Pourquoi les mots n’ont plus la même valeur qu’avant ? Parce que tout devient fumeux ? Peut-être simplement parce que chaque citoyen lambda possède de moins en moins de vocabulaire ? N’oublions pas que la Novlangue (traduction de l’anglais Newspeak, le novlangue, masculin dans la traduction française d’Amélie Audiberti) est la langue officielle d’Océania, inventée par George Orwell pour son roman “1984” (publié en 1949).
Le mot novlangue est depuis passé dans l’usage au féminin par analogie avec langue, lorsqu’il désigne péjorativement un langage destiné à déformer une réalité, hors du contexte du roman.
Le principe est simple : plus on diminue le nombre de mots d’une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir, plus on réduit les finesses du langage, moins les gens sont capables de réfléchir, et plus ils raisonnent à l’affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les gens stupides et dépendants. Ils deviennent des sujets aisément manipulables par les médias de masse tels que la télévision.
Voilà, tout est dit. Nous avons passé le cap de 1984 et l’histoire de George Orwell n’est plus de l’anticipation. Nos gouvernants successifs (et le dernier plus particulièrement) se décarcassent pour nous amener à l’ignorance la plus crasse (L’adjectif “crasse” dont est issue la forme “gras, grasse” vient du latin crassus, qui signifiait « épais, grossier, gras »).
L’orthographe fait pleurer et même la langue parlée est de plus en plus incorrecte, y compris dans les médias. Ce matin, à 9 heures 45, sur RTL Radio, l’animatrice de l’émission a dit “Pourquoi est-ce que les feuilles changent-elles de couleur à l’automne ?” Je suis restée… perplexe. Avais-je bien entendu ?
Le forme interrogative se présente de diverses manières en français. La plus familière est de poser la question sur le modèle sujet + verbe + complément + ?. L’intonation de la voix détermine alors qu’il s’agit d’une question. Exemple : – Tu viendras ?
Une autre forme, plus soutenue, consiste à faire précéder le verbe de est-ce que + sujet + verbe + complément + ? Exemple : – Est-ce que tu viendras ?
Je sais qu’au Québec, on interroge ainsi “tu penses-tu?” employant deux fois le même pronom personnel ; cette forme appartient au registre familier et moi j’aime bien, ce sont nos cousins canadiens qui parlent ainsi. C’est-tu clair ? Mais en France, ça ne passe pas.
La forme la plus soutenue de l’interrogation est celle de l’inversion du sujet. Un trait d’union apparaît entre le verbe et le sujet qui se retrouve alors à droite du verbe : verbe + trait d’union + sujet + complément + ?. Exemple :– Viendras-tu ? Pour des raisons de sonorité, il est possible qu’un trait d’union apparaisse avec la troisième personne du singulier. De même, un accent peut apparaître au présent de l’indicatif lorsque le verbe est terminé par un e. Exemple : – Puissé-je venir
Il est vrai que quand on entend la réponse : « La France, elle est »… , on peut se poser la question : “est-ce un effet de style ou une faute de français ?” Effet de style ? ” Quel est l’effet recherché ? ” aurait dit un de mes collègues préférés qui forma mes filles à l’épreuve de français du bac.
« La France, elle a des atouts… » dit notre cher président François. Langage enfantin pour un discours élyséen. Qui donc écrit les discours ? François lui-même ?
Son prédécesseur, Nicolas Sarkozy,avait été un adepte du redoublement du sujet. Dans son discours d’investiture au congrès de l’UMP en janvier 2007, il déclama utilisant l’anaphore : « La France, elle a 17 ans et le visage de Guy Môquet […] La France, elle a 19 ans et le visage lumineux d’une fille de Lorraine […] La France, elle a 44 ans, le visage ensanglanté de Moulin (…) La France, elle a le visage, l’âge, la voix de tous ceux qui ont cru en elle… » Oui, ça c’était avant.
Le coup de l’anaphore François nous l’a refait « Moi, président de la République ». (On a vu le résultat.) Moi je me demande si Pépère François n’est pas resté coincé dans les années 1970 croyant que la résistance à l’ordre établi passait par le dédain de la langue. Il a oublié qu’il est maintenant président et que l’ordre établi, c’est lui ; il a un autre gros problème : il n’est pas très doué à l’oral. Quand on n’est pas doué pour manier la langue, on se tait. Pour notre malheur, François Hollande choisit de parler.
Mais je m’éloigne, je reviens à RTL du jour et au doublement du sujet ; je pense au titre d’un célèbre film de Jean Yanne, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972), qui livrait une satire du monde médiatique. Anticipation…
Moi je suis restée coincée dans mon métier d’enseignante et je vous ai donné une petite leçon de français. Désolée… Chassez le naturel…
On peut aussi l’appeler langue de bois tant elle ne veut rien dire. Je crois qu’elle ne sert qu’à masquer la pauvreté de vocabulaire….
Chez moi, c’ est devenu un jeu , une compétition avec ma moitié, à qui relèvera le plus de fautes, de pléonasmes, ou même d’ incongruités !
J’ ai entendu hier que des ingénieurs devaient passer un certificat de français, tant il faisaient de fautes !
Que dire, sinon pauvre France qu’ on veut assimiler aux communautés !
Bon dimanche Françoise
Bisous
Moi ? je suis horrifiée à “longueur de journée ” tant par les discours de notre président que par le parler des journalistes . La Télévision est championne en ce domaine….
France, tes valeurs foutent le camp !….et nous avec !!!
Je me suis régalé à te lire…. C’est vrai qu mon français est parfois un peu approximatif !.. mais je ne suis pas notre “grassouillet président”…