Je ne sais quand, dans la semaine qui vient de s’écouler (sans doute était-ce lundi, sur A2, dans Télé matin), j’ai entendu Madame Taubira s’exprimer. Une fois de plus, elle utilise une langue de bois qu’elle maitrise bien, fait preuve d’une hypocrisie, non pas désarmante mais horripilante, et, comme toujours, elle hausse le ton (le niveau sonore de sa voix) pour dominer son interlocuteur.

L’entretien avait débuté par une question à propos du jugement rendu par le tribunal de Rennes ce 18 mai 2015 qui avait suivi les réquisitions du parquet, celui-ci réclamait la relaxe des deux policiers poursuivis dans cette affaire pour non-assistance à personne en danger.

Il y a dix ans, après être entrés dans un site EDF, clos, ceint d’un mur, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour fuir un contrôle de police, Zyed et Bouna, deux adolescents étaient morts. Leur disparition avait été à l’origine, à l’automne 2005, de trois semaines d’émeutes dans les banlieues françaises et la déclaration de l’état d’urgence.

L’annonce de la décision de justice a été accueillie par des cris de colère de la part des familles. « Vous êtes responsables ! », « on ne pardonne pas », « c’est scandaleux ! ». Les familles feront appel de cette décision.

Devant le tribunal de Toulouse, on pouvait voir cela :

Madame Taubira approuve ces déclarations. Elle ne soutient pas les policiers. Ellle est choquée par la relaxe de ces derniers. Elle ajoute que ces jeunes étaient “sans doute en excès de vitesse avec leurs jambes ?” (sa forme d’humour). Elle continue en disant “Pauvres parents… souffrance… coeurs meurtris… Je suis choquée par la décision qui a été prise…” Ben voyons. Je ne dis pas que la police est parfaite, loin de là mais sa position ne l’oblige-t-elle pas à faire preuve de plus de mesure ? N’est-elle pas Ministre de la Justice ? Serait-elle en désaccord avec ses subordonnés ?

Certes la police peut faire peur même à des innocents mais de là à pénétrer dans des lieux interdits… Pourquoi ces jeunes se cachaient-ils ? Quand on a la conscience tranquille, on ne se dissimule pas dans des lieux potentiellement dangereux.

Madame Taubira, fidèle à elle-même, en profite pour invoquer le racisme coutumier de la police. Certes, ce n’est pas complètement faux mais que fait-on quand les “Français de souche” sont attaqués ? Quand une “face de craie” ou un “visage pâle” est agressé ? À la police, on rit en général ; on minimise “vous devez être fatigué, parano, etc”. Alors… Que penser ?

La police protège le Président. C’est tout. C’est peu.

Et nous, nous le peuple d’origine diverse qui nous protège et nous défend ? Il y a des bons, des cons, des mauvais chez les “blancs, les black et les beurs”… Il faut que la police et la justice fassent leur boulot : faire respecter l’ordre, la loi et protéger les individus, pas seulement les élus, les “en-vue”, mais les citoyens français, les humains en général. C’est ça le respect des droits de l’Homme.

J’en reviens à Madame Taubira, une autre partie de l’entretien traitait de la circulaire permettant de délivrer des certificats de nationalité française aux enfants nés à l’étranger de parents français même lorsque ceux ci ont eu recours à une GPA.

Fidèle à son hypocrisie coutumière, Madame Taubira proclame que “l’interdiction de la GPA est sans nuance” alors qu’elle a fait rédiger une circulaire pour lever l’imbroglio juridique autour des enfants «fantômes de la République». “Il ne s’agit pas d’une reconnaissance de la gestation pour autrui” non, la Chancellerie demande juste aux tribunaux de ne plus refuser la délivrance de certificats de nationalité française au seul motif qu’ils concernent des enfants nés de mère porteuse à l’étranger”. “La GPA dans notre droit est interdite, ça ne fait pas débat», insiste la garde des Sceaux (Sots). Elle continue : “ce n’est pas un encouragement de la GPA… des parents sont confrontés au désir d’enfant… ne confondons pas les sujets… arrêter l’hypocrisie… Il faut sans doute sanctionner les parents mais il faut favoriser les enfants.”

Voilà les mots de Madame Taubira qui demande elle-même d’arrêter l’hypocrisie… Je ris. Enfin presque. C’est elle qui soutient par ailleurs sa collègue Najat Balkacem dans son projet de démolition du collège. L’an passé, elle a soutenu Vincent Peillon qui a donné un coup de grâce à l’école primaire et maternelle avec ses rythmes  scolaires : un texte particulièrement inégalitaire.

Madame Taubira finit, contente d’elle-même, en annonçant des “machins” supplémentaires de lutte contre le racisme : une “enquête annuelle de victimation” (mieux que celle d’avant ?) et une “plateforme interactive” de quoi ?

Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris la fin. À moins que Madame Taubira cherche à noyer le poisson, comme les autres. La langue de bois, toujours et encore, une forme de communication qui sert souvent à dissimuler une incompétence ou une réticence à aborder un sujet en proclamant des banalités abstraites, pompeuses, qui font appel davantage aux sentiments qu’aux faits.

Moi je préfère (comme Jack Lang) dire : « Parfois, il vaut mieux appeler un chat un chat que d’utiliser la langue de Blois… »