Ce soir, des idées en pagaille qui me trottent dans la tête. Rien ne va plus dans mon pays et je crains que tout n’aille de mal en pis. Rien de concret et de sensé, de bon pour le peuple n’est réellement mis en place. On s’agite dans les hautes sphères, on brasse, on bavasse mais les résultats sont piètres. Des annonces se succèdent, des rapiéçages, des colmatages sont faits à la va-vite. Il n’y a pas de projet à long terme clair, on bricole… J’ai envie de dire que depuis des mois on fait “beaucoup de bruit pour rien”.

Beaucoup de bruit pour rien. Tiens la baisse des impôts par exemple !  Vous avez vu quelque chose ? Si l’économie ne redécolle pas, par contre les impôts locaux s’envolent. Paie et tais-toi. Et le projet de loi pour le progrès social de François Rebsamen ? La loi Macron… Du blabla. Des textes dans lesquels on dilue des tas de trucs que l’on espère faire passer en silence, je vous rappelle que l’une des élues réunionnaises, Ericka Bareigts, a tenté de faire accepter la modification des jours fériés et des fêtes. J’en avais parlé dans ce billet-là (clic). Pour satisfaire quelques-uns, pas les plus nombreux mais les plus insistants, on culpabilise les autres et on leur tape dessus en application du principe Shadok. Mais jusqu’à quand les mécontents se tairont-ils ?

Pour en revenir à l’expression “Beaucoup de bruit pour rien” (Much Ado About Nothing), c’est au début le titre d’une comédie de William Shakespeare, publiée en 1600, qui reste à ce jour l’une des comédies les plus populaires de cet auteur.

L’action se déroule à Messine, une ville côtière de Sicile et présente l’histoire de deux couples. Hero et le comte Claudio s’apprêtent à célébrer leur mariage mais des insinuations calomnieuses conduisent Claudio à interrompre la cérémonie. La future mariée s’évanouit, la famille la fait passer pour morte tandis que, dans le même temps, on entreprend de rapprocher un gentilhomme, Benedict, de la nièce du gouverneur, Béatrice, tous deux farouchement opposés au mariage…  Dans cette comédie on s’agite, on rit, on s’affronte, on chante, on frôle le drame – mort, trahison, duel –, on assiste à des manœuvres hypocrites mais à la fin, tout rentre dans l’ordre (établi). Les amoureux qui devaient se marier s’épousent. Pourtant, cette pièce qui semble être une comédie légère, vive et gaie laisse un étrange sentiment : les faux-semblants permanents sont pesants ; l’amour de Claudio n’est qu’un soufflé très vite retombé, la passion qui naît entre Benedict et Béatrice n’est que le fruit d’une mise en scène. En définitive, il y a “Beaucoup de bruit pour rien” et rarement pièce n’aura jamais aussi bien porté son titre.

Pourtant l’histoire est, à mon sens, dramatique, car elle traite du désenchantement du monde ; il est question de désirs, d’envies, de peurs, d’intérêts et surtout d’apparences et de misanthropie. La vie ne serait que le fruit d’une mise en scène comme la politique aujourd’hui : une chose insignifiante peut prendre des proportions excessives grâce aux systèmes et aux moyens de communication. Dans le même temps, on étouffe des scandales et des informations mais ça, c’est un autre sujet.

L’expression “Beaucoup de bruit pour rien” est synonyme de “la montagne a accouché d’une souris”. Combien d’affaires sont ainsi traitées ? Je me souviens que ma grand-mère disait souvent “Ah les politiques, il faut toujours qu’ils “montent tout en épingle” pour faire parler d’eux.

Non, rien n’a changé au contraire. Avec l’aide des média (qui leur sont généralement acquis), les dirigeants nous enfument.

J’ai appris, comme vous sans doute, que quinze immigrés d’origine africaine et de confession musulmane sont accusés d’avoir jeté par-dessus bord douze réfugiés chrétiens en pleine Méditerranée. J’attends l’indignation du gouvernement et de bien d’autres à ce sujet. Elle tarde à venir, non ?

Pourquoi deux poids, deux mesures ? Pourquoi battage et rabâchage de certains sujets et silence sur d’autres ? Qui y trouve intérêt ? Vous avez votre idée ?

Pauvre France !