Depuis la rentrée 2014, tous les élèves « bénéficient » de nouveaux horaires à l’école. Cette organisation inédite du temps scolaire répond avant tout à des “objectifs pédagogiques pour permettre aux enfants de mieux apprendre à l’école : favoriser les apprentissages fondamentaux le matin, au moment où les élèves sont les plus attentifs et bénéficier de 5 matinées au lieu de 4 pour des temps d’apprentissage plus réguliers”. C’est beau dit comme ça, mais quelle est la réalité ?
Une chose est sûre, on se moque complètement des parents, des enfants et des citoyens en général. Au final, qui subit et qui va payer pour cette réforme ? Les communes ont la charge de cette innovation… ou comment l’état se désengage de l’Éducation Nationale et de bien d’autres charges. Nos impôts locaux ne vont pas diminuer demain. Nous serons de plus en plus pressurés à la fois par l’état, les régions, les départements, les communes et les communautés de communes.
À cause de ces nouveaux horaires, les parents ont dû s’organiser à la dernière minute pour la rentrée puisque rien n’était clair avant les vacances (au moins dans l’école où sont scolarisés mes petits-enfants, à l’île de la Réunion). Certains parents sont maintenant désemparés, certains se révoltent (peu) et certains ne réagissent même pas (pour des tas de raisons, en particulier car ils ne travaillent pas et attendent… quoi ? Évidemment que ça s’arrange.)
Les parents qui travaillent doivent se débrouiller… et payer. Eux, ils connaissent depuis longtemps déjà les difficultés à trouver une place en crèche, à trouver une école ; ils connaissent la difficulté pour récupérer leurs enfants à 15h15, pour les faire garder le mercredi, … et maintenant à Saint-Denis de la Réunion, il leur faut aussi “organiser” le samedi matin.
En effet, même si les directives ministérielles préconisaient des cours le mercredi matin, même si les parents se sont exprimés pour des cours le mercredi avec le samedi matin libre, le Recteur d’académie a décidé que ce serait classe le samedi matin à Saint-Denis-de-la-Réunion. (“Cause toujours, je fais ce que j’ai décidé de faire”, a décidé le chef. “Ta gueule !” en plus clair. “Je me fous de vos désirs.” C’est du même acabit que les grandes vacances à La Réunion. On bavasse en haut lieu, on vote, on fait voter les parents quelquefois et les choix sont faits sans concertation réelle. Un grand chef, qui passe, décide.)
Ceci dit, il n’a peut-être pas tort, Monsieur le Recteur, de garder le mercredi libre pour une coupure et éviter de la fatigue aux enfants mais faire déplacer les parents et les enfants pour deux (2) heures le samedi matin de 8 à 10, c’est enquiquiner tout le monde : que fait un professeur des écoles en deux heures avec des enfants de classe maternelle (et même primaire) ? Il faut s’attendre sans doute à un fort taux d’absentéisme ce jour-là.
Le ministère qui prétend alléger les rythmes scolaires en supprimant le repos du mercredi matin énonce une absurdité. Faire lever tôt les enfants le mercredi aussi, cinq jours consécutifs… Privés de cette “coupure” du milieu de semaine, les enfants n’auront plus l’énergie de pratiquer de vraies activités périscolaires de leur choix. Le mercredi de repos permettait de souffler et de faire de la danse, du rugby, d’aller à la plage ou à la piscine.
À qui profitent ces changements, ces réformes ?
À leur auteur dont le nom passera à la postérité ? Nous ne pouvons oublier la réforme Haby qui a offert l’accès au collège au plus grand nombre. Bonne ou mauvaise réforme,je vous laisse le choix de votre opinion. À l’État ? À des maires qui vont encaisser des aides sans offrir d’activités à tous les enfants ? À de nouvelles sociétés de services ? À qui, donc ? Certainement pas aux petits qui sont lâchés encore plus longtemps dans les rues.
