“Au voleur !” Nous nous laissons plumer sans rien dire la plupart du temps. Les voleurs sont légion chez les humains : du voleur de poules (romanichel) au ministre de droite ou de gauche, en passant par les pires : les banquiers. Il y a des clichés qui ont la vie dure : les Roms et les arabes sont des voleurs. Mais qui contribue à maintenir ces images aussi vivaces ?
Sans aucun doute, nos gouvernements successifs contribuent à construire la figure du délinquant, du voyou, du casseur, à grands renforts de reportages, d’images, de sondages, de statistiques et conférences de presse. En focalisant la délinquance dans les cités, on oublie de parler de la criminalité en col blanc, celle des fraudeurs fiscaux.
Il parait que le fraude coûte entre 30 et 50 milliards chaque année à la France (mais les chiffres varient). En gros 70% sont imputables à la fraude fiscale et 30% à la fraude sociale. Alors pourquoi le gouvernement propose-t-il d’amnistier (partiellement, certes) les fraudeurs fiscaux et dans le même temps, d’alourdir les sanctions contre les fraudeurs aux prestations sociales ? Certes les petits fraudeurs sont plus nombreux (il y a des malins qui arrivent à frauder les organismes sociaux en grand) mais pourquoi deux poids, deux mesures ? Il faut punir les gros bandits plus que les petits, a fortiori quand les délinquants sont des hommes publics.
Moi, j’avoue que je ne cherche plus à comprendre, je pense de plus en plus souvent à cette nuit du 4 août 1789, nuit durant laquelle les députés de l’Assemblée nationale constituante, dans un bel élan d’unanimité, proclamèrent l’abolition des droits féodaux et de divers privilèges. Ce moment de grande ferveur nationale fut suivi d’une période très sanglante. Les révolutions se font rarement avec des fleurs.
Alors punissons nos voleurs, justement, avec équité et bon sens. Celui qui vole pour manger mérité une plus grande clémence que celui qui vole pour amasser toujours davantage d’argent.
Au début de ce billet, j’évoquais les voleurs de poules mais il me revient à l’esprit une expression “voleur comme une pie borgne” ? Pourquoi dit-on pie borgne ?
La pie est un volatile blanc et noir ; avec ses ailes, elle vole mais une autre acception du verbe “voler” peut être utilisée en parlant d’elle. La pie est, parait-il, attirée par les choses qui brillent, choses qu’elle cherche à emporter : des clés, des bijoux. C’est ce qui lui a donné une réputation de voleuse. Hergé s’est servi de cette idée dans un de ses albums “Les bijoux de la Castafiore”. La cantatrice craint en permanence que ses bijoux ne soient volés ; survient le vol d’une émeraude hors de prix. Les Dupond-Dupont enquêtent et accusent tour à tour : Nestor, Irma, les Tziganes que le capitaine Haddock a invités dans sa propriété… Finalement, après moult péripéties et fausses pistes, l’émeraude sera retrouvée par Tintin, presque par hasard, dans le nid d’une pie.
Mais pourquoi entend-on parfois voleur comme une pie borgne ? Pourquoi l’ajout du qualificatif borgne ? Selon Alain Rey, une ancienne coutume consistait à crever un oeil aux pies que l’on voulait dresser à répéter des sons. Reste à trouver pourquoi une pie borgne serait plus habile dans cet exercice qu’une autre ayant ses deux yeux ?
Encore un mystère !
Et pour finir en chanson quand voler était encore une honte :
Cette chanson m’a longtemps terrorisée. Vous ne la trouvez pas glauque, vous ?
Il semble en effet logique que la punition soit proportionnelle au montant volé, mais voilà, le riche connait du monde et surtout, il peut se payer des avocats qui trouveront toujours une erreur de procédure !
C’ est vrai que la pie est attirée par tout ce qui brille, mais aussi la corneille et le geai !
Dans ma jeunesse, je me suis plusieurs fois fâché avec des gens qui avaient crevé les yeux d’ un pinson qu’ ils mettaient dans une toute petite cage, pour l’ obliger à chanter !
Cette chanson laisse imaginer ce que peuvent ressentir ceux qui sont accusé à tort
Bonne journée Françoise
Bisous