Autour du pain, près du moulin, du grain, de la farine, il y en a des dictons, des expressions. Un petit tour de celles-ci pour voir… mais la liste n’est pas exhaustive.
A mal enfourner on fait les pains cornus. Quand on s’y prend mal pour faire quelque chose, le résultat ne peut être que décevant.
Un vieux four est plus aisé à chauffer qu’un neuf. (C’est coquin, ça. Pas de doute.) Une femme mûre est plus facile à allumer qu’une jeune ? C’est ça, non ?
Le premier venu engrène. (engrener = emplir de grain). Premier arrivé, premier servi.
Qui fuit la meule fuit la farine : fuir le travail, c’est fuir le profit.
Moulin de çà, moulin de là, Si l’un ne meult, l’autre moudra. Quelqu’un fera le travail à faire, ici ou ailleurs si les moulins ne manquent pas.
Chaque moulin trait (=tire) l‘eau à lui équivaut à «chacun prêche pour sa chapelle».
Il faut tourner le moulin lorsque souffle le vent, comme avec les éoliennes, les orienter ou du moins leurs ailes pour tirer le meilleur profit du vent (ou se cacher pour se protéger).
On ne peut être à la fois au four et au moulin. Pas besoin d’explication. Vous connaissez, moi aussi. Et pourtant, j’aimerai avoir le don d’ubiquité ou des doubles, comme les Sabines de Marcel Aymé, oui l’auteur de «la jument verte», du «passe-muraille». Un rappel, peut-être ? Nouvelle publiée en 1943 dans le recueil “Le Passe-muraille”. Possédant le don d’ubiquité, Dame Scenna se dédouble en épouse de… et de… et de… , bref elle est de plus en plus nombreuse. «Il y avait à Montmartre, dans la rue de l’Abreuvoir, une jeune femme prénommée Sabine, qui possédait le don d’ubiquité. Elle pouvait à son gré se multiplier et se trouver en même temps, de corps et d’esprit, en autant de lieux qu’il lui plaisait souhaiter. Comme elle était mariée et qu’un don si rare n’eût pas manqué d’inquiéter son mari, elle s’était gardée de lui en faire la révélation et ne l’utilisait guère que dans son appartement, aux heures où elle y était seule. »
En four chaud ne croît point d’herbe : un excès de passion peut être nuisible à la réussite. Les histoires d’amour finissent… mal en général d’après Rita Mitsouko. La passion a un côté Attila. Où elle est passée, l’herbe ne repousse pas.
Il vaut mieux aller au moulin qu’au médecin. Grammaticalement incorrect ; on dit au moulin mais chez le médecin. Mouais… ça dépend de ce qu’on doit faire.
Le semer et la moisson ont leur temps et leur saison. Mais, en vain plante et sème qui ne clôt et ne ferme : il faut protéger ses biens et son travail des voleurs et des calamités naturelles (animales et climatiques). Et pourtant, «il ne faut pas laisser de semer par crainte des pigeons» car si l’on craignait sans cesse des événements défavorables, on ne ferait rien.
Qui sème en pleurs Recueille en heur (bon heur ?) signifie qu’une besogne pénible peut s’avérer payante.
Qui sème partout ne récolte nulle part. Il est dangereux de se disperser. Ma grand-mère me disait «qui trop embrasse, mal étreint», ce qui signifie la même chose.
Moisson d’autrui plus belle que la sienne ; c’est normal puisque dès le départ, le pré du voisin était plus vert.
On ne doit pas mettre la faux en autrui blé. Ce n’est pas beau de voler, d’ailleurs «farine du diable retourne en son» ou bien mal acquis ne profite jamais.
Par nuit semble tout blé farine, c’est se dire devant un travail inachevé qu’il est presque fini et réussi.
Chaque grain a sa paille ou pas de rose sans épines !
En voilà déjà une belle collection de dictons, proverbes et autres aphorismes, sentences, maximes… Il y en a encore une multitude comme : Séparer le bon grain de l’ivraie, De mauvais grain, jamais de bon pain, Bonne semence fait bon grain et bons arbres portent bons fruits… Si certaines vous tiennent à cœur avec une explication éventuelle, vous vous doutez bien que je suis preneuse. Ce sera utile une prochaine fois.
Bonne fin de journée et à demain pour les histoires du dimanche.
Bonsoir…
J’aurais plutôt cru que “En four chaud ne croît point d’herbe” signifiait que quand on est dans le feu de l’action, on n’a pas le temps de laisser “pousser des mauvaises herbes” (de se laisser distraire)…
Encore un mythe qui s’effondre… Snifff…
Belle nuit étoilée !
Bonjour Eric,
Elle me convient parfaitement cette explication “quand on est dans le feu de l’action, on n’a pas le temps de laisser distraire”…
Le mythe n’a pas à s’effondrer ; qui aurait l’audace, aujourd’hui, de dire “je détiens seul le savoir absolu” ?
Le propre des dictons et des proverbes, c’est qu’on leur fait dire un peu ce qu’on veut, il suffit de s’entendre sur ce qu’on veut dire… Les mots… quels outils, quelles armes !
Bonne journée et à bientôt.