Après les requins, l’incendie. Les nouveaux ennuis de la Réunion ravivent dans mon esprit le souvenir d’une expression : tomber de Charybde en Scylla ? C’est une expression française qui tombe (elle aussi) malheureusement en désuétude. Dommage, moi je l’aimais bien ; à cause de la légende sans doute.
Tomber de Charybde en Scylla, c’est aller de mal en pis, passer d’une difficulté à une autre, souvent pire que la précédente, échapper à un danger pour tomber sur un autre bien plus grand.
Dans la mythologie grecque, Charybde et Scylla sont deux monstres marins qui ont donné leur nom respectivement à deux dangers maritimes, situés entre l’Italie et la Sicile : le tourbillon du détroit de Messine et un récif très dangereux du même détroit. Ainsi lorsque l’on évite Charybde et sa tourmente, on “tombe” immanquablement sur Scylla et son dangereux écueil.
Un peu de légende :
Charybde, fille de Poséidon et de Gaïa (la Terre), affamée, dévora une partie du troupeau d’Hercule. Pour punition elle fut foudroyée par Zeus et changée en un gouffre marin. Elle pouvait ainsi assouvir son insatiable appétit en engloutissant (et en régurgitant) trois fois par jour, mer, poissons, bateaux et équipages. Elle avala notamment le navire d’Ulysse pendant son long voyage.
Scylla était une magnifique nymphe qui avait repoussé les avances de Glaucos, un dieu marin. Fou d’amour, ce dernier consulta la magicienne Circé (elle aussi en relation avec Ulysse, vous souvenez-vous de l’histoire des pourceaux ?) pour se procurer un philtre d’amour. Mais Circé, jalouse, donna à la malheureuse nymphe une potion qui la changea en un monstre gigantesque flanqué d’une horde de chiens et de serpents. Elle avait douze pieds difformes, six cous immenses au bout desquels s’agitaient six têtes effroyables munies de terribles dents. Désespérée Scylla se précipita dans la mer terrorisant et dévorant, depuis ce jour, les marins et les animaux.
Les navires qui passaient dans ce dangereux détroit, pour éviter les tourbillons de Charybde, risquaient de tomber sur les redoutables écueils de Scylla. Ah les difficultés de la navigation !
Jean de la Fontaine a utilisé cette expression dans la fable peu connue “la vieille et les deux servantes”. Il conte l’histoire de deux servantes qui, étant dérangées dès le chant du coq par leur patronne, crurent bon d’égorger l’animal. Hélas, une fois l’animal passé de vie à trépas, la vieille, craignant de louper l’heure du réveil, n’arrêtait plus de les déranger. “En résumé : de plus en plus pire”.
Comment est-ce que ça s’est passé après la chute du Shah d’Iran ? Vous souvenez-vous ? La Tunisie ne risque-t-elle pas de revivre le scénario de la révolution iranienne de 1979 ? L’opposant au Shah, l’ayatollah Khomeyni, réfugié longtemps en France, était revenu au pays en libérateur, grâce à son aura, mais aussi à ses alliances avec les forces laïques et démocrate. Puis arrivé au pouvoir, il avait imposé un État islamique chiite avec les conséquences que l’on sait. Je vous conseille de voir “Persepolis” le dessin animé qui irrite Téhéran. Cliquez sur le titre pour voir la bande-annonce du film.
Et maintenant, après la chute de Khadafi, de Ben Ali et des autres… printemps de la liberté ou printemps islamiste ?
Je vois que la Réunion subit les foudres de Jupiter ,
Quand le feu ravage une région aussi belle , cela fait mal au coeur , espérons que les pompiers arriveront à l’éteindre
Sinon , moi aussi j’aime ces anciennes expressions peu utilisées mais si imagées pour celui qui connaît , mais les connaissances se réduisent comme une peau de chagrin .
Le printemps arabe , j’espère qu’il ne débouchera sur un hiver rigoureux ,
Douce et agréable journée, Françoise
Bisous
timilo
salut françoise , merci de ta visite sur mon blog, bonne journée, a+
Je pense comme toi, chère Françoise, que ce n’est pas gagné pour les pays arabes !
Les islamistes purs et durs ont de plus en plus de poids partout et cela m’inquiète.
Tant qu’une religion est modérée, cela va, mais dès qu’elle tombe dans l’extrémisme, elle devient très dangereuse.
Quant à la Réunion, elle se remettra sûrement de cette affreuse blessure mais dans combien de temps ?et la faune, elle, aura payé le prix fort.
Bonne journée malgré tout cela et bisous.
En Tunisie, je suppose que nombreuses femmes ont voté pour le parti islamiste. Le peuple est souverain. Il est vrai que de jolies Tunisiennes, maquillées et moulées dans leurs vêtements, avouaient que des pressions avaient déjà commencé pour que les filles se montrent plus discrètes, plus dociles. Que leurs coiffures suscitent des regards sévères. “A peine libérées, elles se plaignent déjà” notait avec ironie le Canard Enchaîné de la semaine dernière. Elles ont raison ces femmes d’être inquiètes de cette charia : autoriser la polygamie, obliger les femmes à porter le voile et pourquoi pas lyncher des infidèles et couper des mains… A Paris, samedi 6 novembre a lieu une manifestation sur les violences faites aux femmes. J’espère que beaucoup de ces femmes et d’autres défileront. J’y serai. Faut pas charia ! Amicalement. Pimprenelle.
Merci de rectifier : la manifestation contre les violences faites aux femmes est le 5 novembre 2011, à 14h30, à la Bastille (métro 1, 5, 8). Pimprenelle.
une expression qu’ on emploie sans forcément en connaitre l’ origine, tout comme la portion congrue !
Merci donc pour ces précisions.
en ce qui concerne le fameux ” printemps ” arabe, je reste persuadé que ce sont les extrémistes islamistes qui ont manoeuvré en sous main, ce qui fait qu’ effectivement ces pays pourraient bien tomber de Charybde en Scylla !
bonne journée
bisous
J’adore les contes et légendes mythologiques !
Pour ce qu’il m’est donné d’en voir, les femmes musulmanes n’ont pas l’air si maltraitées que ça au Maroc. Bien sûr il y a des abrutis partout, et ce n’est l’apanage ni d’un pays, ni d’une religion ! En Tunisie… je constate avec amertume quel usage est fait de la liberté enfin recouvrée !
J’adore les légendes … car c’est toujours assez farfelu !…)
Je te remercie pour ta visite sympa sur mon blog et tes gentils mots d’esprits qui m’ont bien fait rire !…
Bonne soirée.)
Salut Françoise
belle et vieille expression que dans le temps on ne pouvait pas ignorer en Italie puisque l’Odissée était toujours au programme à un moment donné des études.
voici ces vers du chant 12
Navigavamo addolorati intanto
Per l’angusto sentier: Scilla da un lato,
Dall’altro era l’orribile Cariddi,
Che del mare inghiottia l’onde spumose
Il faut dire que cet endroit du détroit de Messine, même par temps calme, fait assez peur!
Bonne nuit
Antonio
Je ne connais pas ce coin d’Italie, ni de la mer Méditerranée sauf par les photos et les histoires que l’on raconte. Je ne désespère pas d’y aller un jour.
Je vous donne une traduction (libre, adaptée) du texte italien d’Antonio :
Nous naviguions, à ce moment, inquiets dans ce passage étroit: Scylla d’un côté, de l’autre c’était l’horrible Charybde, aux flots écumeux de la mer goulue.
Si quelqu’un voit un contresens énorme, j’accepte les modifications.