Tout va bien, oui, on vous le dit. On vous le répète et pourtant… Tout va bien, pour s’en auto-convaincre on essaie de ne pas trop regarder la réalité en face, on se délecte de souvenirs ou de beaux rêves de futur, pourtant la vérité est là, amère bien souvent. En France, oui, tout va bien : pas de problème. Ailleurs, ça dépend mais globalement, n’ayez pas peur, on gère et tout va bien malgré Trump, Poutine, Kim Jong-un et le reste. Je pense à mon début d’année en Amérique latine et voilà que me revient en mémoire le Chili et un film.
Sorti le 21 septembre 2016, un film chilien d’une heure et demie porte ce titre “Tout va bien“. L’auteur Alejandro Fernández Almendras a voulu concevoir un film engagé dénonçant l’impunité liée au pouvoir, il confie : “C’est un film qui nous invite à nous mettre à la place de celui qui a le pouvoir, ce qui est, logiquement, beaucoup plus inconfortable – et pour moi beaucoup plus intéressant – que de pendre le riche sur la place publique pour la satisfaction de twitter.”
Voudrait-il dire : Pauvres puissants ? Non, je ne crois pas. Ce film s’inspire de l’affaire du fils de Carlos Larrain (un avocat et politicien chilien) qui, alors qu’il était ivre au volant de sa voiture, renversa et tua quelqu’un. Il quitta les lieux avec ses amis alors que la victime aurait pu être sauvée. Par la suite, un rapport d’autopsie a été falsifié en faveur des accusés et le père Lorrain proposa même d’acheter le silence de la famille de la victime pour 20 000 dollars. Après l’enquête, le fils fut blanchi, ce qui a eu pour conséquence (avec d’autres exemples du même type) de dresser la population chilienne contre la justice du pays. Partout c’est la même chose : il n’y a pas de justice humaine, c’est, comme La Fontaine et d’autres l’ont dit ou écrit : « Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». (Il y a de nombreux moyens de ressortir blanc -sale- ce qui peut satisfaire si l’on n’a pas de conscience.)
Je reviens à ce film : Responsable d’un accident de la circulation, un jeune homme de la bonne société chilienne accuse un ami de rencontre, Vicente, d’être à l’origine du drame. Vicente voit alors sa vie basculer tranquillement, mais tragiquement vers des abîmes qu’il ignorait totalement. Magouilles et faux témoignages s’accumulent devant une vérité que ne personne ne veut entendre. Un ami de la famille de Vicente va tenter d’analyser les errements de l’enquête mais ce qu’il y décèle confirme que la collusion du pouvoir et de l’argent, héritage d’un passé dictatorial encore puissant, freine les ardeurs de la vérité.
Le cinéma chilien revient de manière détournée sur les années Pinochet que le reste du monde a toléré. Faut-il voir dans cet accident, à priori mineur au point que Vicente qui vient juste de rendre le volant à son propriétaire ne s’est aperçu de rien, une allégorie ?
Sous l’effet d’une nuit bien arrosée, près le choc de l’accident, Vicente flirte à l’arrière du véhicule mais ses amis d’un soir comprennent la situation : « On a fait une boulette », dit l’un d’eux. Gentil euphémisme pour un accident mortel dont le responsable désigné est Vicente, lui qui ne fait pas partie de ces enfants de la bonne société chilienne. Il aura beau nier farouchement, il devient la pièce maîtresse d’une enquête aussi bien menée par la justice que par les proches des intéressés. Son avocat, ami de sa mère, ne fait pas le poids pas face à ses adversaires et encore moins sa mère qui le soutiendra pourtant jusqu’au bout. De l’autre côté, la puissance du papa sénateur est sans égale et ses amis d’un soir font bloc avec un culot et un sang-froid désarçonnants. Magouilles et faux témoignages s’accumulent devant sa résignation à dire une vérité que personne ne veut plus entendre. Il n’est pas coupable, on le sait, mais l’histoire a été écrite différemment.
« Réfléchir, c’est le début de la fin » dit l’avocat du film. Joli monde ? Prêt pour le changement ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?
J’ ai toujours été étonné par ces personnages qui rejoignent ceux qui ont le pouvoir, et font finalement que ceux qui ont le pouvoir le gardent et peuvent en abuser.
Les merdias sont aux ordres, et quand ils ne le sont pas comme certains en Turquie par exemple, ils sont interdits, mais le pire c’ est bien la justice qui trahit son serment pour plaire à ceux qui détiennent le droit de vie ou de mort !
En France, je constate que les droits de l’ homme ne profitent qu’ à la racaille, le simple citoyen ne peut se payer un avocat de renom !
Passe une bonne journée Françoise
Bisous
un film qui fait reflechir…merci Françoise ! un innocent qui paie à la place du fils de famille, une justice corrompue, un pays martyr, où les puissants dominent encore, nous n’en sommes peut être pas là, mais ça approche ! merci Françoise pour cette analyse, bonne journée, bises