfance dans le quartier du “Mercado de Abasto” où ses amis le surnomment “El Francesito” (le petit français) ou “El Morocho de Abasto », le Basané d’Abasto.

Dès 1902, Gardel commence à se faire remarquer dans son quartier comme chanteur dans les cafés où il gagnait ses repas ou quelques pièces de monnaie. On appréciait le timbre de sa voix, son interprétation de tangos et du folklore de la pampa. Il gagne des surnoms : Zorzal ou Zorzal Criollo, la Grive (le rossignol ?) Créole, El Melenas : le chevelu, El Pibe de Abasto : le gamin d’Abasto.

En 1912, il rencontre le guitariste Razzano (surnommé “El Oriental” en raison de son origine uruguayenne), avec qui il fait sa première tournée en province. Leur collaboration durera jusqu’en 1925 mais entre temps, beaucoup de changements. C’est à cette époque que Carlos va changer son nom par celui qui le rendra célèbre dans le monde entier : Gardès devient Gardel. (Pourquoi ? Je vous dirai ça demain.)

En 1912, il enregistre quinze chansons sous le label de Columbia Records, sur lesquelles il s’accompagne lui-même à la guitare ; son répertoire se compose alors uniquement de chansons créoles.

En 1915, il est blessé à la sortie du Palais de Glace de Recoleta à Buenos AIres (par qui ? Je ne sais pas). Il vivra toute sa vie avec une balle logée dans le poumon gauche.

L’invention du gramophone et du disque en 1917 sera déterminante dans l’histoire de Gardel et dans celle du tango qui devient un véritable phénomène de société, définitivement délivré de son étiquette péjorative de musique et de danse suspectes réservées à une partie marginale de la population de la capitale argentine. Le “Tanguero” enregistre son premier disque cette année-là, avec la chanson “Mi Noche Triste“. Carlos Gardel est reconnu comme un véritable chanteur de tango alors que jusque là le tango était musical et sans paroles.

Dans les années 20, Carlos Gardel va amener le tango en Europe. Il fait un triomphe à Madrid puis à Barcelone où sur les planches du théâtre Goya et du Grand Théâtre des Ramblas il est couronné comme le roi du tango. Le succès se confirme à Paris.

En 1925, il se sépare de José Razzano, et à son retour en Argentine en 1926 il se consacre presque exclusivement à la chanson, au tango.

En 1928, Gardel revient à Paris. Sa réputation déjà bien établie grâce à ses disques. Gardel fait la conquête de Paris comme il avait fait la conquête de tous les publics d’Amérique latine. Un mois à peine après son arrivée, il est sollicité par les maisons de disques pour enregistrer ses succès et ses disques sont vendus au-delà de toute espérance.

En 1929, Carlos Gardel se produit dans un grand spectacle de charité, “Le Bal des Petits Lits Blancs” où il est longuement ovationné et présenté au président français, Gaston Doumergue.

En 1932, il commence une collaboration avec le parolier Alfredo Le Pera. Ce dernier écrit pour lui plusieurs tangos célèbres : « Melodia de Arrabal », « Silencio », « Me da pena confesarlo », « Por tus ojos negros »…

En 1934, Carlos Gardel est à New York pour jouer dans le film “El Día Que Me Quieras“. Il fait connaissance d’un jeune argentin de treize ans qui habite New York et lui sert d’interprète (Gardel ne parle pas anglais). Ce petit “joue du bandonéon comme un gallego” (espagnol de Galice, galicien comme Julio Iglesias) : Astor Piazzolla. À la fin du tournage, Carlos Gardel organise une fête avec les Argentins et les Uruguayens vivant à New York ; à la fin de la soirée, il demande à Astor Piazzolla de l’accompagner au bandonéon pour chanter « Arrabal Amargo ». Carlos Gardel part ensuite à Hollywood. Il sollicite la venue d’Astor Piazzolla, mais celui-ci étant mineur, il n’obtient pas l’autorisation pour le voyage. Les destins des deux grandes figures du tango se séparent mais cette rencontre influencera de manière décisive la carrière du jeune Astor Piazzolla.

Il tourne trois films en 1935 : “Le Tango à Broadway”, “El dia Que Tu Me Quieras” (Le Jour où tu m’aimeras) et Tango bar. Il tourne également à Hollywood “Cazadores de Estrellas” (= “Chasseur d’étoiles” mais traduit “Les Etoiles de la radio”).

Il fait ensuite une tournée en Amérique centrale et en Amérique du Sud passant par Puerto Rico, Aruba, Curaçao, le Venezuela et la Colombie avant de rentrer chez lui, en Argentine mais le lundi 24 juin 1935, Carlos Gardel meurt au sommet de sa gloire, près de Medellin, en Colombie, dans un accident d’avion. C’est par bateau, mode de transport qu’il avait toujours préféré, que son corps fut ramené en Argentine après plus de trois mois de balades. Il est enfin enterré dans le cimetière de la Chacarita, à Buenos Aires où des admirateurs venant des quatre coins du monde viennent voir sa tombe.

La qualité de sa voix et sa mort prématurée ont fait de lui un mythe populaire. Carlos Gardel incarne désormais, de façon indiscutable, le tango même si sa musique n’est pas très dansable.

Pour finir, savez-vous qu’en Argentine, il fait tellement partie de la légende du pays que son nom est entré dans une expression : « ¡ Anda a cantarle a Gardel ! », c’est-à-dire : « Va chanter ça à Gardel ! »  ?

Elle est utilisée pour dire à quelqu’un qu’on ne croit pas à son histoire, une histoire à dormir debout. On pourrait l’utiliser à profusion en ce moment.

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2 réflexions sur « Carlos Gardel (1) »

  1. quel destin extraordinaire que celui de ce petit garçon devenu le représentant du tango en Argentine !
    être bel homme, avoir une belle voix ne suffit pas toujours, et le destin a lui aussi des voix impénétrables !
    Je ne le connais pas du tout.
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

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