Jadis, sur mon caillou, à l’Île de La Réunion, j’allais au théâtre, c’était au siècle dernier quand je suivais les créations d’Emmanuel Genvrin avec intérêt. Une de ses pièces avait pour titre “Runrock“. Était-ce un texte prémonitoire comme le furent les écrits de Jules Verne ou mieux le roman de Morgan Robertson ?
“Le Naufrage du « Titan »” (dont le titre original était Futility) est un roman court écrit par Morgan Robertson et publié en 1898 qui raconte l’histoire d’un paquebot, le Titan, plus grand navire de son époque, qui sombre dans l’océan Atlantique après avoir heurté un iceberg. Prémonition pour le Titanic.
Emmanuel Genvrin raconte l’histoire d’une île nouvelle et de sa colonisation. En 2050, un volcan surgit au sud de l’océan Indien. Et si c’était vrai… En ce moment, la terre tremble depuis près de trois ans dans l’Océan Indien, pas loin de Mayotte et un volcan est en train de sortir alors…
Je reviens sur le théâtre créole.
Le texte de Genvrin “RunRock” a été terminé en janvier 1987, quelques semaines avant les “manifestations” pour le maintien de la troupe Vollard au Grand-Marché de Saint-Denis. L’autorisation de jouer cette pièce n’était arrivée qu’à la veille de la première, il me semble. Beaucoup de critiques envers ce Manu-là et sa troupe, des dénigrements comme c’est souvent le cas quand on innove et qu’on dérange. Monsieur Genvrin avait un œil sûr et une plume alerte que j’aimais beaucoup ; j’en ai déjà parlé avec Marie Dessembre (LÀ).
Dans “RunRock”, l’auteur voulait décrire beaucoup de choses parmi lesquelles le comportement des Réunionnais bien Français, colonisateurs à Madagascar où une expérience d’implantation d’agriculteurs à la Sakay avait mal fini mais il y avait des tas d’autres idées.
Primo, Run Rock était quasiment une comédie musicale et chaque artiste nous montrait ses talents de musicien et d’acteur. Le plus grand, occasionnel de la troupe, Baguette, de son vrai non Patrick Huguet (taille : 2 m 10) jouait le rôle d’un muet “Parlepa” au côté de l’indispensable Arnaud Dormeuil , le plus petit (taille : 1 m 40), accordéoniste rieur, jovial, acteur fétiche de la troupe. (Ces deux acteurs nous ont quittés il y a déjà plusieurs années.)“
Deuxio : il s’agissait d’une véritable critique sociale, drôle, loufouque et triste à la fois, pessimiste au fond ; la télévision, les médias, le pouvoir étaient égratignés au passage.
Tertio ; en 1986, une éruption volcanique avait agrandi La Réunion d’une dizaine d’hectares. Réflexion : à qui appartenaient ces terres nouvelles de la Pointe de la Table ? Le Théâtre Vollard se les appropria et les distribua à son public. Action : à chaque représentation de “Run Rock”, un tirage au sort attribuait aux spectateurs un morceau de lave et un titre de propriété. Une journée de «prise de possession» eut lieu le 1er juin 1987 avec levée des couleurs (empruntées aux pompiers de Saint-Denis), pique-nique républicain, construction d’un poste de douane, d’une stèle et pose de la première pierre du Centre dramatique de La Réunion.
Pour résumer la pièce : en 2050, un volcan est sorti des eaux de l’Océan Indien, le site est interdit par la gendarmerie mais un premier groupe, autour du rasta Cimarron, réussit à s’établir, bientôt rejoint par une famille de colons, les Payen. Comme le territoire est déclaré “zone interdite”, les colons sont, de fait, des hors-la-loi. Le premier a avoir posé le pied sur cette terre vierge est “Parlepa”, le géant muet, mais Cimarron, le musicien rasta se décrète dès son débarquement, roi de l’île. L’arrivée des nouveaux colons réunionnais : la famille Payet, va bouleverser ses projets. Il me semble qu’à la fin, tous attendent une barge qui doit les ramener vers la civilisation (l’Île de La Réunion) mais que tout finit comme un suicide collectif mettant ainsi l’accent sur l’incapacité à forger un projet collectif pour l’avenir. N’est-ce pas notre problème actuel ?
Entre l’émergence d’une île et la déliquescence de la société au XXIème siècle dont nous sommes témoins, nous pouvons nous interroger sur préscience de quelques auteurs et sur notre futur.
Je préfère me souvenir de belles choses (insignifiantes ?) : la soupe préparée pour Carrousel au Théâtre du Grand Marché, la balade en train, le long de la route en Corniche, vers à la Grande-Chaloupe et le repas du soir préparé par les habitants du lieu pour Lepervenche. Une bien belle création. Il y en a eu tant d’autres…
Qu’est devenu Emmanuel Genvrin ? Et le reste de la troupe ? J’aimerais bien savoir. Nostalgie, tristesse, mélancolie… Les temps ne sont pas très gais.
La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste.Victor Hugo
interessants tes souvenirs du theatre à la Reunion, des pieces montées et crées par des amateurs, je n’ai que de pauvres souvenirs, dans mon village une troupe d’amateurs jouaient des vaudevilles connus, dans un hangar prété par un artisan ! c’etait quand meme du theatre, tout ce la a disparu d’ailleurs, j’ai passé trente ans à Paris, j’ai du aller cinq fois au theatre, le travail en horaire décalé, trois enfants à elever, une lointaine banlieue, trois heures de transport par jour, ne facilitent pas les distractions artistiques, meme pas le cinéma ! nous avons du comme beaucoup nous contenter de la télé ! depuis que je suis en retraite, rien, il y a quinze ans que je ne suis pas allé au cinema, le theatre alors, je me tiens au courant grace à la télé et un abonnement a Télérama, et pour d’autres je suppose que c’est bien pire, la fermeture de tous les centres culturels n’arrange rien ! tres bien la citation de Victor Hugo !! amities et bises
Je n’ai été qu’une fois au théâtre avec ma classe, pour voir le “médecin malgré lui ” de Molière, et sinon, je ne ratais pas au théâtre ce soir !
Je constate que tes souvenirs sont pratiquement intacts !
Les pièces modernes ne m’inspirent pas confiance !
Passe une bonne journée Françoise
Bisous