Perspectivisme, quésako ?

“Quésako ?” allez-vous dire ? Je m’étonne souvent du décalage qui existe dans le langage entre Français, jeunes et moins jeunes, du Nord ou du Sud, de l’Est ou de l’Ouest. Français, nous parlons français mais pas le même et je crains que la scission ne soit de plus en plus grande. Désespoir de la Française qui pleure sur le rayonnement perdu de la France et du français, volonté et espoir de l’ex-enseignante qui se dit qu’elle doit continuer à semer le peu qu’elle sait et qu’elle doit partager.

Quésako ? Locution interrogative familière signifiant “Qu’est-ce ? Qu’est-ce que c’est ?”

Quès aco?… » fit Tartarin, s’éveillant en sursaut (Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, 1872)

Savez-vous que c’est aussi un bonnet de femme, composé de trois panaches, que l’on portait derrière le chignon, à la mode à la fin du XVIII^esiècle ? Le dix-huitième, une époque folle, celle de nombreux abus, celle de la Révolution Française de 1789, une époque durant laquelle les coiffeurs et perruquiers s’en donnèrent à cœur joie pour créer n’importe quoi pour faire “briller” les mieux lotis qui étalaient leurs richesses face à un peuple de plus en plus démuni.

 

Coiffure dit “à l’Indépendance ou le triomphe de la Liberté”, en même temps le peuple n’avait pas de quoi manger.

Comme toujours, je digresse. Je reviens à ce dont je voulais parler au début du billet : le perspectivisme, mot dont la racine est perspective, vision à long terme ou, en peinture, fait de représenter un espace en trois dimensions sur une surface en deux dimensions (un tableau). Les peintres du Moyen-Âge ne l’utilisaient pas et on constate son absence dans les dessins d’enfants, c’est à la Renaissance que tout a changé et que des règles ont été fixées pour expliquer et enseigner la méthode. Cette notion de perspective en peinture a permis la réalisation d’oeuvres en trompe-l’oeil, par exemple au fond d’un couloir pour masquer le mur et donner une impression de profondeur.

Le perspectivisme est un mot masculin utilisé en philosophie par référence à Nietzsche ou encore à la doctrine de Mannheim, doctrine selon laquelle la façon globale qu’a un sujet de concevoir les choses est déterminée par sa position socio-historique.

Ceux qui se targuent de connaissances psycho-socio-philosophiques que je n’ai pas, pourraient expliquer le concept plus facilement (ils l’ont sans doute bien intégré et peut-être re-cuisiné à leur manière, c’est ce qui se passe quand on réfléchit trop et quelquefois mal).

Ne me rétorquez pas, «C’est une question de point de vue», ce lieu commun m’agace au plus haut point car derrière ce pluralisme de façade (comme l’horrible “des goûts et des couleurs, on ne discute pas”), derrière ces mots se cache en réalité un véritable terrorisme intellectuel, au nom de la tolérance, on est contraint de cesser tout échange ou de faire semblant d’échanger sur des sujets autres, sans réalité concrète, du blabla. Au mépris de toute prétention à la vérité, on tourne le dos à la possibilité d’un horizon réellement commun et de partage des points de vue.

En résumé, et à mes yeux, dans l’idéal, le perspectivisme serait d’admettre le point de vue de l’autre mais ne pas opposer et plutôt composer. Il faudrait être capable de discuter sans vouloir imposer son point de vue (ses objectifs inavoués), ce qui ne signifie pas abandonner ses idées mais encore moins mentir, noyer le poisson, enfumer ; c’est considérer que l’autre existe aussi.

Peut-être que c’est simplement une idée de la vraie démocratie : chacun a son mot à dire et doit être entendu et écouté réellement malheureusement je crains que ce perspectivisme, relativiste par nature, ne soit devenu l’allié de l’individualisme actuel.

Et si ceux qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels étaient éjectés… Louis XVI a été guillotiné  pour moins que les abus de Macron et ses amis. Pauvre Loulou qui était simplement au mauvais endroit au mauvais moment !

Et une chanson à texte de Clogero, chanson qui me fait pleurer. Grenoble, Villeneuve, Sofiane…