Le mot « nègre » dans son acception contemporaine est largement controversé dans les pays où il est utilisé pour désigner spécifiquement les individus à la peau noire ; souvenir dérangeant de l’époque du commerce triangulaire ? Pourquoi le mot « nègre » conserve-t-il, dans la tête de certains (les vrais racistes qui se cachent), un sens péjoratif fort ?
N’est-ce pas simplement à cause de ce goût des mots anglais où dans cette langue la connotation péjorative du mot “negro” est beaucoup plus grande ?
À l’Ïle de la Réunion, le mot nègre n’est pas utilisé mais remplacé par le mot CAFRE et si le côté péjoratif du terme existe, c’est le ton utilisé pour le prononcer qui fait toute la différence. Écoutez bien ce mot, en français, c’est pareil. À La Réunion, mon cafre, c’est mon ami ; la cafrine est non seulement une jolie jeune femme d’origine africaine mais aussi, quand on dit “ma cafrine” : mon amie, mon aimée, ma doudou… Le ti cafre est aussi plein d’affection.
Pour désigner des personnes de couleur noire, le terme “nègre” vient de l’espagnol negro, « noir » mais avant l’esclavage, les personnes mélanodermes étaient désignées comme des «Maures» même si tous les Maures ne sont pas noirs (voir la tête corse), tout comme les Sarrasins (je souris en pensant au film “Les visiteurs” et à la camionnette de La Poste, vous en souvenez-vous ?).
Le mot nègre fait son apparition dans le Dictionnaire de l’Académie française de 1762 uniquement comme synonyme d’esclave : « NÈGRE, ESSE. s. (exemple : Traiter quelqu’un comme un nègre, pour dire, Traiter quelqu’un comme un esclave. » Puis le mot « nègre » a été progressivement remplacé par «noir» voire par des euphémismes successifs : « homme de couleur » (moi, je ne suis pas transparente et je peux être rouge de honte, être un peu grise, dans une colère noire ou encore être verte de peur, bleue de froid…). Dans les années 1990 se développe l’usage de l’anglicisme « black » (pourtant l’homme de couleur est toujours aussi noir en black) puis certains milieux emploient le verlan « renoi » pour désigner un noir. C’est bien le grand n’importe quoi. L’expression “face de craie” qui a cours en France dans les cités n’est-elle pas plus injurieuse ?
On ne donne aux mots que la violence, la force que l’on veut. Il est certain qu’il faut faire des efforts pour les maîtriser mais n’est-ce pas ce qu’on attend d’une personne qui veut s’intégrer ? Des efforts d’assimilation que grand nombre d’immigrés et de descendants d’immigrés ont faits. Je sais de quoi je parle dans ce domaine-là.
Dans les années 1930, en France, les insultes racistes, dont furent victimes des intellectuels noirs francophones comme Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, ont encouragé es derniers à résister à leur manière et le terme « négritude », forgé à cette époque, s’emploie aujourd’hui dans un sens positif.
Alors, à tous les “gros malins” qui veulent faire disparaître le mot nègre, comment devra-t-on appeler désormais :
- La Revue nègre
Spectacle musical, créé en 1925 à Paris qui a fait le succès de Joséphine Baker, l’étoile montante de l’époque. Cette exhibition a permis une diffusion plus large de la musique de jazz et de la culture noire en Europe. À la même période, l’art nègre était à la mode et l’on mangeait aussi, sans honte et avec plaisir, des têtes-de-nègres ou des «baisers du nègre.» .
- l’art nègre
Les premiers objets d’art africain ont été découverts au XVe siècle par des explorateurs portugais et depuis, l’engouement de l’Occident pour les œuvres exotiques et mystérieuses n’a cessé de croître. Il a culminé, dans les années 1920, avec la mode de l’« art nègre » et il fallut attendre la décolonisation dans les années 1960 pour entendre parler d’« art africain ».
