Voilà ce qui me donne à réfléchir ce matin : la légèreté, celle d’une conversation par exemple. Cela semble contradictoire : réflexion et légèreté. En permanence, mon cerveau travaille, tourne et j’y trouve des tas de sottises alors souvent je me sens obligée d’être plus sérieuse, une réminiscence de ma vie de prof sans doute à vouloir toujours donner le “bon exemple” (pas facile !).
Aujourd’hui le manque de profondeur, de sérieux dans de nombreux domaines, l’insouciance, l’irréflexion, la désinvolture me semblent si généralisés que je voudrais faire contrepoids ; impossible ! Pourquoi ne pas être plus légère et plus heureuse ? Et surtout comment ?
La recherche du bonheur passe-t-elle obligatoirement par la négation du monde qui nous entoure ? La plupart du temps chacun vit sa vie avec un bandeau sur les yeux comme le petit singe qui ne veut pas voir, souvenez vous de ce billet-là (clic). Heureusement certains se révoltent, pour eux, pour leurs enfants, pour tous les autres, c’est bien courageux mais angoissant aussi car il y a toujours les “pro” et les “anti” et que les situations dégénèrent. Je vous avoue que de plus en plus souvent j’aimerais oublier, me sentir légère, ne plus m’angoisser pour l’avenir et ne pas me braquer contre ceux qui me courent sur le haricot.
Je m’entraîne : pas de critiques ni d’états d’âme aujourd’hui, juste une expression à décortiquer pour me sortir de mes ruminations politiques, en effet je ne fais que ruminer, réfléchir sans fin et sans efficacité (nous sommes nombreux, je crois, à réfléchir en tournant en rond ; les ronds-points sont peut-être bien un symbole choisi de manière délibérément inconsciente – bel oxymore, non ? qui vaut bien « une obscure clarté » de Pierre Corneille. Je souris, modeste.)
L’ expression du jour me rappelle ma grand-mère, c’est “courir sur le haricot“. Charmant pour dire à un interlocuteur qu’il est, au choix :
- agaçant
- crispant
- embêtant
- emmerdant
- énervant
- enquiquinant
- exaspérant
- horripilant
- importun
- insupportable
- pénible
Pourquoi ma grand-mère disait-elle cela alors que mon fils préfère “Tu me saoules” pour exprimer la même chose ?
Le haricot dans ce cas, ce n’est pas le légume, ni le “haricot de mouton” plat que mon aïeule a évoqué quelquefois mais dont mes papilles n’ont aucun souvenir, ni la petite cuvette utilisée dans les cliniques et hôpitaux, ni même la petite table à ouvrage qui porte le même nom que le grain, alors ? Ceci dit, les haricots reviennent à plusieurs reprises dans des expressions familières, populaires : ainsi on peut “travailler pour des haricots“, “pour des prunes” ou “pour des queues de cerise”, travailler pour rien (vive le bénévolat et les stages divers). Nous allons finir par crier “Des haricots ! ” équivalant à “des clous ! soit stop, rien du tout ! Ça suffit : “c’est la fin des haricots” (c’est la fin de tout). Tout ça ne dit toujours pas pourquoi existe l’expression “courir sur le haricot”. Il faut chercher encore un peu.
Haricot en argot se dit fayot, généralement au pluriel, des fayots écrits aussi faillots, mais dans la langue verte les haricots sont soit les jambes, soit les pieds, soit les orteils, et là on commence à comprendre, il n’est pas très agréable de se faire écraser les orteils ou marcher sur les pieds au sens propre comme au figuré. Pourtant l’expression a sans doute une autre origine ; elle viendrait du verbe “haricoter” que j’ai trouvé dans mon dictionnaire de référence (le fameux CNRTL) : harceler, importuner.
Je viens de trouver sur le site .expressio.fr une explication toute faite :
d’un côté, nous avons le verbe ‘courir’ (quelqu’un) qui, dans cet emploi populaire et transitif, signifie déjà tout seul ‘importuner’ dès le XVIe siècle.
D’un autre, nous avons le verbe ‘haricoter’qui, au début du XIXe, signifie soit “être mesquin en affaires”, soit “marchander sur des riens” (ce qui exaspère, forcément), ou bien encore “importuner”.
Haricoter est toujours dans mon dictionnaire et l’expression décortiquée a une variante “tu me cours sur le système” sous-entendu (système) nerveux. Oui, pas facile de rester léger avec tout ce qui peut contrarier.
j’ ai retrouvé ce verbe dans mes Larousse 2 et 10 volumes !
j’ y ai lu aussi qu’ un haricot pouvait être un tas de sel !
une expression de mise, mais que faire !
Peut être se tourner vers la nature de temps en temps !
Passe une bonne journée Françoise
Bisous
merci chere Françoise, pour ces eclaircissements ! peu utilisée dans mon entourage cette expression, par contre “courir sur le systeme” je la rencontre souvent ! “c’est la fin des haricots” est plus courante, mais c’est autre chose ! bonne fin de semaine, bisous
Merci pour ces réflexions sur le haricot.
Déjà réputé pour les problèmes de digestion et ses reflux odorants, il est souvent détourné.
Des emplois souvent imagés et assez drôles …