Symbolique du rouge

Au risque de me répéter, je reviens sur la symbolique du rouge.

Rouge : l’interdit !

J’aime le rouge, dommage que ce soit pour signaler dangers et interdits qu’il soit tant utilisé. Je préfère le côté festif, glorieux, luxueux de cette couleur (le Champagne Cordon Rouge par exemple).

Le rouge donc est la couleur “symbole” des panneaux d’interdiction, comme le «sens interdit» ou  le «stop».

Le feu rouge allumé, c’est interdiction de passer, de traverser. Les feux tricolores (vert, orange, rouge) au code couleur bien établi sont fréquemment implantés près de points dangereux de la circulation.

Le feu rouge clignotant est utilisé aux abords d’un passage à niveau et des zones dangereuses de passage d’avion à côté des aéroports.

Les feux de position rouges d’un véhicule indiquent l’arrière dudit véhicule.

Sur les avions et les bateaux, la lampe rouge indique babord alors que le tribord est éclairé de vert.

Le rouge, c’est le danger . Attention, le téléphone rouge, l’alerte rouge…

L’alerte rouge est le troisième et plus haut niveau d’alerte en cas de prévision d’intempérie, de cyclone sous les tropiques, par Météo France. Les alertes sont successivement : vigilance cyclonique, alerte orange, alerte rouge à la Réunion en remplacement des alertes 1,2 et 3. En alerte rouge, il est absolument interdit de sortir.

Rouge, c’est également le plus haut niveau d’alerte du Plan Vigipirate après le niveau “écarlate” (qui est déjà un rouge vif).

Lampe rouge : elle est utilisée dans de nombreux usages professionnels, notamment au-dessus de la porte d’un studio d’enregistrement pour indiquer qu’une prise de son ou un enregistrement est en cours.

Le rouge c’est une couleur qui attire l’œil, le rouge sert donc à alerter et  à prévenir : rouge des camions pompiers en plus de leur sirène.Il sanctionne : carton rouge lors des matchs, stylo rouge du professeur.

Il attire l’attention : la Croix Rouge, le Croissant Rouge, ce qui tend à prouver que ce code couleur du rouge est international.

Une petite pastille rouge placée en son milieu indique le robinet d’eau chaude (en opposition au bleu pour l’eau froide). Autrefois réalisée en céramique ou en porcelaine, c’est aujourd’hui une petite capsule en plastique.

La lumière rouge utilisée pour éclairer une chambre noire. Lorsqu’on développe en noir et blanc, les émulsions dites orthochromatiques sont très peu sensibles au rouge, ainsi un éclairage rouge modéré permet de voir ce que l’on fait sans risquer de voiler le papier photo. On dit de cette lumière qu’elle est «inactinique», elle est valable seulement pour les tirages en noir et blanc.

Dans le code de couleurs des résistances électriques et des condensateurs, la couleur rouge correspond au chiffre 2, au multiplicateur x100, à une précision de 2 % et à un coefficient de température de 50 ppm.

Le rouge et le noir concernent non seulement Stendhal et Jeanne Mas mais aussi les casinos. À la roulette, les 18 numéros rouges en opposition aux 18 numéros noirs. Dans les jeux de cartes, la couleur rouge est celle des cœurs et des carreaux, en opposition aux piques et trèfles qui sont noirs.Rouge, c’est aussi la couleur du bouchon des bouteilles de lait entier (bleu pour le lait demi-écrémé et vert pour l’écrémé).

Il apparaît que la couleur rouge a un effet excitant, que ce soit dû à sa symbolique ou à sa visibilité. Cela explique vraisemblablement la couleur rouge de la muleta (cape) dans une corrida (beurk, dirait Chantou), qu’utilise le matador au cours de la faena (travail). Ceci dit, les images et affiches de corridas que j’ai pu voir dans les rues des villes du sud de la France montrent des muletas rose fluo (ça passe mieux à la télé ?). Or, le rouge, contrairement à une idée reçue, n’excite pas le taureau, qui ne la voit pas (le taureau est très peu sensible aux couleurs comme d’ailleurs la plupart des vertébrés). Il semblerait plutôt que l’utilisation de cette couleur permet de limiter aux yeux du public la vision du sang dû aux blessures du taureau (c’est pas beau, la boucherie en direct).

Selon une étude récente, les vêtements rouges augmenteraient les performances dans les sports de combat. A quand les kimonos rouges ?

Une étude montre que les voitures rouges ont plus d’accidents que les autres (souvent des jeunes sont au volant de ces véhicules rouges) ; une autre étude montre le contraire. Allez comprendre. La police arrêterait plus souvent les voitures rouges, ce que je conteste. Je me suis fait arrêter un maximum de fois avec une voiture grise (2 fois en 20 minutes et à une certaine période une fois par mois : contrôles ! Ah bon ? Je devrais d’ailleurs faire un article là-dessus).

Sur 6 personnages identiques chez LEGO, à la couleur près le rouge a toujours les meilleures ventes.

Le tapis rouge est généralement déployé à l’entrée de bâtiments à connotation luxueuse (hôtels, palaces, festivals : Cannes par exemple). Il sert à marquer l’accueil de personnalités ou de clients « haut de gamme ».

La Ceinture rouge est le grade le plus élevé dans le judo et le karaté, correspondant aux 9e et 10e dan : (9° dan : Hanshi, maîtrises intérieure et extérieure unifiées ; le 10° dan est même appelé Keijin, trésor vivant), avant la ceinture blanche large, grade symbolisant l’accomplissement définitif du combattant.

Je crois avoir fait le tour pour la symbolique du rouge.

Y a-t-il quelque chose à ajouter ?

