La laïcité est un concept étroitement lié à celui de la liberté d’expression et d’opinion. Il est permis à chacun de pratiquer la religion de son choix ou de ne pas en pratiquer du tout, tant que ce choix ne va pas à l’encontre des droits d’autrui et de l’organisation sociale.
Il faut se souvenir que cette liberté est limitée par la loi dans certains cas, notamment pour les fonctionnaires en service qui n’ont pas le droit de porter de signe religieux.
Il faut se souvenir aussi, que dans les années 60, en France, selon le principe de la laïcité, il était interdit aux élèves de porter une simple médaille religieuse dans une école publique et laïque. Nous ne parlions même pas de voile !
Parenthèse pour un vieux souvenir : 1959, cours préparatoire, école Berriat, Grenoble. Je me souviens que le lundi matin, l’institutrice (qui n’était pas encore “professeur des écoles”), inspectait attentivement chacune de ses ouailles : cheveux, sous-vêtements et mains. Tout devait être astiqué, garanti sans pou et sans odeur. Je reviendrai sans doute un jour sur les avantages et les inconvénients de pareille inspection. Si une malheureuse élève avait oublié d’ôter sa médaille à la fin de la journée de dimanche (jour du Seigneur ; Dieu avait dû recevoir sa visite hebdomadaire à l’église), l’institutrice enlevait l’objet tabou “confisqué jusqu’à 11 heures” (heure de libération matinale).
Il y a quelques années, la France, plus tolérante, ou plus laxiste, a accepté un voile réduit sans réagir. Le voile s’est agrandi… A la Réunion, quand un abus est manifeste, on dit “donne un pied, y prend un carreau”, en métropole c’est, “tu donnes la main, il te prend le bras”. On voit où cela mène.
Revenons à ce voile.
Si l’on choisit de vivre dans un pays, on doit s’intégrer à la population de ce pays, respecter ses lois et ses coutumes. Il ne s’agit pas de renier ses convictions, mais il faut s’adapter. Jusqu’à présent, la Réunion était le modèle de la tolérance et de l’intégration, se côtoyaient sans heurt Indiens soit hindouistes (Malbars) soit musulmans (Zarabes), Chinois chrétiens et bouddhistes, créoles, « zoreilles », etc. On voyait de temps à autre sortir saris, hijabs, niqabs ou qipaos., pour les fêtes communautaires. Au quotidien, les tenues étaient quelconques, rien ne distinguait les membres d’une communauté des membres d’une autre communauté. Les années 1990 ont vu des changements : le communautarisme et le voile sont apparus. Pour moi, tout cela relève de la théâtralisation, du déguisement, de l’intégrisme, du fanatisme.
Je crois que les femmes juives orthodoxes se couvrent aussi les cheveux avec un voile pour les sépharades ou avec une perruque pour les ashkenazes (ou l’inverse). Elles portent, en France, le plus généralement une perruque afin de ne pas choquer leur entourage et je crois même que les femmes mariées se rasent la tête. Est-ce parce que les Juifs ont été persécutés pendant des siècles qu’ils ont compris la nécessité de s’intégrer en se montrant discrets. Que je sache, ils ont gardé leur foi et pratiquent leur culte. Ils sont libres de le faire. Il y a bien quelques farfelus déguisés façon Rabbi Jacob mais je ne les entends pas beaucoup se plaindre. Il n’en va pas de même avec les foulards ou voiles islamiques.
Le voile intégral se rattache à l’Islam intégriste. Je ne connais pas plus l’Islam que le Judaïsme : je suis une républicaine, française, laïque ; les religions existent, sont tolérées mais ne doivent pas gêner la vie publique.
Quand il s’agit de ce voile intégral, ce n’est pas de liberté des femmes dont on parle (si certaines sont contraintes, d’autres font ce choix librement) mais de respect de la loi française : pas de signe manifeste d’appartenance religieuse ou politique selon le principe laïc français.
Si nous sommes bien dans un pays laïc et que la loi est faite pour garantir la liberté et la sécurité de chacun, on doit distinguer les moments de vie privée et de vie publique.
Sous le voile peut se cacher n’importe qui ou n’importe quoi. A l’époque du “tout sécuritaire”, ce n’est pas possible. A la mairie, à la Préfecture ou à la sortie de l’école… à chaque endroit où l’on doit être identifié, le voile ne doit pas exister.
Ne laissons pas des lois nouvelles et stupides s’installer. Demandons aux Français de toutes origines et aux immigrés de toutes confessions de respecter nos lois existantes : tenue laïque. Sans en arriver aux costumes uniformes de la Chine populaire des années 50 qui obligeaient tous les Chinois à être tous sur le même modèle, on devrait réussir à trouver un terrain d’entente (l’uniforme à l’école simplifierait déjà bien des choses ou simplement une blouse).
Les cheveux cachés pourquoi pas ? Mais pas le visage ! Pas tous les jours, pas dans la rue.
ll n’est pas nécessaire de légiférer à nouveau et de décider de mettre des amendes aux montants farfelus que personne ne pourra payer et personne n’osera donner. Il faut faire respecter les lois existantes. Soyez raisonnables, vous les élus, vous les politiciens, réfléchissez vraiment : comment une femme voilée de force pourrait-elle dire qu’elle a été contrainte ?
Des amendes, oui pourquoi pas ? mais raisonnables. Au bout d’un certain nombre d’infractions constatées, d’amendes payées, il faudra bien que quelqu’un cède. Les mesures de pression existent. Elles sont financières : suppression des avantages légaux si l’on ne respecte pas la loi (RMI, RSA, allocations en tout genre…)
On parlait de bannissement jadis : « quand on ne respecte pas la loi, on ne peut se mettre sous sa protection. » Plus prosaïquement, on ne peut pas avoir, le beurre, l’argent du beurre et la crémière par dessus le marché.
Soyons républicains, respectueux des règles communes. Il s’agit de concilier les principes de la séparation de l’Etat et des Eglises avec la Déclaration des droits de l’Homme.
Chaque religion a droit a une égalité d’honneurs, mais cette égalité a sa contrepartie dans une soumission au droit commun. (cf plus haut le bannissement).
Je suis un peu gênée d’écrire cela, mais au fond, ce n’est peut-être pas si incorrect de dire “La France, on l’aime ou on la quitte”.
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Je ne prends pas partie mais je voudrais dire que je suis née dans une famille dont les 4 grands-parents étaient de nationalités différentes et de religions différentes…aucun problème jamais…chacun respectait l’autre…J’étais institutrice durant 25 ans en Alsace région sous Concordat. Pour être titulaire d’un poste et ceci jusqu’à ce que le Président Giscard d’Estaing enlève cette clause il fallait être catholique ou protestant. Une heure de catéchisme par semaine et si le curé ou le pasteur n’était pas disponible c’était l’enseignant qui s’y collait jusqu’à la loi de 1978. Au fond de ma classe il y avait un crucifix…cela dérangeait personne…mes élèves et moi même avions des médailles différentes selon la religion… J’ai quitté ma classe dans les années 80 le crucifix était toujours accroché, une décoration comme une autre… dans ma famille, à Noël, juifs, catholiques et protestants chantaient mon beau sapin. J’ai épousé un divorcé dont le père était américain (la branche américaine a encore d’autres pratiques religieuses), un de mes frères a épousé une catholique et l’autre une protestante…le mélange continue…
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