Village

Pour faire mourir un village, c’est encore plus facile que pour le faire vivre ou revivre. Même si par les temps qui courent de nombreux citadins rêvent de revenir vivre dans les campagnes, il ne faut pas oublier la réalité. La vision bucolique de la campagne est agréable, charmante mais les avantages de la vie villageoise, évidents lors de courts séjours l’été, doivent être confrontés au quotidien rural réel et là, c’est le désenchantement.

Il faut penser à l’éloignement géographique de la famille, des amis, aux structures scolaires limitées, à l’offre de soins réduite ou inexistante, aux commerces rares, aux activités culturelles et aux loisirs restreints, des contraintes que beaucoup sont incapables de vivre.

La vie à la campagne est loin d’être idyllique et si la mairie ne fait pas les efforts indispensables à la cohésion sociale des administrés, les habitants, plus mobiles que par le passé, sont prêts à repartir.

Il ne faut pas oublier que faire le choix de vivre dans un village ou à ses alentours c’est :

  • l’absence de commerces : épicerie, café, boulangerie, pharmacie…,
  • l’absence de marché hebdomadaire à moins de cinq kilomètres,
  • le manque d’accès aux services publics (Poste, écoles, collège, lycées, Pole Emploi, CAF…),
  • l’absence de services de santé : médecin, infirmière, kiné, dentiste, pharmacie, centre médical…
  • l’éloignement des hôpitaux, maternité, services de secours, des pompiers…
  • l’obligation de posséder un véhicule, le plus souvent deux pour une famille,
  • des offres culturelles et de loisirs réduites : cours de musique, de chant, de théâtre, de yoga, pas de cinéma, de musée, d’installations sportives, de manifestations culturelles, de clubs divers…
  • le sous-emploi chronique,
  • pas de tout à l’égout donc vidanges et même installation de micro-stations individuelles, coûteuses,
  • pas de gaz de ville, 
  • des poteaux EDF en très mauvais état, 
  • les risques croissants de dégradations des biens, violences diverses…
  • l’accès restreint à Internet,
  • la zone blanche de téléphone ou de télévision,
  • les bruits spécifiques : sons des cloches, cris de animaux, travaux des champs nocturnes, “effaroucheurs” à oiseaux, canons anti-grêle, coups de fusil des chasseurs qui passent quelquefois trop très près des maisons, sans compter les pétarades des quads et des deux roues motorisés qui viennent faire des essais n’importe où,
  • les odeurs de fumier, de lisiers,
  • les dépôts d’ordures sauvages,
  • les dangers de balades à vélo à cause sur des routes défoncées sur lesquelles sont parfois lâchés des fous du volant et d’énormes engins agricoles ou encore des camions,
  • perdre beaucoup de temps en trajets divers,
  • être oublié pour peu qu’on soit à l’écart du bourg (sauf pour la feuille d’impôt : vous n’avez ni trottoir, ni éclairage public, ni voirie digne de ce nom, ni tout à l’égout, ni … bref, vous n’avez rien sauf l’obligation de payer pour un service inexistant et une solidarité illusoire), 
  • des conflits sans fin pour peu que votre voisin fasse partie de la famille du maire ou soit l’un de ses amis, ou l’ami du policier municipal, 
  • entendre des ragots et médisances souvent sans réel fondement,
  • subir ces médisances si vous êtes trop différent, c’est-à-dire franc, pas assez fourbe ou servile…

Heureusement il y a des avantages à vivre à la campagne, les plus gros :

  • être entourés de  petits producteurs bio  de fruits, légumes, produits laitiers, viandes (mais le bio n’est quelquefois qu’illusoire), pouvoir se nourrir d’aliments frais
  • ne pas vivre les uns sur les autres, néanmoins, cela veut également dire que les échanges sont plus limités car moins accessibles,
  • être le plus souvent au calme…

Mais, la campagne, on en rêve d’abord puis quelquefois, après, on n’en peut plus. Le calme, la tranquillité, la beauté des paysages, c’est génial mais ça peut ne durer qu’un temps. Quand les relations entre les habitants sont inexistantes ou qu’elles se détériorent par manque de communication réelle et deviennent tendues, on peut se sentir mal et vouloir fuir.

J’ai entendu des qui, dans le village, commençaient à désespérer. Il faut dire que si le couloir aérien se déplace au dessus de nos têtes, outre les nuisances sonores, la pollution accentuée de l’air, la valeur de l’immobilier va décroître et les nouveaux arrivants prévus iront s’installer ailleurs. Adieu la croissance démographique et le développement du bourg.

Il faut que le Maire se manifeste et agisse vraiment, qu’il donne une impulsion à des actions pratiques, concrètes, utiles pour la majorité des concitoyens, qu’il instaure une véritable communication afin de faire des choix clairs et profitables à tous. Quelques exemples :

  • une mairie cherche à recruter un boulanger pour s’installer dans le village (c’est mieux qu’un restaurant “cinq ? étoiles” et, dès qu’il y a un boulanger, d’autres commerces s’installent.)

