Hier, je terminais mon article par une citation de Raymond Queneau «Seule mon cul, dit la fillette avec la correction en langage qui lui était habituelle…» La connaissez-vous cette Zazie-là ? Celle du métro, celle qui a un sacré vocabulaire : « Qu’est-ce qu’elle dira ma moman si elle apprenait que tu me laisses insulter par un galapiat, un gougnafier et peut-être même un conducteur du dimanche ?»
Mon très ancien patron chirurgien, en métropole, celui qui tentait de faire concurrence au capitaine Haddock avec ses insultes surprenantes (dont le devenu fameux «pauvre type»), avait dû subir l’influence de Zazie et de Raymond Queneau, son «papa» d’où le gougnafier.
Qu’est-ce qu’un gougnafier me direz-vous ? C’est bel et bien un mot reconnu, ayant eu son entrée au dictionnaire, même s’il est populaire : gougnafier (n. m) incapable, sagouin, goujat, impoli, lourdaud. Individu sans valeur, qui ne sait rien faire de bien.
Et le galapiat ? Pop., vieilli. [Surtout en parlant de jeunes gens] Individu grossier, vaurien. «Ça te regarde, ce que nous disons, petit galapiat», (Marcel Pagnol, Marius).
Comme j’aime les mots, je les pioche dans tous les registres de langage et je les adapte, je préfère souvent le registre familier au registre courant et plus encore au soutenu. C’est une facilité à notre époque mais est-ce rassurant de simplifier autant le langage ? Quelle est aujourd’hui l’étendue du vocabulaire d’un Français moyen de vingt cinq à quarante ans ? Appauvri par rapport à celui des plus âgés ? J’en suis certaine.
Je peux soigner mon langage mais je me souviens que l’on m’a pris pour une poseuse quand je l’ai fait dans mon quartier, puis j’ai parlé plus familièrement pour moultes raisons (toutes meilleures les unes que les autres) et dans ce monde de «poudre aux yeux», j’ai dû passer pour, non pas une demeurée mais pour une illettrée, au point que, un soir, une dame dont je vais taire le nom m’a fait remarquer que je n’avais pas beaucoup de vocabulaire.
Aujourd’hui, entendant ce commentaire, je sourirais et je partirais mais à cette époque, il me fallait toujours répondre. Elle m’a donc entendu lui dire «Je m’adapte à mon auditoire, Madame, j’ai juste le vocabulaire qui convient à votre compréhension». Pas très gentil mais elle m’avait cherché à plusieurs reprises, me demandant si je lisais “OUI, comme vous, les quatrièmes de couverture.” (moi ? Lire ? jamais ! Bien sûr…), si je jouais au bridge, cette fois-là, je lui avais répondu «Non, pas de bridge, «bataille» et «sept familles» seulement.” Vous comprendrez mon goût de la solitude dans ces conditions.
Je reviens à Zazie. C’est fou ça, il faut toujours que je prenne, non pas les chemins de traverse mais, la clé des champs…
Zazie dans le métro est un roman de 1959 écrit par Raymond Queneau. C’est une parodie burlesque au vocabulaire frappant. C’est aussi le premier succès populaire de l’auteur, un roman qui se veut réflexion sur l’identité.
Résumé : Zazie est une petite fille de neuf ans ans aux manières délurées, qui arrive de sa province (le Berry), toute impatiente de découvrir le métro parisien. Son oncle au prénom d’archange, Gabriel l’attend à la gare et lui annonce que le métro est fermé pour cause de grève (une de plus). Grosse déception de Zazie.
Comme il y a grève, Gabriel la jette directement dans un taxi conduit par son ami Charles : direction le café Turandot, au-dessus duquel il vit. Mais il y a grève et quand il y a grève, il arrive alors toutes sortes d’imprévus.
Zazie fait la connaissance de Marcelline, la femme de Gabriel et de divers personnages du café : Turandot, le tenancier, Mado P’tits-Pieds, la serveuse… Zazie est curieuse, un tantinet mal élevée. Elle pose nombre de questions, fouine partout, tend des pièges. Elle est terrible, sans complexe, sûre d’elle, ignore la politesse. Elle ne se contente pas des apparences, elle préfère vérifier, et met à nu le “désordre”.
Le lendemain de son arrivée, Zazie s’enfuit avec l’intention de découvrir le métro. Elle se retrouve au marché aux puces avec un étrange personnage, qui la raccompagne chez son oncle, qui se fait tour à tour passer pour un commerçant, pour un policier, et qui change de nom au fil de l’histoire (Trouscaillon, Aroun Arachide, etc.).
