Je vous fiche mon billet

Pour continuer (juste un petit peu) avec notre président qui veut “parler populo” de temps en temps pour essayer de nous faire croire qu’il est proche de nous, le peuple français, je reviens sur une expression qu’il a utilisée “je vous fiche mon billet”.

Je vous fiche mon billet a des variantes ;

  • je vous en fiche mon billet
  • je vous en donne mon billet
  • je vous en fous mon billet

qui signifient toutes : je vous affirme, je vous assure, je vous certifie que et même je vous parie que… Quoi ? Ça dépend. Du moment, du jour, de l’heure, de l’endroit, de l’interlocuteur.

Quelle est ou quelles sont les origines de cette expression peu fréquente, que j’ai entendue une fois dans la bouche de ma mère à qui j’avais demandé une explication (et oui, j’ai toujours posé des questions et tenté de trouver des réponses) mais je n’en ai pas eu de satisfaisante et peut-être même pas de réponse du tout. Alors j’ai cherché et voilà ce que je peux vous dire aujourd’hui.

À l’origine, un “billet” (mot né au milieu du XIVe siècle) est un message écrit bref, au contenu réduit à l’essentiel.

Au fil des ans, tout en conservant son sens initial, il a été utilisé différemment :

  • à la fin du XVIIe, le billet est une attestation écrite de quelque chose (un fait ou un droit. Par exemple, l’armée fournissait un billet de logement à un militaire en campagne afin d’aller loger chez un habitant désigné. On trouve cela dans le roman de StendhalLa Chartreuse de Parme). 
  • au début du XVIIIe siècle, le “billet de banque” est vu comme une promesse écrite, un engagement de payer une somme tout comme le chèque (que l’on peut rédiger librement sur n’importe quel support papier; oui, oui, je vous assure.) ;
  • aux XVIIIe siècle et XIXe siècle, ont circulé des billets doux, billets galants, billets d’amour plus romantiques que les billets de banques ;
  • au XXe siècle, c’est un écrit sous seing privé portant la reconnaissance d’une dette :
    a) billet simple : écrit, contrat unilatéral devant être obligatoirement écrit et signé de la main du débiteur.
    b) billet à ordre : écrit par lequel le souscripteur s’engage à payer à une autre personne, ou à son ordre, une certaine somme d’argent, soit à vue, soit à une date déterminée.
  • le billet peut être aussi un ticket attestant qu’un voyageur s’est acquitté des droits lui permettant d’effectuer un certain parcours en bus, métro, train, avion… ou encore un ticket donnant un droit d’entrée dans une salle de spectacles (cinéma, théâtre, concert) Il existe des billets de faveur (billets gratuits ou à prix réduit) et des  billets de service (billets d’entrée donnés par les directeurs de théâtre aux artistes dont le nom figure sur l’affiche du jour)`
  • enfin, c’est une missive brève annonçant une nouvelle : un billet de part plus communément appelée “faire-part” ;
  • par analogie : courte chronique de journal, où le rédacteur, qui généralement signe de son nom, est censé s’adresser à une ou à plusieurs personnes sur un sujet d’actualité ; ce terme est utilisé de nos jours par les internautes : les “billets d’un blog”.

On peut donc comprendre l’expression  “je vous en donne mon billet” comme :

  • une déclaration : “je suis tellement sûr de ce que j’affirme que je suis prêt à vous écrire un billet qui l’attesterait” ;
  • une manière “convaincante” de dire quelque chose ; pour être logé chez l’habitant, le soldat présentait son billet (de logement) : “je vous donne mon billet, ce soir, je dors ici” sous-entendu, il  n’y a pas à discuter. Dans ce deuxième cas, le billet est une sorte de formule magique, un sésame. Encore que, on peut “coucher dehors avec un billet de logement” ; je reviendrai là-dessus bientôt..

Les verbes fiche et foutre sont arrivés ensuite par simple remplacement de donner et sont des équivalents argotiques, plus familiers.

Pour finir deux points :

1 – il existe une locution populaire plaisante (pas pour tout le monde) : prendre un billet de parterre ce qui signifie tomber ;

2 – pour plaire à Monsieur Macron et l’inspirer, qui sait, je vous offre une vieillie expression : “Le bon billet qu’a La Châtrequi fait référence à une promesse trompeuse, en l’occurrence celle de Ninon de Lenclos qui, sa vie durant, a collectionné une ribambelle d’amants (le premier à seize ans) et qui s’était engagée par écrit à rester fidèle au marquis de La Châtre.

C’est sûr il s’y connait notre Manu, comme bon nombre de politiques, en matière de promesses non tenues.

Utilisera-t-il un jour l’expression Le bon billet qu’a La Châtre” ? Si oui, vous saurez de quoi il parle.

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2 réflexions sur « Je vous fiche mon billet »

  1. un billet qui recouvre bien des domaines !
    J’ aimerais bien vous ficher mon billet qu’ on en n’a plus pour longtemps avec le bonimenteur, mais celui ci est assez magouilleur pour s’ accrocher jusqu’ à la fin !
    Mais quand même des fidèles du marquis du Touquet, il en reste de moins en moins , on aimerait parler de peau de chagrin

  2. Hé oui, le pauvre, il croit qu’en employant de telles phrases il se rabaisse à notre niveau …
    Pour moi, ça me fait tout l’effet contraire : ce n’est pas dans son langage et ça ne lui va pas du tout !

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