Si cette réforme des temps scolaires était réellement faite dans l’intérêt des enfants, pour leur bien être avec des rythmes équilibrés, si cette réforme permettait vraiment de mieux apprendre à l’école, si cette réforme visait véritablement à maintenir l’égalité entre les petits Français pourquoi tant d’oppositions, pourquoi tant de récalcitrants ? Pourquoi tant de questions qui demeurent sans réponses claires quand il y a des problèmes. Un mois après la rentrée, rien n’est encore fait à l’école des Églantines et dans quelques autres.
Personne n’est dupe, il existe de grandes différences d’un quartier à l’autre, d’une commune à l’autre, d’un département à l’autre, d’une région à l’autre.
Notre gouvernement crée des inégalités plus qu’elle n’en efface. Sous prétexte d’aider les plus démunis, il détruit la classe moyenne et encourage une forme de privatisation de l’enseignement, il suffit pour cela de s’intéresser à ce qui devait être le plus de cette réforme : le temps péri-scolaire. Dans certains zones, on pratiquera le théâtre, la danse, voire l’équitation, la musique ailleurs dessin, pâte à modeler ou rien.
Les ministres mentent comme Cahuzac l’a fait en nous regardant droit dans les yeux.
Cette réforme des rythmes scolaires n’ajoute pas seulement une demi-journée dans la semaine, elle devait modifier également le temps de chaque journée en augmentant le temps d’activité périscolaire. Mais encore faudrait-il qu’il existe des activités péri-scolaires.
Dans l’école de mes petits-enfants : rien. Rien aujourd’hui, rien demain, rien à tout jamais sans doute pour la partie « école maternelle ». Les enfants sont mis dehors à 15 heures 15. Dans certains quartiers, c’est même 14 heures 30. Pour la partie « école élémentaire », il y aura une heure d’activité par semaine et par élève, à partir du 3 novembre 2014 soit deux mois et demi après la rentrée.
D’ailleurs, quelles activités dans les écarts de Saint-Denis de la Réunion ? Pour l’heure, mystère ! (En outre, si on ne laisse aucun choix aux enfants pour une activité, il s’agit ni plus ni moins d’une atteinte caractérisée aux libertés individuelles). Ne perdons pas de vue que faute de moyens, les activités périscolaires s’y traduisent le plus souvent par d’interminables séances de coloriage, des garderies confiées à des personnels de fortune totalement incompétents (des situations dangereuses pour nos enfants, non ?).
La mairie forme des encadrants en trois mois, c’est dire comme ils vont être bien formés. (Moi j’ai un peu peur de confier des enfants à ces personnes. Recrutés quand, comment, par qui ? Formés comment et par qui ?) Remplacer le travail de l’instituteur, pardon du professeur des écoles par un animateur, c’est dire le peu de considération qu’on a du travail des enseignants.
Mais au fait, pourquoi certaines communes et en particulier le département de Guyane ont-ils pu bénéficier de dérogations ?
- Parce que La Guyane n’est pas tout-à-fait la France ?
- Le bien-être des enfants guyanais n’a pas la même urgence que celui des petits Français ? (Pour une fois, le gouvernement aurait pu, comme à son habitude, oublier l’île de La Réunion.)
- Est-ce parce que Monsieur Hamon était copain comme cochon avec Madame Taubira ?
- Est-ce parce que notre courageux François a peur de Christiane ?
- Est-ce pour stigmatiser Monsieur Gaudin, maire de Marseille ?
Je trouve que nous affichons les défauts des régimes totalitaires : un matraquage permanent sur tous les médias des belles actions du gouvernement, la mise en valeur des gentils maires obéissants avec leurs belles activités péri-scolaires, la mise en avant des bénévoles actifs dans leur commune pour organiser gracieusement des activités et les attaques virulentes contre les maires qui refusent de se soumettre aux directives faute de moyens financiers.
Mais qu’en est-il du contenu des activités offertes par les bénévoles ?
Et oui, qui va payer les animateurs officiels sinon la commune et/ou les parents ?
Une chose est sûre, elle crée de la pagaille.
J’ai trouvé ce récapitulatif sur internet, je ne sais plus à quelle adresse mais en tapant dans votre moteur de recherche “non à la réforme des rythmes scolaires”, vous avez le choix des images.
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