Out of order ! C’est “être en panne” mais aussi “hors service” (c’est presque le même sens que celui de panne mais plus triste au fond puisque c’est être mis au rebut), en désordre ou inacceptable. Moi qui préfère toujours la langue française si précise aujourd’hui je préfère le “Out of order ” qui correspond bien au sentiment que j’ai ressenti avant-hier matin. Je me suis senti “Out of order ” et ce fut un moment de solitude voire de désespoir tant je me suis sentie vieille et dépassée.
Je vous raconte. Deux de mes petits-enfants avaient passé la nuit chez moi et je devais les accompagner à l’école. Ils avaient déjeuné, étaient habillés et nous avions un instant libre avant de partir à l’école et les voilà qui s’agitent ; le grand (7 ans) dit à sa sœur (5 ans) : “Il est nul ton dab !” et c’est là que nait mon angoisse.
“Il est nul ton dab !”, moi, vieille France, je comprends “il est nul ton père” car l’argot est une langue que j’adore et que j’aimerais pratiquer plus souvent si les gens le comprenaient davantage. Le dab en argot, c’est le père, voire la mère.
C’est notre dab !, dit Fil-de-Soie, — (Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847)
Là, je me dis qu’il n’y a plus de respect et que mon petit-fils est très en avance, autant dans sa maitrise de la langue française que dans sa révolte contre son père. Je lui ai fait part de ma surprise en disant “il ne faut pas parler comme ça !” et le voilà qui me répond en joignant le geste à la parole en répétant “oui, il est trop nul son dab !” et là, je commence à comprendre que nous ne parlons pas la même langue.
Pour moi le dab ou le dabe c’était le Père, la mère, l’oncle ou toute forme d’autorité supérieure : mari (voyez mon retard… machiste), patron, directeur, roi, Dieu, pape, chef, maître, patron du bordel ou tenancier de maison close, souteneur, maquereau, bourgeois… Dans mon dictionnaire de référence, celui du CNRTL, j’ai trouvé :
Dab de la cigogne. Procureur général (cf. Larch. 1880, France 1907, Esn. 1966). On vient me chercher de la part du « dab de la cigogne » (du procureur-général) (Balzac, Splend. et mis.,1847p. 582).
Pour moi, le dab, c’est aussi un acronyme : DAB (Distributeur Automatique de Billets), le Gabier de l’Île de la Réunion parce que dans cette île on ne retire pas de l’argent dans un distributeur automatique, on en retire dans un gabier.
C’est le Crédit Agricle qui, je crois, avait donné ce nom aux distributeurs automatiques de billets, eux parlaient de Guichet Automatique de Banque. Dans une île, les termes de marine sont courants et le GAB est donc devenu le gabier (matelot qui monte dans les hunes pour manœuvrer, visiter et entretenir les voiles, le gréement).
Je reviens à mon angoisse matinale. Mon petit-fils se remuait en faisant un dab. J’avais déjà vu ce geste étrange mais je ne connaissais pas son nom et là j’ai tout découvert.
Le dab est un mouvement chorégraphique (?) consistant à placer simultanément son visage dans le pli du coude, tout en pointant le ciel dans la direction opposée avec les deux bras parallèles. Geste mis à la mode par des footballeurs (mes deux loulous jouent au foot ; oui le garçon et la fille).
Il paraît que c’est un geste lié à la drogue. Je viens d’apprendre un tas de trucs : depuis 2015, le dab est devenu un phénomène interplanétaire repris même par Hillary Clinton (c’est dire jusqu’où fait aller l’envie d’être dans le coup. La bêtise ?).
Un commentaire de cette vidéo a retenu mon attention et m’a fait sourire : “This is why she lost the election” (c’est la raison pour laquelle elle a perdu les élections). Et si c’était vrai… (Je ne comprends toujours rien aux résultats des votes aux USA).
Heureusement que tout va très vite, ce pas de danse serait déjà en voie de ringardisation. Tant mieux parce que côté “classe” et dignjté il y a mieux. Le dab est une pose pour se faire mitrailler en photos, une sorte de figure imposée dans le foot (Paul Pogba), le rap et même le basket. Pour «dabber», c’est simple : il suffit d’incliner la tête dans le creux du coude (un peu comme si on voulait aller se sentir sous le bras) et de tendre l’autre bras dans le même sens. Mouais… c’est surtout une référence à la consommation de drogue, à une manière de planer.
Ça plait encore aux gamins, visiblement. Même en classe, ça se pratique ; il n’y a plus de discipline ni de respect à l’école (dès lors qu’on tutoie les enseignants et qu’on les appelle par leur prénom… moi j’ai toujours été “Madame Vous” en classe). Je ne sais plus où j’ai lu qu’un enseignant avait dit, en janvier dernier : «Dès qu’ils donnent une bonne réponse, ils posent un “dab”… » On ne parle même pas du niveau des questions…
Moi, je vais poser mon ordi et partir faire autre chose en me disant une fois de plus “mais où allons-nous ?”
Bonjour,
Tandis que vous vous promenez “chez moi”, je flâne chez vous.
J’essaie de ne pas être “out of order” bien que mes billets respirent souvent une certaine nostalgie d’une époque plus heureuse.
Mais je vois que nous tenons le cap l’un et l’autre.
Bien cordialement.
Jean-Michel
Ce “laisser-aller” se paiera un jour où l’autre… On commence déjà à le payer avec les deux dernières générations…
J’appelle cela le second effet “mai 68”.
Rien n’est gratuit en ce monde. Rien !
Je ne connaissais pas ce geste et sa signification…
Une mode sans importance comme toutes les modes…
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Je suis comme toi : larguée !
Oserais-je dire “comme d’hab’ ” ???
Les djeunes, je n’en ai plus, … en attendant que ma petite fille “s’y mette” ! 😉
Mais elle a le temps, je préfère qu’elle n’y pense pas.
Bonne fin de semaine.
Grande décision cet après-midi pour établir le protocole de soins.
Bisoux, bisoux, chère françoise
en te lisant, j’ ai pensé au geste d’ usain Bolt après chaque victoire !
Une sorte de défi lancé !
J’ ai aussi pensé à la quenelle qui a valu tant d’ ennuis à Dieudonné !
La société se délite, et ne montre pas le bon exemple à notre jeunesse !
j’ aurais aussi pensé que dab c’ était le père !
IL y a aussi l’ expression comme dab !
Mais là je suis out of order comme toi !
Passe une bonne journée Françoise
bisous
Oui Pierre, tu as raison Usain Bolt “dabbe”, je viens de voir des tas de photos de lui faisant ce geste sur internet.
Bonjour Françoise. Ton article m’a fait sourire. J’ignorais tout de ce dab et j’ai bien aimé le gabier de La Réunion. Il faudra aussi que je me mette à la page mais mes petits-enfants n’ont que 28 et 17 mois… Bonne journée