Gabriel et Zazie vont alors voir la tour Eiffel mais aux pieds de celle-ci, Gabriel est embarqué par un groupe de touristes étrangers qui le prennent pour un guide. Zazie finit par retrouver son oncle qui invite le groupe de touristes puis l’ensemble de ses amis à assister au numéro de « danseuse » dans le cabaret homosexuel pour lequel il travaille. Durant la nuit qui suit le spectacle de Gabriel, les personnages finissent par découvrir l’identité multiple et ambiguë de Trouscaillon et s’en vont manger dans un bar, que des forces armées, dirigées par Trouscaillon (alors nommé Aroun Arachide), encerclent. La veuve Mouaque meurt sous les balles, et les autres personnages s’enfuient par les souterrains puis par les conduits du métro grâce à Marceline (devenue Marcel), alors que Zazie s’est endormie dans les bras de Gabriel. Au petit matin, Zazie est rendue à sa mère et elle reprend le train sans même avoir vu les couloirs du métro.
De nombreux thèmes sont traités dans ce roman : le travail, l’amitié, le tourisme, l’homexualité, l’argot…
Voilà comment le titre d’un ouvrage peut vous induire en erreur.
Queneau aurait dû titrer «Pas de métro pour Zazie !» Voilà qui aurait été plus classe, non ?
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Un petit supplément pour renouveler vos insultes façon Capitaine Haddoock?
Moule à gaufres, ectoplasme, Bachi-bouzouk, Bougres de faux jetons à la sauce tartare, Cyrano à quatre pattes, papou des Carpates, Zouave interplanétaire, Bougre d’extrait de cornichon, Jus de poubelle, Bougres d’extrait de crétins des Alpes, traîne-potence, Astronaute d’eau douce…
Mille milliards de sabords, vous devriez être satisfaits, non ?
C’est de mon époque et il y avait même un film avec Zazie dans le métro ! Bon mardi, bisous
Ah qu’il serait bien vilain ce monde sans le bonheur des insultes soignées !
🙂
Amicalement
Je n’arrive pas à aller sur mon blog sans doute que Ob fait des siennes
Mais c’est très facile d’aller sur le tien et aussi c’est très agréable.
Moi aussi j’aime bien les expressions fleuries de notre langue , ça la pimente un peu plus et quand on y réfléchit , tous ces mots-là ont une belle origine.
Le langage de Haddock me surprenait déjà quand j’étais gamin
Encore un joli article
Douce journée ,Françoise
BISOUS
timilo
Coucou Françoise des mots !
Un régal ce bouquin, je m’en souviens pourtant il y a longtemps que je l’ai lu.
Je me dépêche, j’attends Sasha, ma petite fille.
Plein de bises ensoleillées pour toi.
bonjour Françoise, un régal tous ces mots, Zazie il y a bien longtemps, mais tout est remonté à la surface, grâce à toi ! “gougnafier”, nous l’utilisons encore ! il est un petit peu sorti de l’usage courant, dommage ! merci pour ce bel article, bonne journée et bisous
_(¯`v´¯)♥ Coucou, oups pardon Françoise, je ne connais pas…
(¯`(●)´¯) ♥ ♥ Bon mardi
_(_.^._)♥ Gros bisous
j’ utilise souvent le mot béotien !
en essayant de m’ adapter à ceux qui m’ entouraient, donc en utilisant le patois bien de chez nous, je me suis aperçu que je me fragilisais, et perdait toute considération.
j’ en suis donc revenu au langage ” normal” avec quelques mots un peu plus rares, pour éviter toute velléité de controverse.
et il m’ arrive aussi d’ emprunter à Hergé, ces expressions qui n’ ont rien de bien méchant !
bonne journée
bisous
Et bien des gougnafiers, il y en a plus que l’on pense !!!
bonne journée
Jean
j’aime bien ces mots pleins de couleurs,il suffit de les prononcer ,pour voir apparaîtrele personnage. mais toute vérité,n’est pas bonne à dire,alors ,il nous faut les oublier!!!
Tes insultes ont pleines de couleurs et presque agréables à entendre..et on peut certainement en inventer d’autres, il suffit d’un peu d’imagination
Bonne journée Françoise
j’ai adoré comment que tu l’as mouché la tite “mamy” 😀 et pis, pas moi qui te reprendrait sur ta façon de jactationner…
L’étendue du vocabulaire d’un jeune à notre époque ? pas très étendu….C’est dommage, notre langue est riche autant qu’elle est difficile ! Quelques mots suffisent, vulgaires ou non, pour “poser son homme” ! Bourvil racontait cette histoire: “Pour briller en Société, il n’y a pas besoin d’être instruit ni cultivé, il suffit de connaître quelques mots (plutôt savants) qu’on place dans la conversation, et auxquels les gens ne comprennent rien…ça fait bien “…. Tous ces mots, surtout vulgaires maintenant, se dispersent aux quatre vents…et le tour est joué ! D’un gougnafier, vous faites un érudit….
Je vais essayer de ne pas faire comme hier…j’avais posté un commentaire, mais une mauvaise manoeuvre l’a fait disparaître “plus vite que l’éclair” ! Trop fatiguée, je n’ai pas voulu recommencer.
Un livre que j’ai adoré en grande fan de Queneau que je suis !
A bientôt et encore merci de votre visite sur mon blog.
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