Aujourd’hui, l’homme célèbre de la Réunion est une femme : Ombline Gonneau, Marie-Anne Desbassayns, mieux connue sous le nom de Madame Desbassayns, vécut dans la deuxième partie du XVIII° siècle à Saint Paul.
Je vous l’ai dit, je me promène dans l’ile avec un ami et avant-hier nous avons visité le domaine de Villèle, ancienne propriété de Madame Desbassyns.
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Grande propriétaire foncière de l’île de la Réunion (et donc de nombreux esclaves), elle est née le 3 juillet 1755 à Saint Paul (sa mère mourut en la mettant au monde). Elle est morte le 4 février 1846 à plus de quatre-vingt-dix ans. Elle est l’un des personnages les plus célèbres de l’histoire de la Réunion, pour avoir été à la tête d’un grand domaine et de l’une des plus grandes fortunes de l’île en dépit de son statut de femme ou justement parce qu’elle était femme… une maîtresse-femme.
Riche héritière, elle épouse en 1770 à l’âge de 15 ans Paulin-Henrin Panon, surnommé Desbassayns, puisque toutes ses terres étaient situées sur le littoral de Saint-Gilles, près des bassins d’eau douce. Riche lui aussi, de vingt-trois ans son aîné, il lui fera onze enfants en douze ans, dont plusieurs moururent en bas-âge.
Le couple fit construire trois propriétés : une à St Gilles les Hauts (devenu le domaine de Villèle), une à Saint-Paul (devenue l’école franco-chinoise) et une dernière au Bernica (les hauts de Saint Paul). Ils lancèrent à La Réunion la bien triste culture du coton, occupant de nombreux esclaves.
Monsieur Desbassayns se rendit souvent en France métropolitaine pour des obligations familiales. Lors de la Révolution de 1789 , il fut contraint d’y rester. C’est donc Madame Desbassayns qui faisait tourner les exploitations.
Après la mort de son mari, survenue en 1800, elle gère le patrimoine familial avec une remarquable habileté et une grande fermeté. Elle apparaît comme une femme de trempe à la santé de fer, travailleuse et organisée.
Son immense propriété, qui s’étend sur plusieurs centaines d’hectares, employait, en 1845, 406 esclaves d’après son testament (respectivement 295 et 111 répartis sur deux propriétés). Ils étaient employés essentiellement à la culture du café et de la canne à sucre, la seconde se développant plus vite que la première, le coton ayant été rapidement abandonné.
Avec ses fils, elle développe l’industrialisation de la culture de la canne.
D’une ferveur religieuse intense, elle fait construire, en 1842, une chapelle destinée à sa famille et ses esclaves, non loin de sa maison : la Chapelle Pointue.
Madame Desbassyns acheta aussi La Glacière dans les hauts de Saint-Paul. Les esclaves cassaient la glace en morceaux qu’ils transportaient jusqu’à la Rivière des Pluies pour un des fils Desbassayns. Le trajet était une horreur : les esclaves se blessaient, glissaient, la glace fondait s’ils n’allaient pas assez vite, ils étaient donc fouettés par le chabouc (fouet) du commandeur (un esclave dirigeant douze autres esclaves, responsable de leur travail et battu à leur place si ça ne tournait pas rond ; vous comprenez alors sa sévérité). Il parait que si certains osaient se révolter, Madame Desbassayns donnait l’ordre de les enterrer vivants. La dit la fé ou vérité ? On raconte tant sur les gens qui sortent de l’ordinaire et l’esclavage a une si mauvaise réputation.
Ce n’est pas fini, une fois arrivé à la propriété de son fils, les esclaves qui n’avaient pas travaillé assez vite étaient enfermés dans un cachot si étroit qu’ils restaient debout, ne pouvant ni s’assoir ni s’allonger, et même enchainés. Le plus horrible est sans doute l’histoire d’une des anciennes cases de Madame Desbassayns. Dans cette maison, qui s’écroula en 1910, les gens constatèrent avec horreur que les murs étaient rouges, rouges du sang des esclaves qui avait servi de liant pour le mortier. Obscurantisme quand tu nous tiens… D’où viennent les mauvaises réputations.
Kan la mer i bat, lèss ali bat (traduction : Quand la mer frappe, laisse-la frapper) Laisser médire les gens, ça ne changera rien
Sévère, elle fut obligée de l’être, plus que les autres ? Sans doute que non, elle fut la seule propriétaire à avoir ouvert un hôpital pour ses esclaves et à leur avoir ouvert gratuitement les portes de sa chapelle. Il n’empêche qu’on l’assimile dans la légende à Grand-Mère Kalle.
Elle mourut en 1846, deux ans avant la fin de l’esclavage, son corps fut enterré au cimetière de St Paul et emmené quelques années plus tard à la Chapelle Pointue, un lieu béni. Dieu alors se mit dans une colère noire et un violent orage s’abattit sur l’endroit, la nuit même. Un éclair aurait traversé la chapelle, fracassé la pierre tombale et emporté le corps de Madame Desbassayns et son âme au fond du volcan de la Fournaise où le diable l’attendait.
Depuis, il ne cesse de la fouetter en lui criant : “Chauffe Madame Desbassayns, chauffe…” Criké, craké…
Si vous voulez en savoir plus sur la légende de grand-mère Kalle, vous pouvez relire ces articles ICI ou LA.
Bonjour Françoise
L’amitié est un fil conducteur, qui mène directement au coeur.
Merci à toi d’avoir atteint le mien.
Que cette journée soit celle que tu espérais en posant le pied par terre ce matin.
Je jette une poignée de bisous dans ton monde pour que fleurissent les plus belles pensées que j’ai pour toi.
Mariposa
Bonjour Françoise, merci de votre venue sur mon blog, toutes mes amitiés
j’ ai repensé à robert Daudet, qui dans un livre, expliquait le bon côté de l’ ain” héritant de la fortune des parents !
Cela évitait que la fortune soit dilapidée.
Je ne connaissais pas cette maîtresse femme, mais elle a quand même du mérite.
Comme beaucoup, elle avait sans doute des personnalités multiples, selon les circonstances !
bonne journée
bisous
quand est ce qu’ils se réunissent tous tes hommes célèbres que je les rencontre tous en un coup?