- les “têtes-de-nègres” ou des «baisers du nègre»
Noms de pâtisseries faisant polémique en France, en raison du rappel péjoratif de l’esclavage, de la colonisation ou du racisme supposé. Quand je dis “j’aime le chocolat et les têtes-de-nègre”, il n’y a rien de raciste, ni rien d’insultant. Les friandises ont été rebaptisées pour respecter les personnes noires (pff ! Hypocrisie) par de nombreux noms : tête au choco, tête-mousse, merveille au chocolat… Moi je continue avec l’appellation “tête-de-nègre” même s’il y a longtemps que je n’en ai pas vue une seule dans les vitrines de boulangerie-pâtisserie, donc je n’en ai pas demandé ni mangé. Dommage ! J’aimais bien les têtes-de-nègre (meringues au chocolat), heureusement l’éventail des régals au chocolat est large, rien que du chocolat noir, bien noir (le chocolat blanc horreur ! ce n’est que beurre de cacao, produits laitiers, sucre, lécithine et arômes : pas de trace de cacao en poudre. Beurk !)
J’aimais bien aussi les nègres de Banania (le chocolat en poudre) ou de l’oncle Ben (le riz), je ne voyais aucun irrespect dans ces représentations. J’ai toujours beaucoup apprécié la nounou de Scarlett O’Hara, Mamma, dont on ne sait rien, ni où elle est née, ni si elle a été mariée et si elle a eu des enfants. Il y en a eu des dizaines de milliers de ces nounous noires dans le Sud américain qui élevaient les enfants des riches Blancs et faisaient souvent presque partie de la famille. Le nom de Mamma est révélateur de l’attachement réciproque de Scarlett et de sa nounou qui a du caractère, est très digne mais pas rebelle. (Hattie McDaniel est la première Noire à avoir remporté un Oscar pour ce rôle de “Mamma”, meilleur second rôle).
- le nègre :
ou Ghost-writer (écrivain fantôme) pour les anglophones, «prête-plume» selon une recommandation du ministère de la Culture français. L’expression «nègre littéraire», pour désigner le “collaborateur” d’un auteur, est bien un héritage du contexte esclavagiste mais plus personne n’utilise le mot «nègre» (littéraire) avec une intention raciste..Le nègre est exploité comme un esclave ; le métis Alexandre Dumas employait des écrivains de l’ombre et le pamphlet d’Eugène de Mirecourt contre Dumas, en 1845, va populariser le terme : “Grattez l’œuvre de M. Dumas,… et vous trouverez le sauvage… Il embauche des transfuges de l’intelligence, des traducteurs à gage qui se ravalent à la condition de nègres travailleurs sous le fouet d’un mulâtre !” Le jeu de mots sera retourné par Dumas fils qui présentait son père comme «un mulâtre qui a des nègres.»
- À l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, le mot « nègre » était autrefois utilisé, à compter du XIXe siècle, pour désigner le major de promotion, c’est-à-dire l’élève le mieux classé.
Patrice de Mac Mahon, roi de la gaffe, aurait dit, lors de sa visite de cette école : « C’est vous le nègre ? Eh bien, continuez ! » à l’élève-officier Maximilien Liontel, par ailleurs Noir, originaire de Cayenne en Guyane. L’expression est passée à la postérité avec la dose d’humour qui se doit.
- la couleur «nègre » ou « tête-de-nègre »
En reliure, la couleur « nègre » ou « tête-de-nègre » est utilisée pour décrire une teinte particulière de cuir, le plus souvent de type maroquin (chèvre) de couleur marron très foncé, presque noir.
Alors, hein, que dire à la place de toutes ces expressions ? Par quoi les remplacer ? Faut-il seulement les remplacer ?
Ce n’est qu’hypocrisie que de changer les mots. “J’appelle un chat un chat, et Rolet un fripon“, comme je me plaisais à le dire à mes élèves citant Nicolas Boileau.
Attention tout de même à l’un de ces «rois nègres », potentats africain, peu enclins à appliquer les règles de la démocratie libérale, pratiquant la corruption, le clientélisme, le népotisme, les trafics divers et variés usant parfois de violences physiques à l’encontre de ses opposants et détracteurs.