  • A Paray-Vieille-Poste (Essonne), le maire et ses huit adjoints ont payé sur leurs deniers personnels la cérémonie de vœux. « La baisse des dotations de l’Etat nous oblige à faire des économies. On ne pouvait pas d’un côté demander des efforts à la population et de l’autre lui faire payer un événement festif, attendu mais qui reste superflu » donc jamais d’apéros ou de réceptions réservés au conseil municipal sur les fonds de la commune.

  • A Fontaine-Lavaganne dans l’Oise, le maire a décidé de venir en aide à l’un de ses administrés qui n’avait plus d’électricité depuis quinze jours. Il a payé une partie de la facture  d’un montant de 929€ qui a été en partie prise en charge par le CCAS de la commune et par Gérard Goret, le maire, sur ses deniers personnels. (C’est le dévouement extrême, mais pourquoi le CCAS n’a-t-il pas fait davantage ? Son budget était-il insuffisant ? En même temps, comme dirait Manu, la mairie ne peut venir en aide à tous.)

  • Le maire de Chambourcy (Yvelines) est prêt à payer les amendes mises par sa police municipale à deux Gilets jaunes, pour excès de klaxon, lors de la manifestation du 17 novembre. (Là c’est de la conscience politique et de la compréhension. J’aime beaucoup.)

Je reviens au village qui risque de perdre ses âmes, dès que l’ambiance se plombe, les habitants s’éloignent les uns des autres, s’isolent et n’ont plus qu’une idée : partir. Partir, mettre leur maison en vente et retourner à une vie sociale plus agréable. Et ce désespoir tient parfois à peu de choses :

  • une décision incomprise,
  • une inégalité de traitement ou ressentie comme telle, 
  • le manque d’écoute,
  • le manque d’empathie,
  • le mépris,
  • les mensonges répétés,
  • les maladresses…
  • complétez la liste

Il suffirait de presque rien, juste une véritable discussion, sincère. Le Covid est une bonne excuse pour éloigner les gens.

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Saviez-vous qu’il y a eu un village-fantôme dans la Manche ?

Un village jamais habité, pas comme les villes-fantômes du Far-West ou d’Australie, abandonnées, Pirou Plage, village rasé aujourd’hui, construit dans les années 1990 par un promoteur peu scrupuleux qui avait entrepris, avant l’obtention d’un permis, la construction et la commercialisation d’une centaine de maisons, regroupées dans un nouveau quartier nommé Aquaparc. Les logements ont été bâtis avant même la mise en place d’une voirie, d’un réseau électrique et d’une évacuation des eaux usées. Comme vous pouvez vous en douter, le permis de construire n’a pas été accordé, le chantier s’est arrêté en cours de route. Il a fallu plus de vingt ans pour que ce village fantôme, qui laissait une drôle d’impression, soit détruit. Ceux d’Australie et des USA sont devenus des lieux touristiques (Calico en Californie ou Gwalia en Western Australia).

Calico Ghost Town : Calico : Intérieur et Sierra Nevada : Californie :  Routard.com
Home | Gwalia Ghost Town & Museum
Gwalia en Australie Occidentale près de Kalgoorlie
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2 réflexions sur « Village »

  1. bonjour chère Françoise, oui je connais bien la vie d’un village, pour y avoir passé ma jeunesse, mais la vie y est de plus en plus difficile, j’ai connu mon village, essentiellement agricole, , avec Medecin, veterinaire, pharmacien, Postes, 6 cafés , un hotel, deux boulangers, deux bouchers, 3epiceries, un carnaval célèbre dans toute la region, mais depuis vingt ans tout se degrade, me medecin est parti en retraite, la municipalité à recupéré l’hotel pour en f air eun centre de santé, mais n’arrive pas à faire venir un médecin, le pharmacien malade, a du fermer,, la municipalité à du reprendre la dernière epicerie, il reste un boulanger, un boucher, le dernier bistrot tabac, vient de fermer , ça devient tres difficile…le carnaval n’a pu drainer de visiteurs depuis deux ans ! j’imagine ton village, avec en plus le risque d’avoir les avions a basse altitude ! tu parles de Paray vielle poste, je connais, j’ai voulu acheter là, je me suis sauvé bien vite
    devant le fracas des avions d’Orly !! dans mon village natal ils ont essayé de faire venir des eoliennes, mais ce n’etait pas une bonne idée , c’est peu rentable, et peu populaire ! ça ne m’empechera pas d’aller y passer mon dernier repos, ça risque d’etre trés calme ! moins qu’à Calico, j’ai visité un dimanche, plein de visiteurs viennent costumés comme au bon vieux temps des cowboys!!
    j’espère que ton village te donnera plus de satisfactions, bonne semaine chere amie, grosses bises

  2. Il faut aussi se rendre compte que les politiques pour mieux nous tenir ont fait de nous des assistés !
    Il faut aussi parler de l’âge qui peut compliquer la vie à la campagne !
    On a aussi tué ce qui faisait la convivialité du bistrot, avec la menace gendarmesque pour le petit rosé de trop !
    Il faut au minimum une boulangerie et un médecin, comme avant !
    Bonne journée Françoise
    Bisous

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