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Enfants…

Comme tout le monde est en congé, aujourd’hui, je serai brève. Juste un clin d’oeil.

Il faut faire des enfants quand on est vieux, parce qu’on ne les  emmerde pas longtemps.  Jean Yanne

 

C’est très curieux : ce sont toujours les célibataires qui vous donnent des conseils pour élever des enfants.Paul Claudel


Un enfant prodige, c’est un enfant dont les parents ont beaucoup d’imagination. Jean Cocteau



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Le vrai goût de la liberté

Je lâche le rouge un moment. Ca fait un peu poivrote d’écrire ça mais j’assume, moi qui carbure plutôt à l’eau et au coca. Et même que maintenant je vais chanter avec Boris Vian :

Je bois

N’importe quel jaja

Pourvu qu’il fasse ses douze degrés cinq

je bois

La pire des vinasses

C’est dégueulasse, mais ça fait passer l’temps.

(Boris Vian, Je bois,)

Drôle de vie ! Ah, ces artistes !

J’ai retrouvé un poème sans ponctuation ou presque. dont l’auteur est Boris Vian. Encore un que j’aime comme Baudelaire ou Roda-Gil. Vian : bizarre, créatif, poète…

Voilà les vers (pas verts, ni verres du jour)

L’évadé ou le temps de vivre, ou encore un vrai goût de liberté.

L’évadé
Il a dévalé la colline
Ses pieds faisaient rouler des pierres
Là-haut, entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie
Il respirait l’odeur des arbres
De tout son corps comme une forge
La lumière l’accompagnait
Et lui faisait danser son ombre
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil
Les canons d’acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l’eau
Il y a plongé son visage
Il riait de joie, il a bu
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il s’est relevé pour sauter
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L’a foudroyé sur l’autre rive
Le sang et l’eau se sont mêlés
Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil
Le temps de rire aux assassins
Le temps d’atteindre l’autre rive
Le temps de courir vers la femme
Il avait eu le temps de vivre.

 

Boris VIAN, Chansons et poèmes

Ce poème “Le temps de vivre” a été écrit, tout comme « Le déserteur », bien plus connu, en février 1954. Le thème de ces deux textes se rapproche d’un autre poème écrit en 1952 : “Je voudrais pas crever”, publié à titre posthume, en 1962  et chanté par Serge Reggiani.  Cliquez sur le titre, au dessus  (J’écoute, et ça y est : des larmes, toujours).

Les idées exprimées par Boris Vian dans ces trois poèmes (tous les trois ont été mis en musique) tournent autour des plaisirs simples (boire à ce ruisseau), plus exotiques (voir les singes à cul nu dévoreurs de tropiques) ou même quelquefois plus étranges (les coinstots bizarres) que l’on peut trouver à vivre, et de l’inéluctable condamnation à mort, naturelle ou plus ou moins violente et à plus ou moins brève échéance..

Il faut se souvenir que Boris Vian, comme bon nombre de ses contemporains, était antimilitariste ; c’était tout juste après le Deuxième guerre Mondiale, pendant la guerre d’Indochine, au moment des guerres d’indépendance (Maroc, Tunisie et Algérie, la plus terrible des trois). Savoir ce qui s’était passé en Allemagne, en Pologne, au Japon et un peu partout à travers le monde avait rendu pacifiste une grande partie de la jeunesse.

Le Carpe Diem des latins, repris par Ronsard, est une nouvelle fois mis en exergue : la vie est un bien précieux qui peut nous être enlevé à tout instant, il faut donc profiter au mieux que chaque petit détail : un sourire, un rayon de soleil, une main tendue.

Boris Vian savait-il qu’il était malade ? Sans aucun doute. C’est pour cette raison qu’il nous encourage à profiter de l’instant présent et à nous révolter contre l’ordre établi. Si les gouvernants ainsi que leurs représentants détiennent le droit de vie et de mort sur la population, chaque citoyen peut se rebeller : déserter, s’évader au propre et au figuré.

Nous avons conscience que nous sommes tous condamnés à mort à plus ou moins long terme mais nous n’avons pas forcément conscience de la brièveté potentielle de certaines vies et de la fulgurance de la fin, inattendue ou non avec un départ immédiat ou différé. Ce qui compte, c’est d’avoir le temps d’accomplir ce que l’on souhaite et de profiter un peu de la vie. Sans brûler la chandelle par les deux bouts, il ne faut pas remettre au lendemain le bonheur qui peut se saisir maintenant. Carpe diem !

Le personnage de ce poème peut être un évadé de guerre, un prisonnier de droit commun, un prisonnier politique, un petit voyou et pourquoi pas un tueur ? La peine de mort était toujours en vigueur en ce temps-là et on peut donc imaginer que l’évadé était condamné à mort, à perpétuité ou du moins à une lourde peine (on était bien généreux en condamnation à cette époque). L’évadé a conscience que, de toute façon, maintenant qu’il s’est échappé il va mourir. Pour une peccadille, il pourrait s’arrêter de fuir, de courir, mais si on le rattrape la peine va croître, alors quitte à mourir, autant mourir heureux, en liberté. Mourir en prison, en attendant dans le couloir ou l’antichambre de la mort, ou mourir en s’échappant, le choix est vite fait.

La liberté, liberté d’aller et venir, de courir, de ne pas être enfermé, de pouvoir faire ce que l’on souhaite, des petites choses toutes simples (courir, regarder, respirer , boire l’eau du ruisseau), cette liberté là n’a pas de prix. Je suis prêt à sacrifier ma vie pour être libre, c’est ce que disent l’évadé et le déserteur qui ne se battront même pas et attendront la balle funeste qui mettra fin à leur vie.

Quand on sait que la fin est proche, le goût est plus intense.

 

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