Pour finir avec les mots d’un autre :
«La fonction d’un écrivain est d’appeler un chat un chat. Si les mots sont malades, c’est à nous de les guérir. Au lieu de cela, beaucoup vivent de cette maladie. »
Jean-Paul Sartre
il me semble qu’on comprend facilement que le mot noir, n’ a rien d’ offensant, et on l’ accompagne souvent d’un adjectif, sympa !
Par contre, négro s’ accompagne souvent de ” sale ”
Le ramdam actuel fait par certains noirs, souvent musulmans finira par se retourner contre eux, parce qu’ils oublient qu’il y a beaucoup de racisme chez eux aussi !
J’ai bien aimé tes réflexions sur le terme ” nègre ”
il ne faut pas en faire une insulte !
Passe une bonne soirée Françoise
Bisous
oui c’est bien triste tout ça, autour de ce ce mot “nègre” ! bravo pour ton étude sur ce mot ! et son utilisation ! à vingt ans je n’avais jamais rencontré de “nègre”, il a fallut que j’aille travailler à Dakar, là j’ai été servi, on ne les appelait pas les “nègres”, mais les “africains”, on ne sentait pas vraiment de racisme, chacun travaillait dans son univers, nous avions quand meme une femme de ménage senegalaise, qui étant plus agée que mon épouse, en fait dirigeait la maison !! cependant chez le boucher on pouvait voir un bel étalage de viande , comme en France, mais un peu à l’ecart, des chutes de viande pour chiens, et encore de moins qualité, “la viande pour boys” , c’etait en 1950, je suppose que ça n’existe plus ! depuis le Senegal est devenu independant ! depuis j’ai eu mon meilleur collègue de travail métis de la Guadeloupe, amis depuis 50ans, mon ami de l’ile Maurice, depuis 30ans, métis descendant d’un esclave du Mozambique, qui m’appelle son frère ! je peux comprendre le racisme dans les deux sens, mais c’est un mot qui me herisse, je ne peux l’eprouver… tu parles du metis Alexandre Dumas, il y en avait un autre tres célèbre, le métis Alexandre Pouchkine en Russie ! et je le rappelle a qui veut l’entendre , l’humanité à ses origines etait noire , nèe en Afrique ! devenue blanche, jaune, par la suite des diverses migrations…alors les couleurs !!! on en fait bien ce qu’on veut, bonne journee chere Françoise
oui c’est bien triste tout ça, autour de ce ce mot “nègre” ! bravo pour ton étude sur ce mot ! et son utilisation ! à vingt ans je n’avais jamais rencontré de “nègre”, il a fallut que j’aille travailler à Dakar, là j’ai été servi, on ne les appelait pas les “nègres”, mais les “africains”, on ne sentait pas vraiment de racisme, chacun travaillait dans son univers, nous avions quand meme une femme de ménage senegalaise, qui étant plus agée que mon épouse, en fait dirigeait la maison !! cependant chez le boucher on pouvait voir un bel étalage de viande , comme en France, mais un peu à l’ecart, des chutes de viande pour chiens, et encore de moins qualité, “la viande pour boys” , c’etait en 1950, je suppose que ça n’existe plus ! depuis le Senegal est devenu independant ! depuis j’ai eu mon meilleur collègue de travail métis de la Guadeloupe, amis depuis 50ans, mon ami de l’ile Maurice, depuis 30ans, métis descendant d’un esclave du Mozambique, qui m’appelle son frère ! je peux comprendre le racisme dans les deux sens, par reaction de defense, mais c’est un mot qui me herisse, je ne peux l’eprouver… tu parles du metis Alexandre Dumas, il y en avait un autre tres célèbre, le métis Alexandre Pouchkine en Russie ! et je le rappelle a qui veut l’entendre , l’humanité à ses origines etait noire , nèe en Afrique ! devenue blanche, jaune, par la suite des diverses migrations…alors les couleurs !!! on en fait bien ce qu’on veut, bonne journee chere Françoise