J’avais écrit un billet faisant l’éloge de la paresse, il y a des années (euh oui…) (clic, LÀ) puis hier j’ai terminé mon article en évoquant la décroissance. C’est qu’en ce moment, je me dis que ralentir est une bonne idée : je devrais m’y mettre sérieusement. J’ai dû être inspirée par le passage de la vitesse de 90 à 80 sur les petites routes (qui ne concernera que les Français lambda (bêtes et disciplinés ; pour les autres il y aura toujours les passe-droits et les arrangements avec le ciel). Je reviens à cette idée qui me trotte dans la tête depuis des mois, il le faut : ralentissons !
Certes, je vieillis mais ce n’est pas ce qui me motive : ralentir, c’est juste pour vivre mieux. Peut-être plus longtemps ?
Au paradis terrestre : il y avait du ciel bleu, du soleil (et la mer ?) ; on se laissait vivre jusqu’à cette fameuse histoire de pomme croquée par Adam et Ève, et paf, la race humaine s’est fait virer de l’Eden. Depuis les femmes enfantent dans la douleur et les hommes vont gagner le pain à la sueur de leur front. (Bon d’accord, ça a un peu changé, les femmes ont des péridurales et elles bossent plus que les hommes.) Bon mais ce n’est pas tout à fait de ça que je voulais vous parler.
Depuis des lustres, le travail est érigé en vertu et l’oisiveté est devenue “mère de tous les vices”. La paresse est un péché capital pour les catholiques et le travail est devenu facteur d’épanouissement. Tu parles ! Vous le connaissez l’épanouissement de la caissière de l’hypermarché ? Et celui des égoutiers ? Du temps de Zola (et même après), les mineurs de charbon ne s’épanouissaient pas au boulot, ils y mourraient souvent et essayaient juste de remonter du fond, en vie. Il y a du mieux depuis mais le travail ce n’est toujours pas la joie.
Heureusement, pour casser le rythme, on a eu les congés payés en 1936 (clic, j’en parlais LÀ), pour se reposer mais encore une fois on a tout fait foirer. À partir d’une bonne idée, ça a dégénéré ; en 2018, fini le repos !
Au début, les Français sont partis en vacances une semaine puis deux, puis cinq, pas loin de chez eux puis de plus en plus loin. Fini le bonheur de “Quand on se promène au bord de l’eau” (chanson de 1936)
on est allé danser le twist à Saint-Tropez
puis faire de la planche à voile à Hossegor, un safari au Kenya, un stage de parapente, rendre visite aux Egyptiens, aux Malgaches ou aux Thaïlandaises pendant que les enfants étaient en séjour linguistique. Au lieu de se reposer, pendant les vacances on “a fait” ça, ça ou ça (le Portugal, l’Australie en quinze jours…).
Même les retraités sont devenus actifs, ils courent partout et font le Vietnam, l’Indonésie ou que sais-je encore ? sans compter que chez eux, ils font de la natation, de la marche nordique, de l’anglais, de l’informatique, de la poterie… Finie la belote au bistrot ou au club du troisième âge !
Histoire d’assurer la relève, nos enfants sont allés à l’école avec dix ou quinze kilos de matériel et de livres sur le dos, on les a expédié faire du karaté, de la natation, de la danse classique… Nos petits-enfants ne sont pas en reste, leurs cartables sont moins lourds mais ils ont encore droit aux activités extra-scolaires épuisantes (parce que les activités péri-scolaires sont souvent inexistantes dans certains quartiers défavorisés ou dans les campagnes) : football, boxe, judo, tir à l’arc ou au pistolet, j’en passe…
Et si on réhabilitait enfin l’oisiveté ?
Ne rien faire, ne pas s’agiter, ne pas s’occuper sans cesse, ce n’est pas forcément s’ennuyer. Regardez les enfants : celui qui n’est pas occupé mais qui est épanoui ne s’ennuie pas, il crée, il invente, il imagine des activités, des jeux et même des amis alors qu’un enfant qui ne s’ennuie jamais parce qu’on le distrait tout le temps n’a plus de temps à lui, du temps pour rêver, pour imaginer, il est souvent pénible à supporter, demande qu’on s’occupe de lui. On l’accuse d’être hyper-actif mais si on le laissait souffler, vivre ?.
À vouloir s’occuper sans cesse et se contraindre à un rythme effréné permanent, nous passons à côté de beaucoup de choses ; nous oublions d’admirer la beauté d’un soleil couchant ou la danse des grains de poussière dans un rayon de soleil, d’écouter le piaillement des hirondelles, de sentir les effluves des mimosas, des lilas ou même celle de la poussière mouillée quand la pluie commence à tomber sur un trottoir chaud… Il est vrai qu’il est plus facile de rêver dans une pinède au bord de la mer, le long d’un sentier de randonnée, dans une clairière où poussent des champignons que sur un parking de supermarché, entre les poubelles d’un tour de quinze étages.
Alors commencer à vous entraîner au farniente pendant les vacances ! Pensez à Alexandre le bienheureux, par exemple. Avez-vous vu ce film de 1968 et ce passage avec le chien quand Philippe Noiret reste au lit avec tout un système de ficelles et de poulies pour accéder aux essentiels (vin et saucisson) sans se fatiguer?
Oui comme l’a dit Jean-Marie Bigard (quelle référence intellectuelle) :
“Rien ne sert de courir… Oui, ça ne sert à rien.”
Alors ne courez plus, ralentissez le rythme et vivez mieux !
Je n’ ai jamais admis cette histoire de la fameuse pomme, en quoi serions nous responsables d’ Adam et Eve !
Culpabiliser était déjà à la mode, et l’ église savait ce qu’ elle faisait.
Depuis le travail c’ est la santé, c’ est surtout celle des patrons et des actionnaires qui profitent du labeur des autres !
Et quelque part, derrière les activités et les voyages, il y a toujours cette odeur de l’ argent.
Aujourd’ hui, je prends mon temps, et ce que je ne fais pas aujjourd’ hui, je le ferai demain !
Passe une bonne journée Françoise
Bisous
AH… Alexandre le bienheureux, quel magnifique film , tu as raison chere Françoise, prenons le temps de vivre , ce qui nous entoure est tellement de moralisant , le travail devalorisant, les pauvres, les riches, et les malheurs que ça entraine, les guerres dans le monde le tourbillon de la vie , assez de tout ça, prenons le temps de vivre, je suis arrivé au bout du chemin, j’ai bien l’intention de ne plus courir, marcher suffit pour se maintenir ! j’ai aimé voyager, mais ça me tente moins, rester chez soi dans son jardin, meme si l’herbe a tendance à tout envahir ! devant son ordi, decouvrir, apprendre, il n’est jamais trop tard, l’oisiveté quelle belle occupation, seulement il faut avoir un minimum de moyens ! helas ce n’est pas le cas pour tous, une refonte de la société s’impose … bon et heureux weekend , chère Françoise, amities et bises