Le 11 mai 2020, demain, une partie des enseignants va reprendre le chemin de l’école, et le lendemain ou quelques jours plus tard une partie de nos enfants les rejoindront. Une partie seulement des enseignants et des élèves. Voilà bien le problème. Une chose est certaines, cette reprise se fera dans des conditions très différentes d’une région à l’autre, d’une commune à l’autre et d’un établissement à l’autre. Où est l’unité de la république ?
Je rappelle que les principes fondamentaux de la République française sont énoncés dans sa devise : “Liberté, Égalité, Fraternité”.
L’article 1er de la Constitution s’inscrit dans ce cadre puisqu’il proclame que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». “Une République indivisible” signifie qu’aucune partie du peuple, ni aucun individu, ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté nationale. Seul le peuple exerce cette souveraineté par la voie de ses représentants (ex : les députés) ou du référendum.
L’unité et l’indivisibilité garantissent une application uniforme du droit sur l’ensemble du territoire national. Or ce n’est plus le cas. On le voit chaque jour un peu plus.
La réouverture des écoles se situe aux niveaux politique, économique et sanitaire mais ne prend guère en considération les enjeux éducatifs.
De nombreuses décisions ont été prises dans l’urgence et sans réflexion à long terme et l’urgence ne peut plus être une excuse si l’on songe à la gestion du problème des masques qu’on a laissé s’enliser comptant sur le dévouement de quelques citoyen.ne.s.
Le but essentiel et immédiat du gouvernement est la reprise de l’activité économique (pour un retour à la normale). Les parents doivent retourner au travail car les coûteuses (pour l’État) mesures de chômage partiel ne peuvent être reconduites en juin. Beaucoup de parents n’auront pas d’autre choix que de retourner au travail et de laisser leurs enfants : quand, comment et à qui ? Dans quelles conditions ? Quels sont les risques d’une nouvelle flambée de contamination ? Personne ne le sait vraiment.
Des technocrates, apprentis sorciers, ont décidé la réouverture des écoles sur la base d’un protocole sanitaire diffusé par le ministère de l’Éducation nationale. Un protocole pas très clair puisqu’il compte soixante-trois (63) pages. D’une manière générale : Citoyens : osez réclamer des textes clairs !
Réclamez aussi une égalité de traitement ! Dans certaines écoles, une fois toutes les mesures respectées, les quinze places évoquées se résument quelquefois à seulement cinq enfants pouvant être accueillis réellement.
Certains écrits provenant d’établissements scolaires étaient surprenants, ils étaient en contradiction avec les engagements pris par le gouvernement et variaient d’une inspection académique à l’autre. Le ton employé et les informations parcellaires transmises généraient encore plus d’inquiétude.
De toutes façons, depuis le début : rien n’est clair. La France est devenue une pétaudière : la confusion règne dans tous les domaines. En regardant seulement l’école :
- L’engagement de la continuité de l’enseignement à distance était bien variable ; chaque maître décidait de ce qu’il devait faire en “son âme et conscience”. Avec quatre petits-enfants, j’ai pu constater des différences : les maîtres occitans ont été bien plus sérieux dans leur travail que les maîtres parisiens et, dans l’école de référence en Occitanie, d’un maître à l’autre la méthode et le soin apporté a travail variait. Bravo aux uns et honte aux autres qui se sont contentés de très très peu : le minimum syndical comme on le dit familièrement, le strict minimum, c’est-à-dire qu’on ne pouvait pas faire moins..
- Les accès à internet et au matériel informatique sont loin d’êtres égalitaires. Il existe d’énormes différences de débit entre les connexions à la ville et à la campagne. Le matériel à la disposition des élèves n’est pas le même selon que la commune est richement dotée ou non : à Poissy, le groupe PSA verse de belles sommes à la commune mais un village occitan peuplé de petits agriculteurs ou devenu cité-dortoir, de Toulouse, les disponibilités financières ne sont pas les mêmes. Quant aux familles nombreuses, comment trois enfants ou plus peuvent-ils disposer d’assez de place pour travaille calmement, d’un matériel informatique individuel et d’une connexion ?
- Les temps “périscolaires” ne peuvent être gérés par une petite commune tout comme l’entretien, la désinfection régulière des locaux…
Ceux qui déclarent que l’école à la maison, c’est bien et qu’après quelques semaines de rodage, les choses se sont mises en place de manière satisfaisante n’ont certainement pas d’enfants à charge. Combien de parents sont exaspérés ? Combien sont désespérés ? Combien se sentent coupables ? Je crains que le nombre de dépressions nerveuses n’augmente.
Certes dans quelques cas, on a pu constater le rétablissement d’un lien fort entre les parents et les enseignants autour de la scolarité des enfants mais pas toujours. Des parents ont compris que leurs enfants étaient loin d’être des anges, sages, gentils, que le métier d’enseignant est difficile (Imaginez ce qu’ils doivent gérer avec trente élèves enfermés dans une salle cinq heures par jour et cinq jours par semaine !) Les enseignants doivent faire régner le calme, dispenser un enseignement et s’assurer que tout le monde a compris car les apprentissages ne sont pas simples pour tous. Des parents ont pu comprendre pourquoi leur enfant décrochait en classe soit par ennui (temps perdu à attendre ceux qui ne suivent pas) soit par difficultés “personnelles” (manque d’intelligence, d’attention, de concentration…
En résumé : pour beaucoup d’enfants, l’école à la maison va se poursuivre et pour les élèves qui iront en classe un ou deux jours par semaine, les apprentissages ne pourront être réalisés correctement en un temps aussi court et en de telles circonstances. C’est n’importe quoi. Pour que l’année compte comme “pleine”, il faudrait que parents et enseignants cadrent le travail jusqu’à la fin de l’année scolaire et même pendant les “vacances” d’été.
L’objectif maintenant, le seul à atteindre, est d’être prêt pour la rentrée de septembre si l’on veut “un retour à la normale” mais on peut envisager d’autres choses : l’école à la maison, autrement, pas contrainte mais choisie.
Si on veut éviter une forte augmentation du nombre d’enfants en échec scolaire, si l’on veut un bon redémarrage, il faut avant tout réussir à rassurer nos enfants et nous-mêmes. Il faudrait donc être clair et sincère.
il y a bien longtemps que nos politiques et lgtb ont oublié les droits des enfants pour le confort personnel !
Aujourd’hui les circonstances exceptionnelles font exploser tous les principes de notre France !
La situation est compliquée, mais il me semble que la solution serait de déclarer cette année blanche pour tous les écoliers et collégiens