Et si l’on réfléchissait sur ce lieu commun (proverbe) : “la parole est d’argent mais le silence est d’or” ? Je me dis toujours qu’il est préférable de parler mais je constate que trop parler est nuisible tout autant que le silence peut être coupable. Dieu sait que cette opposition “parole-silence” aura pesé sur ma vie. J’ai subi le silence et les problèmes d’incompréhension de ce qui est dit.
Quand j’enseignais la communication à mes élèves de B.T.S. publicité, j’insistais sur les déperditions du message oral. En prenant l’exemple d’un cours, je partais de “ce que j’ai à dire” : 100 % du message, ce que je dis réellement, ce que l’élève entend, ce qu’il écoute, ce qu’il croit comprendre, ce qu’il comprend, ce qu’il retient et le pire “ce qu’il répète” à son camarade absent mais je m’éloigne de mon sujet expliquer pourquoi la parole me semble préférable au silence.
Si l’on considère que le langage est le propre de l’homme (il existe des langages animaux et machines), je crois qu’il ne peut y avoir humanité sans communication linguistique. Ainsi l’enfant sauvage, Victor de l’Aveyron, muré dans le silence, ne peut développer des facultés proprement humaines tout comme d’autres enfants-loups dont Mowgli, le héros du «Livre de la jungle» de Rudyard Kipling, le plus connu des enfants sauvages. Que de difficultés à tout apprendre : le langage et surtout les comportements humains et leurs interactions.
La parole échangée crée un réseau qui permet la survie physique et morale à condition que l’échange soit réel : les dialogues de sourds n’aboutissent à rien. Souvenez-vous aussi de Gregor dans La Métamorphose de Kafka, qui meurt, non pas de s’être transformé en cloporte mais de ne plus pouvoir communiquer avec ses proches.
La parole échangée est l’antidote de la violence, elle est capable de la désamorcer ; quand on n’est pas d’accord il faut parvenir à discuter, à débattre ce qui n’est pas toujours possible ce qui me ramène une fois de plus à mon professeur de philo en terminale qui m’avait dit : “souvenez-vous que la violence est la raison des imbéciles” et me fait dire à mon tour que les guerres de religion ne sont pas le plus bel exemple de la tolérance ni de l’intelligence.
La parole permet aussi de dénoncer la violence ainsi le célèbre “J’accuse !” d’Émile Zola. D’ autres mots d’ordre sont destinés à lutter contre l’iniquité ou la violence : la journée pour la planète de ce 8 septembre 2018, journée durant laquelle les militants écologistes, à travers le monde, sont allés dans la rue pour exiger des gouvernements qu’ils agissent enfin sérieusement contre le dérèglement climatique (il est grand temps ; trop tard ?)
Enfin, la parole permet non seulement de connaître l’autre mais elle permet aussi de réfléchir : la parole est un chemin vers l’inconscient. Certaines personnes ne laissent pas d’intervalles entre leurs mots, elles parlent sans discontinuer, effrayées par le silence, elles ne s’interrompent que pour reprendre souffle alors que d’autres personnes, au contraire, soit ne disent rien, soit prolongent tellement les intervalles entre leurs paroles qu’elles ne suscitent chez l’interlocuteur qu’ennui et désintérêt. L’existence et l’importance des silences dans une discussion sont ainsi démontrées.
Pourtant quelquefois le silence est préférable à la parole.
On ne peut pas tout dire. Il y a de l’indicible non pas ce qu’on ne doit pas dire, ce qui “ne se dit pas” (un secret, une indiscrétion, une parole blessante…) mais réellement ce qu’on ne peut pas dire parce que les mots (à l’exception des noms propres) désignent des genres et non une chose vraiment précise : le mot répond aux besoins qui ont créé le mot lui-même (femme, par exemple, distingue l’homme de la femme, mais une femme n’est pas comme une autre, il y a ma femme, ma mère, ma soeur, mon amie ou une personne quelconque de sexe féminin). Des précisions sont indispensables et sans ces précisions le message est déformé. Tous les mots peuvent ainsi être “interprétés”. Ceci nous amène à constater que quelquefois, ce dont on ne peut parler, il faudrait le taire car le langage peut nous trahir. si on n’a pas “les mots pour le dire” de manière claire pour son interlocuteur.
On peut aussi parler pour ne rien dire, pour meubler les silences gênants ou pour respecter les conventions, il y a ces paroles “mondaines”, ces paroles ne disent rien. Devrait-on s’en passer ? (À chacun de décider.)
On peut dire quelque chose en se taisant. Il y a des silences qui en disent long, par exemple ceux qui disent le respect (la “minute de silence” symbolique) ou la résistance (comme celui de l’héroïne de Vercors dans Le Silence de la mer) ou même le rejet d’une relation toxique, épuisante avec ce péremptoire “je préfère me taire” qui met en général un point final.
Enfin, il ne faut pas oublier que la parole et le silence sont indissociables et que l’on ne peut préférer l’un à l’autre, les deux coexistent.
- Dialoguer, c’est prendre la parole chacun son tour donc garder le silence et écouter à tour de rôle même sans le bâton à palabres.
- Choisir de dire quelque chose, c’est choisir de ne pas dire tout le reste, donc le taire.
- Choisir de se taire, c’est encore dire quelque chose puisque c’est signifier que l’on ne veut rien dire.
- On ne peut réellement taire que ce qui pourrait être dit.
- La parole est une musique : elle a besoin de silence entre les mots, entre les phrases.
Pour finir, je crois qu’il n’y a pas à préférer le silence à la parole car ils sont véritablement indissociables et complémentaires.
j’ ai pensé à Coluche et au slogan dans une manif, à bas la répression des manoeuvres policières, qui finissait en : à bas les boutons pression, vive les fermetures éclair !
Ce que je constate aujourd’ hui, c’ est qu’ on tente de nous faire taire, sous prétexte de ” fake news ” que ce soit Bruxelles ou notre gouvernement !
C’ est une forme de dictature que de refuser qu’ on pense autrement et de vouloir imposer la pensée unique !
Et il y aura toujours celui qui parle, celui qui écoute, et celui qui entend !
Bonne journée Françoise
Bisous